Lisez Le Syndrome de Tarzan en ligne !

Suite au confinement occasionné par le Coronavirus, Pascale publiera chaque jour une ou plusieurs pages de son BEST-SELLER !

syndrometarzan340px

À tous ceux qui m’ont fait souffrir.
Ils se reconnaîtront.
Grâce à eux, j’aime ce que je suis aujourd’hui.

À ma fille, Cassandre. 

 

Table des matières
PRÉFACE.. 7

AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA! 8

PREMIÈRE PARTIE
Le syndrome de Tarzan

Le syndrome de Tarzan et vous. 10
La dépendance affective se joue par équipe de deux: le Desperado et le Trou noir affectif. 10
Tu verras, quand tu seras grand, tu ne seras plus dépendant 15
Quoi qu’il arrive, vous tombez toujours sur la personne idéale! 16
PNL et programmations, vous connaissez?. 20
Comment je suis devenue adoratrice de Tarzan. 23
L’intention positive de votre tortionnaire. 25
Moi, Pascale Piquet, ancienne joueuse des Desperados. 32
Dans quelle équipe jouez-vous?. 41
Les névroses ont leurs raisons que la raison ignore. 43
À mort les Sacrifices, Concessions et autres Compromis! (SCC) 45
Vous essayez désespérément de rendre heureux quelqu’un qui ne peut désespérément pas l’être. 48
Vous n’êtes pas responsable de ceux que vous apprivoisez! 52
Une nouvelle relation, c’est comme le tableau de bord d’un avion. 54
Vous avez convolé avec un Desperado. 57
Vous voilà lié à un Trou noir affectif. 58
Vous ne pouvez pas être le psychothérapeute de votre (futur) conjoint 62
Madame Desperado est prédisposée à la simulation et Monsieur Desperado, à l’abolition du sexe. 63
Madame Trou noir affectif contrôle par le sexe, pendant que Monsieur Trou noir affectif
se croit dans un libre-service. 65
Devinez qui vous dénigrez en critiquant votre conjoint?. 67
Tu ne me fais plus souffrir, je te quitte! 68
Comment vous débarrasser d’un fan de Tarzan?. 74
«Y m’fout des coups, mais je l’aime». 76
Enfin débarrassé! Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?. 85
Pardonner n’implique pas de garder contact: ce serait de la gourmandise! 86
Pousse ta brouette et tais-toi! 89
Choisir la personne idéale, ce n’est pas une tombola. C’est une stratégie! 90
Je te veux et je t’aurai! 96
Le billard à trois bandes: plus facile dans la vie que sur une table! 102
Le célibat ou la sagesse d’attendre la bonne personne. 103
Tarzan est partout! 106
Ma vie après Tarzan. 110
Un couple, c’est mathématique! 113
Amour ou dépendance affective? Où est-ce que ça vous fait mal?. 118
Faites monter les enchères: vous valez mieux que ça! 119
Des envies de changement? Les solutions sont en vous! 121
Comment vaincre Tarzan sur son propre terrain. 121
Vous savez ce que vous ne voulez plus? Parfait. Que voulez-vous maintenant?. 123
Démasquez vos peurs. 124
Le désir de la peur ou la peur du désir 126
Une peur = un message! 129
Aimez-vous, avant que quelqu’un le fasse à votre place! 129
Il est temps de savoir ce que vous ferez quand vous serez grand! 130
Le coaching: l’art et la manière de vous sortir de là! 132

 

DEUXIÈME PARTIE
La voie de la paix: la voie du guerrier

«Si vis pacem, para bellum» (Végèce) 136
Charité bien ordonnée commence par vous-même. 142
Crois et croîs en toi 145
Vous ne serez jamais si bien servi que par vous-même! 147
Le pouvoir suprême: vous reconnaître vous-même. 148
Rester centré et aligné? Élémentaire, mon cher Watson! 153
Oui/non, non/oui ou non/non?. 154
Économisez votre énergie: lâchez prise! 155
Un bon objectif? Au hasard: le bonheur! 158
L’anti-frustration? La motivation! 160
L’intuition ou comment débrancher la raison. 161
Les émotions négatives: ça fait du bien quand ça s’arrête! 165
Attention, je vais me fâcher! (la colère) 168
Vos démons: des anges qui veillent sur vous. 173
La fourchette et le canot pneumatique (le doute) 174
Accusé, levez-vous: vous n’êtes pas coupable… Vous êtes responsable! 176
Instabilité et peur de l’engagement ou détermination à trouver le bonheur?. 178
Les peurs: elles vous paralysent au moment même où vous devriez bouger! 180
Souvenez-vous: seul celui qui a peur peut être courageux. 183
Face au jugement et à la critique: faites de vous un vide où s’abîme l’attaque. 185
Pleurez autant que vous voulez: quand vous en rirez, vous serez guéri! 190
«Nos vrais plaisirs consistent dans le libre usage de nous-mêmes» (Buffon) 192
N’attendez pas un miracle: le miracle, c’est vous! 193

 

TROISIÈME PARTIE
Les relations hommes/femmes:
faites l’amour, pas la guerre!

L’homme qui ne va plus à la chasse… perd sa place! 198
L’homme et la femme: des êtres complémentaires. Pas des adversaires! 200
La galanterie doit-elle être sévèrement punie?. 204
Faut-il pendre les hommes qui regardent les femmes sexy?. 206
Vive les Amazones! 207
Yin et Yang ne sont plus ce qu’ils étaient! 209
La dominatrice et l’égalité. 210
Prends-moi, je t’appartiens! Femme ou objet?. 212
Vous resterez fidèles jusqu’à ce que l’adultère vous sépare! 213
Un jour, vous remercierez l’amant ou la maîtresse de votre conjoint(e) 214
La dépendance des femmes indépendantes. 214
La jalousie ou comment clamer votre manque de confiance en vous. 217
Il n’y a pas d’erreur, il n’y a que des expériences profitables. 219
Au diable les complexes des deux sexes! 220
Un des secrets pour rapprocher l’homme et la femme: la confiance en soi et en l’autre. 224
Que les hommes et les femmes désireux de fonder  un couple heureux portent un signe
distinctif pour se reconnaître! 226
Le pari de Pascal 227

 

PRÉFACE

 

Sortie de l’enfer de la dépendance affective, je suis enfin au paradis!

C’est avec plaisir que je souhaite vous faire partager mon expérience et mes réflexions sur la vie d’aujourd’hui. Peut-être que vos relations avec les autres, et surtout avec vous-même, s’en trouveront améliorées. Et si je ne détiens pas la vérité, je vous encourage tout de même à éviter le pire, pour vivre le meilleur. C’est possible, puisque je l’ai fait.

Avant de commencer la lecture, amusez-vous à ouvrir le livre à n’importe quelle page et lisez ce qui vous tombe sous les yeux: vous serez surpris de constater que c’est la réponse à une question que vous vous posez actuellement. Allez-y, essayez!

Bienvenue dans la jungle de mes pensées!

***

Voici le moment où je mets à jour cet ouvrage, huit ans après la parution de la première version du «Syndrome de Tarzan».

Impressionnant de constater que ce livre continue sa route, connaissant un succès international grandissant: lecteurs et lectrices découvrent qu’ils ne sont pas fous, que ce dont ils sont frappés s’appelle la dépendance affective et qu’on en sort, comme j’en suis sortie. Suivez le guide!

Et la question que tout le monde me/se pose, depuis la première parution, lecteurs, comme clients en coaching ainsi que les médias est la suivante: «Avez-vous rencontré l’homme de votre vie?» La réponse est «oui» et pour savoir comment, que diriez-vous de lire cette version «rafraîchie» et enrichie de huit années d’expérience supplémentaires?

Je vous raconterai tout, ou presque, et vous saurez où j’en suis de ma vie affective en parcourant «Le syndrome de Tarzan». Et si je n’avais pas de secret pour vous, jusque-là, vous me permettrez d’en garder un…

 

** Note: le masculin est utilisé dans ce livre pour alléger le texte.

 

AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA!

 

Le septième jour, Dieu se reposa. Le jour suivant, j’imagine qu’Il inventa la métaphore. Heureusement car Adam et Ève, fautifs, ne pouvaient être lâchés dans la nature, nus et sans mode d’emploi. Et comme les humains aiment les contes plus que les conseils ou les ordres, Dieu, bien placé pour le savoir, ne s’en priva pas. La Bible regorge de métaphores, comme les mythologies ou les Fables de La Fontaine, et quelles que soient vos croyances, vous reconnaîtrez que ces phrases sont pleines de bon sens: cherchez et vous trouverez, demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira, ou encore, ma préférée: aide-toi, le Ciel t’aidera.

Les métaphores, les contes et les mythologies font appel à votre âme d’enfant pour guider l’adulte, prodiguant au subconscient des conseils judicieux qui éclairent les ténèbres dans lesquelles vous plongent vos émotions négatives et vos mauvaises programmations.

***

Connaissez-vous l’histoire d’Auguste qui vivait dans un petit village, au creux d’une vallée menacée par les eaux? Les autorités organisèrent l’évacuation des villageois, mettant des bus et des camions à leur disposition, afin qu’ils emportent tout ce qu’ils souhaitaient sauver. Auguste refusa de monter dans le bus et dit aux sauveteurs: «Je crois en Dieu et Dieu me sauvera.»

L’eau commença à monter à tel point qu’Auguste dut se réfugier au premier étage de sa maison. Les sauveteurs vinrent le chercher en canot à moteur. Il refusa de partir, leur expliquant qu’il ne risquait rien parce qu’il croyait en Dieu et qu’en aucun cas celui-ci ne l’abandonnerait.

L’eau monta si haut qu’Auguste se retrouva à cheval sur le toit. Un hélicoptère vint le secourir mais il refusa de quitter son perchoir en indiquant, très sereinement, que Dieu le sauverait. Auguste se noya.

Au Ciel, furieux, il se présenta devant Dieu:

«Moi qui ai toujours cru en Toi, qui T’ai toujours honoré, comment as-Tu pu m’abandonner?»

«T’abandonner, s’écria Dieu, offusqué. Et qui t’a envoyé un bus, un canot et un hélicoptère?»

Personnellement, je suis toujours la première à monter dans le bus!


PREMIÈRE PARTIE

 

Le syndrome de Tarzan

 

1.     Le syndrome de Tarzan et vous

Comment savoir si vous êtes atteint du syndrome de Tarzan? C’est simple: vous ne supportez pas de rester seul, voltigeant de liane en liane, ou vous restez accroché à la même, sachant qu’elle ne vous satisfait pas.

Vous pouvez également connaître des périodes de célibat, attendant qu’une personne correspondant à votre névrose se présente.

Alors, vous agissez automatiquement en adepte de Tarzan, mais je ne sais pas dans quelle équipe vous jouez, celle des Desperados ou celle des Trous noirs affectifs? Si vous appartenez à la première, votre conjoint ou ceux que vous rencontrez appartiennent à la deuxième et vice versa.

 

2.     La dépendance affective se joue par équipe de deux: le Desperado et le Trou noir affectif

Quand j’ai découvert que j’avais un comportement de dépendance affective, je me suis demandé pourquoi moi et pas l’autre? Eh bien, l’autre aussi. Quel bonheur de découvrir que je n’étais pas la seule névrosée dans chaque histoire!

Alors que les causes sont les mêmes, il existe en effet deux façons différentes de vivre le syndrome de Tarzan: il y a celui qui donne et celui qui prend et ils s’attirent immanquablement. Je n’ai pas résisté à l’envie de les surnommer afin que vous saisissiez clairement le rôle de chacun, sur la grande scène de la dépendance affective.

Le Desperado: Très généreux, vous donnez de l’affection sans compter et vous courez désespérément après celle des autres, dépendant ainsi de ce que vous n’obtenez pratiquement jamais. D’ailleurs, remarquez que plus vous semez, moins vous récoltez puisque vous tombez TOUJOURS sur ceux que vous nommez «profiteurs». Effectivement, vous choisissez de préférence quelqu’un qui souffre plus que vous, pour pouvoir le sauver. C’est là que vous existez: quand on a besoin de vous! En proie aux émotions excessives, souvent extraverti, vous ne comprenez pas pourquoi l’autre ne répond pas à vos attentes, après tout ce que vous avez fait pour lui. Vous êtes du genre chevalier en armure ou du genre qui ne laisse pas un petit chat perdu dans la rue.

Desperado, vous êtes prêt à tout pour combler votre carence en affection, reconnaissance et parfois protection, qui vous ont tant fait défaut dans votre enfance. C’est ce qui vous pousse à faire tout et n’importe quoi pour l’autre, jusqu’à vous oublier, être aimé à tout prix et reconnu pour votre générosité. Vous êtes totalement dépendant, et pas uniquement du conjoint, des autres aussi au travers de leurs jugements ou appréciations. Dans l’incapacité de reconnaître votre valeur et vos belles qualités, vous donnez tout, puisque vous ne valez rien, pour un peu d’affection et de reconnaissance. Avec vous, pas de bande-annonce, l’autre voit le grand film en entier, avec pop-corn, glaces et boissons compris.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans le portrait précédent, oserez-vous avouer que vous correspondez au suivant.

Le Trou noir affectif: Vous engloutissez l’affection et la reconnaissance des autres, sans jamais les rendre ou très peu. Car de l’affection et des attentions, vous n’en avez jamais assez: vous êtes un puits sans fond! Connaissez-vous ces fameux trous noirs de l’espace, réputés pour absorber tout ce qui passe à proximité, d’où rien ne revient jamais? Vous saisissez! Vous êtes coupé de vos émotions, car vous avez compris de votre passé qu’elles sont dangereuses parce qu’elles font souffrir, ce qui vous pousse à être plutôt introverti. Vous savez, le genre «beau ténébreux mystérieux» ou le style «femme fragile en détresse».

Trou noir affectif, vous avez une revanche à prendre sur le passé. C’est une sorte de boulimie qui vous pousse à réclamer et à dévorer encore et encore l’affection, la reconnaissance et la protection, dont vous avez également manqué dans votre enfance. Vous donnez peu, juste pour appâter, mais tout vous est dû et vous aurez de plus en plus d’exigences, d’autant que l’autre, un Desperado, y répondra sans compter. Vous livrez des petits bouts de la bande-annonce d’un film que l’autre ne verra jamais et pour ce qui est des glaces, pop-corn et boissons, ce n’est pas vous qui les paierez!

Vous l’avez compris, le Trou noir affectif et le Desperado se repèrent et s’associent inévitablement, leurs névroses se nourrissant si bien réciproquement. N’êtes-vous jamais tombé sur quelqu’un de bien mais qui ne vous attire pas? Bien sûr, la belle affaire, cette personne trop équilibrée ne vous nourrit pas. De toute façon, ça n’aurait pas duré longtemps, car ceux qui sont équilibrés ne restent pas avec les adorateurs de Tarzan, flairant immédiatement un problème de comportement dans les relations intimes.

Les adeptes de Tarzan sont des pirates de l’air qui détournent l’affection pour aller en enfer.

Ce que vous allez découvrir sur le syndrome de Tarzan se fonde non seulement sur ce que j’ai pu observer en consultation et dans mon entourage, mais également sur ce que j’ai vécu: Tarzan et moi étions très liés, par le passé. Bien évidemment, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est absolument pas fortuite. Ai-je caricaturé les comportements? Devez-vous apporter des nuances à ce que vous lirez? C’est à vous d’en décider.

Tout d’abord, je tiens à préciser que la dépendance affective n’est ni une maladie, ni une condamnation à vie: c’est une mauvaise programmation qui peut être, bonne nouvelle, dé-pro-gra-m­mée! Vous le savez maintenant, par manque d’affection, de reconnaissance et parfois de protection dans votre enfance, vous avez simplement été conditionné à en chercher dans votre vie d’adulte. D’ailleurs, vous n’êtes pas UN dépendant affectif: vous êtes un chic type ou une super femme, unique, avec de grandes qualités, ayant un comportement de dépendance, dû à votre passé. Ça aurait pu être le jeu, la cigarette, la drogue ou l’alcool: vous, c’est l’affection. Mais peut-être développez-vous aussi les compulsions évoquées précédemment… Vous êtes donc tombé dans la névrose quand vous étiez petit, comme Obélix dans la potion magique, à la différence que, vous, ce n’est pas pour toute la vie.

Le terme «névrose» tombe comme un couperet mais il n’y a pas de quoi en perdre la tête: vous avez une vie normale tout en répondant à une ou plusieurs mauvaises programmations du passé. Elles génèrent plus ou moins fortement des troubles affectifs, émotionnels et comportementaux, détectables «à l’usage», mais pas forcément de prime abord. Notre société fait pousser les névroses comme des champignons et vous devenez expert dans l’art de la dissimulation. Cela dit, une névrose ne fait pas de vous un candidat à l’asile psychiatrique, elle vous jette simplement dans des difficultés relationnelles, professionnelles et sociales. Bien que certains soutiennent que tout le monde en a, dans mon monde à moi, c’est la souffrance qui fait la différence entre une personne équilibrée et une personne névrosée. Si votre vie vous plaît et que vous ne souffrez pas, désolée mais je ne puis vous accorder le titre de névrosé!

Vous n’êtes donc pas plus UN dépendant affectif qu’un autre est UN alcoolique ou UN drogué, mais plutôt une personne développant une compulsion, parce que vous n’êtes pas ce que vous faites. Vous avez un job, des qualités, un entourage et vous avez également une identité et des comportements qui sont dissociés: vous ne pouvez pas vous résumer à un seul comportement pour vous identifier, négatif de surcroît, occultant tout ce qui fait de vous quelqu’un de bien.

Cette compulsion, je l’ai affectueusement surnommée «Syndrome de Tarzan». J’en avais assez d’entendre les mots «dépendance affective», sonnant comme une condamnation à perpétuité. D’ailleurs, mettre de l’humour, vous en conviendrez, c’est rire de vos problèmes et donc les diminuer. D’autant que dépendre d’une liane, c’est concevable (sinon, c’est la chute assurée!); mais dépendre de quelque chose que, dans un cas sur deux, vous n’attrapez jamais, vous avouerez que c’est un rien insensé!

Dans l’océan déchaîné des relations humaines, Desperado et Trou noir affectif, vous vous agrippez l’un à l’autre, tels des naufragés à des radeaux de fortune. Aucune chance de vous accrocher à quelqu’un d’équilibré parce que, premièrement, il ne vous nourrit pas et, deuxièmement, il nage trop vite pour vous. Je peux vous assurer que depuis que j’ai réglé son compte à Tarzan, je flaire son syndrome à des kilomètres et je suis devenue imbattable au 100 mètres style libre!

Point n’est besoin de drames familiaux pour tomber dans ce syndrome. Une perte de confiance en vous peut être due à des événements négatifs répétitifs: la première fois qu’un incident se produit, c’est un accident ; la deuxième fois, c’est une coïncidence ; la troisième, c’est la perte de confiance en soi. Un exemple: à 6 ans, une petite fille met une robe et ses parents se moquent d’elle, disant qu’elle ressemble à un petit singe. À 8 ans, elle passe la journée au piquet avec un bonnet d’âne sur la tête, sous les moqueries des autres enfants. À 17 ans, comme elle est un peu ronde, une fille se moque d’elle, faisant rire toute la classe. À partir de là, cette femme se fait écraser plutôt que se faire remarquer et préfère mourir plutôt que revendiquer ses droits. Elle tombe sur le premier Trou noir affectif qui passe, elle qui ne vaut rien, et existe enfin pour et par quelqu’un. Il en faut parfois moins que ça pour adhérer au parti de Tarzan: il suffit parfois qu’une ou deux personnes seulement vous repoussent et votre belle confiance s’envole, sans attendre le troisième rejet. Cependant, il y a de fortes chances pour que la vie vous répare, car le problème est beaucoup moins ancré que chez la personne qui n’a pas été épargnée dans son enfance: après une ou deux mésaventures, vous comprenez ce qui ne vous convient pas et ce que vous recherchez chez l’autre. À partir de là, vous écartez tout candidat présentant les mêmes symptômes que les précédents et vous finissez par trouver celui ou celle que vous attendez.

Les parents peuvent également pécher par excès en étant très présents, parfois autoritaires, mais tellement fiers de vous que, quoi que vous fassiez, c’est parfait. Du coup, quand vous réussissez un examen, c’est normal puisque vous êtes bon, donc vous ne surprenez jamais personne et ne recevez aucunes félicitations.

Imaginez toute une année scolaire durant laquelle vous n’obtenez que des 20/20, que vous ayez rendu copie blanche ou que vous ayez travaillé. Que vous soyez ignoré dans votre enfance ou adulé inconditionnellement, comment savoir ce que vous valez?

Mais ne vous y trompez pas, que vous soyez Trou noir affectif ou Desperado, vous pouvez être adorable jusqu’à ce que vous soyez rejeté. Là, rancune et agressivité prennent le dessus. De Desperado, vous pouvez devenir Trou noir affectif dans la relation suivante pour vous venger ; et de Trou noir affectif, vous pouvez passer à Desperado, si vous tombez sur un Trou plus noir que vous!

À la réflexion, partisans de Tarzan, vous ressemblez aux hermaphrodites, en ce sens que vous adoptez l’une ou l’autre des attitudes selon les circonstances. Cependant, l’un des deux comportements reste souvent prédominant.

Une précision au passage: vous êtes faits pour donner et recevoir affection et reconnaissance ; le problème naît quand vous en dépendez, prêts à n’importe quoi pour en recevoir. Savez-vous que des enfants qui furent élevés «en batterie», soit abandonnés en trop grand nombre, soit sacrifiés à la folie nazie, se laissèrent mourir parce que le personnel des établissements, débordé ou ignorant, ne leur accordait ni affection, ni attention? Comprenez-vous pourquoi c’est une question de survie pour l’adepte de Tarzan?

Vous pouvez arrêter de boire, de vous droguer et de fumer sans mettre votre vie en péril, mais vous ne pourrez jamais cesser d’aimer et d’être aimé parce que, au fond de vous, vous savez que vous en mourrez. Détester les autres, n’est-ce pas démontrer que vous les aimez, mais que vous vous en défendez? L’indiffé­rence elle-même est une réaction à l’amour. Je sais pertinemment que vous pouvez me dire le contraire: je vous attends au tournant. Dites-moi, sans mentir, que vous êtes très heureux, en bonne santé et que votre vie est épanouie sans amour, ni affection. Détester le sexe opposé (ou le même sexe), c’est avoir peur d’aimer et de souffrir. Et si vous vivez sans amour ni affection, il ne faut pas non plus être prêt à tout pour en obtenir.

À ce stade du livre, je vous vois réfléchir afin de déterminer dans quel camp vous jouez, ce qui détermine automatiquement celui de votre conjoint ou des ex. Et vous voilà curieux de savoir ce qu’il en est pour votre entourage, à commencer par vos parents. Regardez les films romantiques et amusez-vous à déterminer qui est le Trou noir affectif et qui est le Desperado, car ils sont forcément là: les histoires d’amour équilibrées n’ont jamais fait de grands succès. Pourquoi? Parce que vous n’y croyez pas!

 

3.     Tu verras, quand tu seras grand, tu ne seras plus dépendant

En vous sommeille un enfant qui ne grandit pas, tant que vous ne réglez pas votre dépendance. Lors des consultations, ce n’est pas à vous en tant que grande personne que je m’adresse, mais bien à vous, enfant, qui me confiez la mission de vous aider à combler le fossé qui vous sépare d’une vie affective d’adulte équilibré.

Vos comportements d’adepte de Tarzan peuvent paraître aberrants de la part d’un adulte, mais vous êtes un gamin en situation de survie, pour qui tous les coups sont permis: mauvaise foi, mensonge, tromperies et vous pouvez devenir menaçant ou charmant selon les circonstances, parfois méfiant et sur la défensive. Vous êtes programmé à survivre à tout prix dans la jungle terrifiante des relations humaines. Alors quand vous tenez ou croyez tenir un pourvoyeur d’affection, vous vous y agrippez désespérément pour ne pas tomber dans le vide… affectif.

Si vous avez subi, petit garçon, des sévices sexuels, vous êtes prisonnier de votre besoin de protection qui se traduit par un grand besoin d’être câliné par votre conjointe, materné, comme elle le ferait avec son propre fils. C’est votre façon de rechercher la protection dans une attitude maternelle.

Si vous avez subi le même traumatisme, petite fille ou adulte, vous attendrez de votre compagnon qu’il vous protège et aurez des réactions démesurées si celui-ci ne le fait pas. Surtout si vous êtes la cible de l’ex-femme ou encore de votre ex-conjoint ou de toute autre personne qui vous veut du mal. Chaque attaque vous replonge dans les situations où personne n’a rien fait pour vous, quand il s’agissait de vous protéger contre un adulte pervers. De plus, si votre conjoint était un Desperado avec son ex-femme, il est bien incapable de lui river son clou, vous mettant en situation d’insécurité. En revanche, un conjoint Trou noir affectif renvoie la mégère et votre ex-conjoint ou toute autre personne dans ses quartiers, sans le moindre état d’âme: il protège celle qui nourrit si bien sa névrose.

Je sais tout cela pour l’avoir vécu, car ma liaison avec Tarzan a duré jusqu’à l’âge de 40 ans. Le syndrome de Casanova (séduire, consommer et s’enfuir, à l’inverse du syndrome de don Juan, qui séduit et s’enfuit sans consommer) m’avait rangée du côté des Trous noirs affectifs. Je butinais, d’une liane à l’autre, au gré de ma fantaisie, sans jamais m’attacher, passant dans la vie de mes victimes au grand galop. Ce qui n’a rien à voir avec la peur de l’engagement: il s’agissait plutôt de trouver le bon névrosé! Mon vœu fut exaucé et je rencontrais donc mon futur mari, ténébreux mystérieux (c’est-à-dire introverti et névrosé), plus Trou noir affectif que moi, ce qui me fit basculer dans le camp des Desperados. En relation depuis plus de six ans, nous décidâmes de nous unir: je fus mariée juste le temps qu’il faut pour le dire, tombant enceinte le matin de la nuit de noces, trompée à six mois de grossesse et divorcée deux ans après le mariage. Résultat: neuf années de galère mais lui ne voulait pas divorcer ; il voulait garder le beurre, l’argent du beurre et… les deux fermières! Deux ans plus tard, après quelques aventures avec de beaux spécimens de la même catégorie, je retombais dans le panneau avec un plus Trou noir affectif que l’ex-mari, avec lequel je vécus quatre ans de souffrances. Les deux se ressemblaient comme deux gouttes d’eau et se détestaient: deux Trous noirs affectifs s’affrontant pour revendiquer celle qui nourrissait si bien leur névrose. Ma situation de Desperado n’était pas bien brillante, coincée entre les deux puisque l’ex-mari, que je nommerai Jules, venait voir notre fille et le nouveau, que je nommerai Jim, avait pris sa place. Cherchant à ménager la chèvre et le chou, incapable de remettre qui que ce soit à sa place, je subissais des reproches des deux côtés. Quelle corrida! Je vois bien, à votre sourire, que vous connaissez ça!

Il se peut également qu’un événement dramatique vous pousse à vous couper de vos émotions: le décès d’un des parents ou des deux dans votre enfance, ou d’une personne que vous aimiez très fort. Vous en avez déduit, inconsciemment, que dès que vous aimez quelqu’un, il meurt. Vous faites une relation épouvantablement fausse entre l’amour et la mort, suffisamment terrifiante pour que vous refusiez d’aimer encore. En Trou noir affectif, dès que vous commencez à vous attacher à quelqu’un, vous êtes envahi par des angoisses terrifiantes qui vous poussent dans des comportements aberrants et destructeurs vis-à-vis de la personne à laquelle vous tenez. N’importe qui réagirait de la sorte dans cette situation.

Donc, souffrir du syndrome de Tarzan, quelle que soit l’équipe dans laquelle vous jouez, c’est rester attaché névrotiquement à la même liane qui ne vous rend pas heureux, pire, qui ne veut plus de vous, ou passer de n’importe quelle liane à n’importe quelle autre liane sans jamais vous arrêter. Tout est bon pour vous agripper, plutôt que tomber dans le vide affectif parce que mieux vaut être mal accompagné que seul, dans ce monde de Tarzans dépendants.

 

4.     Quoi qu’il arrive, vous tombez toujours sur la personne idéale!

Dès que vous rencontrez quelqu’un, c’est inévitablement la personne idéale: soit parce qu’elle est réellement faite pour vous, soit parce qu’elle va vous obliger à régler votre névrose. Et si vous préférez zapper plutôt que comprendre et régler, vous retombez sur le même genre de personne, encore et encore. Il n’y a pas de hasard en ce bas monde et la bonne vieille méthode du clou qui chasse l’autre est vérifiée: vous remplacez un mauvais clou par un autre mauvais clou! Si vous en profitiez plutôt pour comprendre ce qui vous arrive et travailler sur vos programmations afin de stopper votre collection de clous rouillés? Parce que ce ne sont pas les clous qu’il faut changer. C’est vous!

Vous avez été programmé à penser que l’homme ou la femme idéale n’existe pas. Et si vous déprogrammiez cette croyance limitante? Je suis la femme idéale… pour un seul homme: celui que j’attends. Il en va de même pour vous. Vous êtes forcément la personne idéale pour quelqu’un, une fois que vous ne vous prenez plus les pieds dans vos névroses, bien sûr.

Refusez les discours à l’emporte-pièce du style: «Tu es trop difficile.» Balivernes! Vous avez vos critères et ils doivent être respectés. Sinon, vous tombez dans le piège du SCC: Sacrifices Compromis Concessions. Vous avez remarqué que ces mots ont tous un «s» à la fin? Parce que vous ne ferez pas UN sacrifice, ni UN compromis et encore moins UNE concession, mais plusieurs et toute votre vie de couple durant. Vous êtes condamné au SCC à perpétuité! Bien qu’idéale (souvenez-vous: pour l’homme de ma vie!), je ne suis pas idéaliste et je sais pour l’avoir vérifié qu’un couple heureux et équilibré tourne le dos au SCC qui fait, en revanche, parti du vocabulaire du névrosé. Il ne s’agit pas de savoir qui va céder, mais de trouver une zone de confort dans laquelle vous vous rejoignez pour être heureux tous les deux. Le débat est ouvert et réfléchissez-y car j’y reviendrai ultérieurement.

Et si le Desperado vous paraît toujours plus sympathique que le Trou noir affectif, vous souffrez pourtant tous les deux, bien que l’un paraisse être la victime de l’autre. Trou noir affectif, il se peut que vous réalisiez que vous êtes incapable de vous donner, que vous faites souffrir l’autre et que vous décidiez de vivre seul. Desperado rejeté, vous pouvez vous transformer en démon assoiffé de vengeance parce que l’autre ne vous a pas aimé, ni reconnu à la hauteur de tout ce que vous avez fait pour lui et, en plus, il vous a quitté. Encore une fois, apportez des nuances parce que, en l’occurrence, dans la dépendance, il y a une échelle de Richter. Ceux qui se situent entre 1 et 4 ont de fortes probabilités d’être heureux, une fois que les mauvaises expériences les remettent sur le droit chemin. Au-delà, 5 et plus, les névroses s’amplifient et les résultats désastreux aussi, sachant qu’il n’y a pas de maximum sur cette échelle ne s’arrêtant pas à 10, mais à l’infini.

En ce qui concerne ma propre histoire, je situerai Jules et Jim à 9 comme moi! Eh oui, nous sommes au même niveau que celui ou celle qui nous donne la réplique. Cependant, le Desperado, trop proche de ses émotions, souffre assez qu’à un moment donné, il peut faire le choix de sortir de là. Alors que le Trou noir affectif, coupé de ses émotions, ne souffre pas et, tant qu’il est nourri, il peut rester dans la relation, même s’il détruit partenaire et enfants en même temps. Ce sont, en grande majorité, les Desperados qui viennent me voir en coaching, parce que souffrant trop. C’est la souffrance qui nous fait avancer. Quant aux Trous noirs affectifs, j’en ai eu quelques-uns dans mon bureau et cela demande une grande humilité et remise en question pour avouer qu’ils ont une méchante tendance à la destruction.

Je situerai Jules et Jim à 9 et plus, comme je l’ai été moi-même. Étant aussi atteinte qu’eux, leurs demandes dépassèrent mes limites. La souffrance me donnait le recul nécessaire pour me rendre compte de la situation et décider de me faire aider pour échapper à mes prédateurs. Ceux qui sont au même niveau tirent chacun sur l’extrémité de la corde avec la même intensité et ça peut durer très longtemps, voire toute une vie. Et si vous êtes au-dessus, c’est votre conjoint qui risque de se réveiller et de vous quitter.

Le vocabulaire aussi vous trahit. Un Trou noir affectif dira: «Tu m’aimes trop» ou «Je ne te mérite pas», et un Desperado répondra: «Tu ne m’aimes pas assez» ou «Dis-moi ce que je dois faire pour que tu m’aimes.» Rien ne peut mesurer la magnitude de l’amour: vous aimez quelqu’un ou vous ne l’aimez pas. Les mots «trop» ou «pas assez», tous ceux qui suivent le verbe aimer n’ont pas lieu d’être: ce n’est pas un verbe qui appelle les nuances parce que c’est un verbe entier.

Trou noir affectif ou Desperado, vous répondez à des programmations que vous pouvez changer si vous demandez de l’aide à des professionnels. Ils vous guideront pour remettre à niveau votre estime et votre confiance en vous, afin que vous puissiez abandonner définitivement la panoplie de Tarzan.

Bref, si vous n’êtes pas responsable de vos mauvaises programmations, vous êtes en revanche responsable de ne pas vouloir les déprogrammer. Elles sont une explication aux mauvais comportements, mais comprendre ne signifie pas excuser. Cependant, cela peut vous aider à pardonner à celui qui vous a offensé et que vous avez laissé vous enfermer dans de grandes souffrances.

La phrase qui revient le plus souvent en consultation, c’est: «Je ne mérite pas ça». Effectivement. Dans le cas de la dépendance affective, être malheureux n’est pas une punition, c’est le résultat, encore une fois, d’une mauvaise programmation. Pensez-vous que vos parents se sont dit qu’ils seront méchants et indifférents quand ils auront des enfants? Ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient eux-mêmes reçu et la façon dont ils ont été programmés. En revanche, ce qui se mérite, c’est le bonheur.

Battez-vous pour sortir de la dépendance et je vous promets que vous serez aussi heureux que tous ceux qui en sont sortis, moi en particulier. Souvenez-vous que vous avez également de bonnes programmations sur lesquelles vous pouvez vous appuyer pour changer.

En tant que Desperado, vous allez plus facilement consulter, quand vous ne supportez plus de courir après ce que vous n’attrapez jamais, quand votre vie sentimentale est un champ de bataille et de souffrance. Trou noir affectif, vous irez consulter plus rarement, puisque vous continuez à recevoir sans donner. Cependant, il se peut qu’un jour vous vous demandiez pourquoi vous attirez toujours le même style de personnes et qu’ayant évolué, vous aspiriez à une vie de couple équilibrée.

Trou noir affectif ou Desperado, vous n’êtes pas plus condamnables l’un que l’autre, même si la stratégie de survie du premier fait souffrir le second.

Le comportement de dépendance affective ne se cantonne pas aux relations de couple. Il s’étend également à l’entourage et frappe la vie professionnelle aussi. Pas au travers du besoin d’affection mais au travers du besoin de reconnaissance. Et par qui souhaitez-vous le plus être reconnu, en dehors de votre conjoint? Votre patron bien sûr ou toute autre hiérarchie, par vos collègues aussi. Et si, au niveau de ce besoin, vous tombez dans la démesure, vous serez attiré par un emploi où personne ne vous reconnaîtra et au lieu de le quitter, vous y resterez!

Au-delà de la vie professionnelle, vous vous faites souvent escroquer par des gens qui profiteront de votre générosité. Pas vos amis, quoique, mais plutôt des gens que vous ne connaissez pas et qui viendront vous solliciter, reniflant le Desperado à plein nez. Et qui frappe à votre porte? Des Trous noirs affectifs!

Parce que là aussi, dans le monde de l’escroquerie, il y a deux équipes:

  • les Trous noirs affectifs qui n’hésitent pas à prendre, voire à voler, ce qu’ils n’ont pas eu par le passé et le récupèrent en argent, pour compenser. Ils sont des escrocs habiles, mythomanes et sans foi ni loi, poussés par le désir de revanche en prenant ce qu’ils n’ont pas eu ;
  • les Desperados qui donnent sans méfiance, et sans compter, incapables de laisser quelqu’un souffrir ou dans le besoin. Ils sont les escroqués, poussés par leur désir de reconnaissance et d’affection.

 

5.   PNL et programmations,  vous connaissez?

Mais qu’est-ce qu’une programmation? Vous répondez à des programmes que vous construisez depuis votre conception (parfois même avant, si vous croyez aux vies antérieures et à la généalogie), vous vivez des expériences vous prédisposant à ressentir, penser et analyser d’une façon qui vous est propre. Vous établissez alors des stratégies vous permettant de vous adapter à votre environnement ainsi qu’aux personnes qui vous entourent et vous servent (heureusement ou malheureusement!) de modèles, générant chez vous des automatismes qui, lorsqu’ils sont négatifs, nuisent à votre équilibre. Ces habitudes sont enregistrées par votre cerveau au niveau des neurones et dictent vos comportements.

Savez-vous que votre cerveau ne fait pas la différence entre une situation que vous vivez vraiment et une situation que vous créez? Il n’en retient que les émotions. Détendez-vous, respirez à fond et imaginez que vous êtes au bord de l’eau à Tahiti, vous voyez la mer turquoise, vous sentez le soleil sur votre peau, le vent léger dans vos cheveux et la chaleur du sable sous vos pieds: votre cerveau vient d’enregistrer le bien-être que procure cette scène, alors que vous êtes en ce moment dans le bus, le métro ou dans votre canapé ou votre lit. C’est sur ce principe que, grâce à des techniques très efficaces, la PNL permet de «reprogrammer» la mémoire afin de changer, dans le présent et le futur, les comportements générés par des événements du passé. Elle modifie les émotions liées aux souvenirs stockées dans le cerveau.

Mine de rien, je suis en train de vous expliquer les fondements de la PNL (programmation neuro linguistique), thérapie brève et pro-active, créée dans les années 1970: vous connaissez maintenant la signification des mots «programmation» et «neuro», il ne manque que le mot «linguistique». C’est ce qui a trait au langage qui vous permet de traduire ce que vous ressentez ainsi que votre façon de voir le monde, sachant que 93% de vos moyens de communiquer sont non verbaux. Votre posture, gestuelle, physionomie et autres, totalement muets, en disent long sur vous.

Ce dernier point donne les clefs des stratégies et des comportements d’une personne au coach/ thérapeute en PNL, qui pourra ainsi se mettre dans votre peau pour vous aider à déprogrammer ce qui nuit à votre équilibre. Les mots que vous employez sont révélateurs: «On est sur Terre pour souffrir» indique que vous n’avez pas été heureux jusque-là et que vous pensez qu’il est impossible de l’être sur cette Terre ; «Je tombe toujours sur des filles hystériques» révèle votre complicité avec Tarzan.

Autre exemple amusant pour décoder une personne par rapport à son langage: je vous apprends que je n’ai eu aucune relation sexuelle pendant onze ans et vous me répondez «Je ne sais pas comment tu fais, parce que moi, je ne pourrais pas!» Quelle information pensez-vous me fournir? Que vous êtes incapable de rester seul. Comment je le sais? Parce qu’en général vous allez me dire dans la foulée combien de temps vous tenez sans avoir de relations. Il y a là des relents de dépendance, car la fonction n’est pas censée créer l’organe. Et quand je vous le fais remarquer, immédiatement vient la tirade du plaisir sexuel dont personne ne peut se passer. Vous vous enfoncez… Et le bouquet final: «Mais je ne suis pas dépendant du sexe opposé (ou du même sexe), mais du plaisir sexuel, ce n’est pas pareil!» Ah bon?! Je n’ai jamais vu un sexe se promener sans la partie à laquelle il est soudé.

Quel que soit ce dont vous ne pouvez pas vous passer, c’est de la dépendance puisque c’est une nécessité.

L’alcool est un plaisir quand il est apprécié et bu avec modération. Faire l’amour en est un autre, quand vous êtes avec la personne que vous aimez ou du moins celle qui réveille chez vous quelques appétits impérieux, que vous respectez en vous respectant. Boire pour boire n’importe quoi et avoir des relations sexuelles pour avoir des relations sexuelles avec n’importe qui vous font tomber directement dans la dépendance. Peut-être qu’un peu d’élitisme serait un atout dans les deux cas…

Pensez-vous que je me sois levée un beau matin en décidant que je resterai abstinente pendant onze ans, voire plus? J’ai simplement décidé d’attendre un homme formidable ou rien. C’était mon choix et par le fait je me «réservais», comme on le disait si bien au siècle dernier, pour celui qui me mériterait. Fini le «self-sexe-service» permanent pour Trous noirs affectifs en manque d’affection et de sexe: étant équilibrée, je cherchais un homme équilibré! J’existe au travers de ce que je suis et j’exprime ce que je vaux au travers de la personne que je choisis et non au nombre de mes amants.

La dépendance affective vous jette, Desperado, dans les bras du premier Trou noir affectif venu (encore une fois, qui n’est jamais le bon pour vous rendre heureux, mais le bon pour vous inciter à déprogrammer), que vous inonderez de votre générosité, le couvrant de grâces jusqu’à vous oublier, jusqu’à être parfois malmené moralement ou physiquement, en échange d’un peu de reconnaissance et d’affection, que vous n’obtenez peut-être même pas. À votre avis, à quelle programmation répondent les femmes qui se prostituent pour subvenir aux besoins de celui qu’elles croient aimer? Et à quelle programmation répondent ces hommes qui les mettent sur le trottoir et finissent par les frapper, si elles ne rapportent pas assez? Vous vous laissez malmener, humilier, voire brutaliser parce que vous êtes programmé à penser que c’est toujours mieux que rien. D’autant que vous pouvez compter sur l’autre pour vous claironner à longueur de journée que vous ne valez rien et que personne d’autre ne voudrait de vous. Ce que vous avalez sans contester.

L’affection, vous voyez ce que c’est, mais la reconnaissance? En tant qu’adepte de Tarzan, vous souhaitez de tout votre corps et de toute votre âme que les autres admettent que vous existez. Ça peut paraître fou et pourtant, pas tant que ça, sachant que la plupart du temps votre existence a été épouvantablement niée par vos propres parents, qui, de surcroît, vous ont programmé à penser que vous n’êtes rien et, pire, que vous êtes encombrant et inutile. Que d’efforts déployés, adulte, pour démontrer le contraire et à n’importe quel prix. Vous êtes prêt à tout pour que quelqu’un s’arrête sur vous.

Je survolerai les causes de la dépendance affective, d’autres les ayant détaillées très précisément dans leurs ouvrages, parce que ce qui m’intéresse, c’est comment vous aider à sortir du trou et non comment vous y êtes tombé: si votre salle de bain est inondée à cause d’un trou béant dans le tuyau, allez-vous d’abord chercher à savoir comment il a été fait ou allez-vous plutôt essayer de le colmater, en attendant le plombier?

Bien souvent, ce sont les parents (encore eux!) qui commen­cent le travail de sabotage. La famille, soudée ou éclatée, peut vous avoir privé de stabilité, d’amour et d’harmonie, surtout si vous avez vécu avec un parent dépendant de l’alcool, de la drogue, ou encore dans la violence physique ou verbale. Entendre dire toute votre enfance que vous n’étiez pas désiré, que l’avortement aurait été un meilleur choix, que vous dérangez, que vous réclamez trop d’attention, vous donnera une image totalement dévalorisante de vous-même. Vous redoublez donc d’efforts, prêt à tout pour obtenir l’amour et l’attention de vos parents, qui con­tinuent à vous ignorer. Vous devenez même parfois le parent de votre parent défaillant (drogue, alcool, etc.), vous sentant responsable du bien-être de celui-ci.

C’est ainsi que dans votre vie d’adulte, en noble Desperado, vous continuez à vous sentir responsable de votre conjoint; et en digne Trou noir affectif, vous considérez ne plus être responsable de rien. Tout repose sur le manque de reconnaissance, d’affection et de protection dans l’enfance…

Incorrigible Desperado, je m’évertuais à combler tous les désirs de Jules puis de Jim pour obtenir leur affection et leur reconnaissance. J’en faisais toujours plus, j’en supportais autant et, jamais récompensée, je continuais. Vous allez découvrir, au cours des pages qui suivent, jusqu’où la dépendance affective m’a poussée. Et même si vous avez fait pire que moi, ce qui reste à prouver, vous n’avez pas à en rougir parce que vous êtes programmé, c’est plus fort que vous: plus l’autre vous tape sur la tête pour vous montrer qu’il est insatisfait, plus vous redoublez d’efforts pour le combler. Et si parfois vous vous reprochez d’accepter son manque de respect, vous finissez toujours par lui trouver des excuses et par vous remettre en question.

 

Pourtant, il est impossible de satisfaire un Trou noir affectif, surtout s’il est à 9 et plus sur notre fameuse échelle. Les deux ex – petite précision: je dis «les ex» et non «mes ex» parce que, Dieu merci, ils ne sont plus à moi, l’ont-ils jamais été, pas même en tant qu’ex! – n’ont pas supporté que tous leurs rêves soient réalisés et, incapables d’être heureux, la panique les a pris, cha­cun leur tour, et il ne leur restait plus qu’à saboter tout ce que je construisais. Telle Pénélope défaisant sa tapisserie chaque nuit pour attendre le retour d’Ulysse (qui lui au moins était heureux, bien que seulement quand il faisait de longs voyages…), les ex détruisaient tout ce que je faisais pour eux. Car c’est ainsi qu’ils me tenaient: je n’étais digne de leur reconnaissance qu’une fois que je les aurais satisfaits, satisfaction qu’ils repoussaient toujours plus loin, afin que ça n’arrive jamais. Et si, par malheur, je menaçais de toucher au but, leurs angoisses les étranglaient à nouveau.

En digne Trou noir affectif, vous voyez bien que l’autre fait des efforts désespérés pour vous satisfaire. Mais vous n’êtes jamais satisfait. Vous vous demandez parfois ce qui vous pousse à être si dur envers l’autre, qui se plie à vos quatre volontés et pourquoi ce n’est jamais assez. Vous n’avez pas plus à rougir de cette situation parce que vous aussi êtes programmé: lui à donner et vous à prendre. Ainsi va la vie des adorateurs de Tarzan!

Rappelez-vous que le syndrome de Tarzan peut également vous frapper alors que vous avez eu de bons parents. Des événements plus ou moins malheureux, survenus en dehors de la vie de famille, sont parfois à l’origine de votre perte de confiance et d’estime. Ils déterminent votre degré de vulnérabilité sur l’échelle et si vous dépassez 5, vous finissez par vous persuader que vous ne valez rien. Alors vous tombez sur un moins que rien, et moins que rien, ce n’est pas grand-chose, mais pour vous, c’est déjà beaucoup!

 

6.     Comment je suis devenue adoratrice de Tarzan

Pour ce qui est de mon histoire, j’ai longtemps cru que j’avais eu une enfance dorée. Du moins, c’est ce que mes parents m’avaient fait croire, car ils le pensaient. Pour eux, à partir du moment où un enfant a un toit, à manger et des parents qui ne sont pas séparés, ils considéraient avoir rempli leur contrat. Pas besoin d’avoir des parents dépendants de l’alcool ou de la drogue ou juste divorcés pour se retrouver à voltiger dans les lianes avec Tarzan. Les miens ne furent tout simplement pas formés à l’affection: n’en ayant reçu ni l’un ni l’autre, comment auraient-ils pu m’en donner? La méthode de ma mère pour me motiver fut le bâton, oubliant la carotte. Mon père, adorable Desperado, était bien incapable de la moindre autorité parce qu’il pensait que, s’il me disputait, je ne l’aimerais plus. Donc, je ne recevais jamais de compliments, je n’en faisais jamais assez et j’entendais à longueur de journée: «Tu n’es pas douée pour ceci» ou «Tu n’es pas douée pour cela, tu as intérêt à travailler à l’école pour être une intellectuelle, car tu ne seras jamais une manuelle, tu ne sais rien faire de tes dix doigts.» C’était sa méthode de stimulation, qui partait d’ailleurs, à n’en pas douter, d’une bonne intention.

Bref, je savais précisément ce pour quoi je n’étais pas douée mais je n’avais aucune idée de ce que je valais, si d’aventure je valais quelque chose. De pas douée à incapable et d’incapable à dévalorisée, le chemin était tout tracé.

– «Et la p’tite dame qui vaut rien, qu’est-ce qu’elle prendra?

– Une douzaine de ‘moins que rien’, s’il vous plaît!»

Je me souviens d’une conversation avec mon père où, recherchant désespérément un compliment, je lui fis remarquer qu’à 18 ans, je ne fumais pas, je ne me droguais pas, je ne buvais pas, je ne sortais pas en boîtes de nuit et je me consacrais à mes études et à ma passion pour les chevaux. Au lieu de félicitations, j’obtins de sa part cette réponse: «Et moi, je ne suis pas en prison.» C’était un fait. Mais mon obsession, dans cette quête du Graal de la reconnaissance, ne faisait qu’augmenter.

Enfant, si vos parents n’ont à votre égard ni affection ni attention, vous en déduisez qu’ils ne vous aiment pas, parce que personne ne vous a expliqué que parfois ils ne savent pas exprimer leurs sentiments, ce qui vous pousse à tirer des conclusions hâtives.

Pensionnaire de l’âge de 11 ans à l’âge de 15 ans, dans une école de riches, tenue par des religieuses, moi qui étais protestante et fille d’ouvriers, côté affection et reconnaissance, j’étais une fois de plus frustrée! Chaque soir, après les cours, je voyais les externes partir dans leur famille et j’aurais donné n’importe quoi (voilà, c’est dit, une fois de plus! Comme quoi les mots parlent d’eux-mêmes) pour être à leur place. Je les imaginais recevant les encouragements de leurs parents, le soir au repas, qui sûrement les rassuraient quand ils avaient des difficultés dans leurs études. À la place, j’avais silence obligatoire pendant les heures d’étude, puis le réfectoire et le dortoir où nous n’avions pas non plus le droit de parler. Et quand je rentrais le vendredi soir, comme j’étais très désordonnée et laissais tout traîner, je me faisais disputer par ma mère et du coup je souhaitais retourner à la pension, d’où je rêvais de m’enfuir pour être à la maison. Pour ne pas déranger ma mère, j’essayais de prendre la couleur de la tapisserie, me faire oublier à tout prix, mais j’échouais régulièrement, trahie par mon don pour le désordre. Mon père faisait à ce sujet le commentaire suivant: «On dirait qu’il y a eu une explosion dans ta chambre!»

Finalement, je n’étais bien nulle part, sauf chez mes grands-parents qui m’avaient élevée jusqu’à l’âge de deux ans et qui avaient eu la bonne idée de construire leur maison en face de celle de mes parents. Ils étaient mon havre de paix et les seuls à me montrer qu’ils étaient fiers de moi. Non pas que mes parents n’éprouvaient aucune fierté, mais ils étaient bien incapables de me le témoigner. Et mes grands-parents m’apportaient ce qu’ils n’avaient pas apporté à leur fille: affection et reconnaissance. Avez-vous remarqué comme ça peut sauter une génération?

Le jour où je demandai à ma mère pourquoi elle avait agi aussi durement avec moi, elle m’en expliqua la raison: elle avait peur que j’arrête de travailler à l’école si elle me complimentait, pensant que, selon ses propres termes, «j’allais m’endormir sur mes lauriers». Son attitude partait d’une bonne intention puisqu’elle pensait que moins elle me complimenterait, plus je travaillerais. Parce que désinvolte vis-à-vis de l’école, je fus mise en pension. Excellente décision, car prenant conscience que mes parents payaient très cher cette institution, je me mis à étudier d’arrache-pied et obtins de très bons résultats. Ma mère, paniquée à l’idée que je puisse retomber dans ma nonchalance, cherchait simplement à me stimuler. Mes résultats scolaires, s’ils s’en trouvèrent améliorés, n’étaient pas le résultat de sa stratégie, cependant elle le crut et continua à appliquer ce qu’elle pensait être efficace pour moi.

 

7.     L’intention positive de votre tortionnaire

Je voudrais, dès à présent, aborder le thème de l’intention positive. Ce que nous nommons «intention positive» en PNL est la raison pour laquelle vous commettez un acte qui est positif pour vous, même s’il nuit à autrui. Prenons un cas très extrême pour bien comprendre: quelle est votre intention positive si vous déci­dez de tuer l’amant de votre femme? Le côté positif pour vous est d’éliminer votre rival, pensant que cela mettra un terme à vos souffrances. C’est bien loin d’être positif pour l’amant! Déterminer l’intention positive qui motive chaque acte vous permet de vous mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, afin de comprendre non seulement ses actes mais également les vôtres.

Quelle est votre intention positive quand vous vous laissez marcher sur les pieds ou quand vous criez après quelqu’un?

L’intention positive de ma mère était de faire en sorte que je travaille bien à l’école pour avoir une bonne profession et ne pas dépendre financièrement d’un homme. Vous avez compris qu’elle ne tenait pas le sexe opposé en très haute estime et voulait simplement m’en protéger, alors qu’inconsciemment elle était en train de me programmer à me jeter sur le premier grand névrosé qui passerait!

Comment faites-vous pour donner ce que vous n’avez pas reçu? C’est très difficile. Mais ce n’est pas impossible. En effet, l’attitude de ma mère m’a montré le chemin pour élever ma fille: j’ai pris le contre-pied de ce qu’elle a fait avec moi. La première chose que j’ai enseignée à mon bébé, c’est le langage du corps pour traduire l’affection, puis je l’ai couverte de compliments, à bon escient, car lorsqu’elle est à côté de la plaque, elle le sait de suite.

L’intention positive de votre mère qui vous rejetait enfant est simplement qu’elle voulait la paix et pas les responsabilités, surtout si vous n’étiez pas désiré. Votre intention positive quand vous tombez dans l’alcool ou la drogue est de trouver un monde parallèle où la vie est douce, sans responsabilité, sans combat à mener, parce que vous n’avez plus assez confiance en vous pour affronter la réalité. Ce n’est, en aucun cas, la volonté de faire du mal à vos enfants ou à votre conjoint.

Quand la pression était trop forte et m’empêchait de respirer, entre les pilules du bonheur et un bon verre de vin, j’ai préféré l’alcool aux comprimés. Au moins, ça vient du raisin, certes fermenté, mais ce n’est pas de la chimie dont le corps a souvent du mal à se débarrasser. Quoi qu’il en soit, alcool ou chimie, ça agit sur le symptôme mais ne règle pas le problème. Une fois les effets dissipés, ma souffrance face à la réalité restait la même. L’alcool m’a accompagnée dans les passages difficiles, le piège étant de tomber dedans. Il me permettait de débrancher, d’oublier pendant quelques instants tout ce qui me faisait souffrir et de respirer normalement. Il me plongeait dans un état de pouvoir absolu sur tout, moi qui avais perdu toute confiance et estime. Dans mon monde parallèle, je ne fuyais pas mes responsabilités, bien au contraire: j’y trouvais la force de les affronter. Bien sûr, ma famille, mes amis me faisaient des réflexions dont je compre­nais l’intention positive, mais je ne répondais rien, car je n’avais pas à me justifier. Ce n’était pas un alcoolisme de tous les jours, à tomber ivre morte, seulement dans les fêtes entre amis et durant le week-end. Jamais avant de conduire ni en société. Il y a plusieurs degrés dans une dépendance, quelle qu’elle soit: ça peut être du quotidien, du ponctuel, mais on ne peut plus s’en passer. Pendant la semaine, je luttais pour gagner de l’argent et rembourser mes dettes. Mais durant les week-ends, l’alcool était ma récompense, mon havre de paix, mon moyen de respirer. J’étais donc alcoolique le week-end et «hydraulique» (buvant uniquement de l’eau) le reste de la semaine!

Quand la vie devint insupportable avec Jim, au lieu de l’affronter en permanence, je préférais boire un verre qui me détendait et tout me passait au-dessus de la tête. Je m’adaptais à la souffrance au lieu de la régler. Attention, ce n’est pas à cause de lui que j’avais recours à l’alcool, mais bien à cause de moi. Aujourd’hui, puisque j’ai un homme dans ma vie, c’est sur l’autel de Vénus que je donne mon corps en sacrifice, plutôt que celui de Bacchus!

J’ai beaucoup observé ma relation à l’alcool, sans aucun égard ni culpabilité. Je savais que j’en consommais trop et que j’étais en dépendance à ce point que parfois il me manquait des morceaux de la soirée, le lendemain d’une fête. J’étais incapable de m’arrêter: je recherchais un bien-être et des réponses qui n’étaient pas au fond de la bouteille. J’aimerais cependant que vous sachiez que vous n’avez pas à vous culpabiliser ni à culpabiliser quelqu’un, au hasard votre conjoint, quand vous buvez ou qu’il boit régulièrement, si c’est raisonnablement. De toute façon, si c’est trop, vous le savez et il le sait parfaitement. Vous avez pu avoir un père ou une mère alcoolique et vous avez développé une phobie de ce produit, alors mesurez vos réflexions, autant que l’autre mesurera sa consommation. Parce que c’est votre peur qui parle et non son alcoolisme, vous risquez de lui mener une vie impossible pour pas grand-chose. Parlez de vos peurs et trouvez ensemble une zone de confort. Quant à vous, si vous êtes soûl tous les jours, vous avez effectivement quelque chose à régler. Mais si c’est seulement à l’occasion et que vous ne mettez la vie de personne en danger, vous avez simplement un petit ajustement à faire et c’est réglé.

C’est une question de stratégie: autorisez-vous à boire un apéritif et quatre verres de vin ou moins, que vous boirez lentement. Vous vous demandez pourquoi vous ne vous contrôlez pas? Vous allez comprendre: il y a un phénomène de synchronisation. Quand vous êtes bien avec des amis, sur la même longueur d’onde, dans le plaisir et la boisson, vous vous entraînez les uns les autres. Parce qu’il y a toujours celui qui consomme plus vite que les autres et qui remplit systématiquement les autres verres quand il remplit le sien. Du coup, quand vous voyez, et c’est inconscient, quelqu’un lever son verre, vous le faites aussi. Si vous proposez à chaque personne de se servir quand elle le désire, vous remarquerez que chacun est seul maître à bord et boit moins. Essayez et vous serez surpris.

Quand je vivais avec Jim, qui ne buvait presque pas, je me faisais traiter, ainsi que tous mes amis, d’alcoolique. Alors qu’à l’époque, j’étais encore raisonnable et ce qu’il disait ne me touchait pas. Je n’ai jamais su pourquoi il développait une telle aversion pour l’alcool, qu’il avait justifiée par un gros mensonge, ce que je découvris plus tard. Quand je tombais vraiment dedans, à la fin de son règne, sa rengaine à ce sujet était toujours la même, sauf que, moi, je savais que je glissais lentement et vraiment, à ce moment-là.

Autre démystification: soyez confortable quand vous buvez du vin chez vous alors que vous êtes seul. J’en entends qui éprouvent le besoin de se justifier parce qu’on les a culpabilisés. Si vous êtes en couple et que vous buvez du vin tous les jours, raisonnablement, c’est votre droit et votre plaisir. Mais pourquoi faire croire au célibataire que, parce qu’il ouvre une bonne bouteille de vin ou qu’il boit une bière, il est alcoolique parce qu’il boit seul? Quand cette personne-là arrive dans mon bureau, ce n’est pas l’alcool qui lui sort par les pores de la peau, c’est la culpabilité! Elle se croit alcoolique alors qu’elle est dans le plaisir. Il n’y a aucune loi interdisant d’ouvrir une bonne bouteille ou de boire quoi que ce soit d’alcoolisé quand vous êtes seul. Malgré les excès que j’ai pu faire dans ce domaine, je n’attends pas que des amis débarquent chez moi pour ça. J’aime aussi cuisiner pour ma fille et moi et accompagner de vin mes bons petits plats. Vos convenances réclament-elles que je me mette au bord de la route pour arrêter le premier qui passe et le convaincre de venir boire un coup avec moi, afin de soulager ma culpabilité? Je vous encourage à être raisonnable, autant dans le jugement que vous portez sur vous et celui que vous portez sur les autres qu’en buvant. Dépasser la limite, occasionnellement, n’est pas puni par la loi, juste par votre foie!

Ça ne sert à rien que quelqu’un vous dise que vous buvez trop, que vous fumez trop ou que vous êtes trop accro à une personne qui ne vous convient pas: vous le savez déjà. Même si son intention positive est de vous protéger, vous êtes agacé et vous vous refermez. L’alcool n’est qu’un signe et si quelqu’un veut vous aider, qu’il se préoccupe des raisons qui vous poussent à boire plutôt que du fait que vous buvez. Si on vous demandait plutôt ce que vous ressentez dans ces moments-là, ce que vous apportent vos excès? Cela signifierait que vous êtes accepté comme vous êtes, qu’on ne vous juge pas et qu’on essaie de vous aider. Et si vous me permettez un conseil, ne laissez personne vous dire ce qu’il y a de pire: «Je m’inquiète pour toi.» Parce que s’inquiéter n’a jamais aidé personne. En revanche, ça nie totalement le fait que vous soyez capable de vous en sortir. Demandez-vous ce que vous diriez à un ami qui serait dans votre situation et comment vous l’aideriez à réfléchir. Toute autre attitude risque de vous fâcher et de vous pousser à couper toutes relations, car ceux qui veulent vous aider ne voient pas le monde tel que vous le voyez. D’autant que vous êtes dominé par votre programmation de dépendance, dont on vous demande de vous séparer. Autant retirer la bouteille d’oxygène à un plongeur en eaux profondes! Les dépendances sont comme les roulettes pla­cées de chaque côté d’un vélo d’enfant: si on vous les arrache avant que vous ayez appris à pédaler et à trouver votre équilibre, vous tombez!

Vous avez un problème de poids et au lieu de travailler sur les raisons qui vous poussent à vous suralimenter, vous supprimez le symptôme en arrêtant de manger: vous venez d’arracher vos roulettes. Résultat: vous tombez, vous culpabilisez, vous souffrez et vous mangez encore plus pour compenser. Du coup, vous remettez vos roulettes pour repartir avec encore plus de poids. Si votre corps s’enveloppe sans raison médicale, c’est pour une bonne raison qui est souvent la protection. De quoi avez-vous besoin de vous protéger? Dès que vous aurez trouvé, vous perdrez du poids en vous aidant d’un régime et d’un peu de sport. Là, adieu les roulettes et vive la liberté: vous pourrez pédaler!

Qui serait assez fou pour se jeter à l’eau sans bouée quand il ne sait pas nager?

J’avais accepté cette dépendance à l’alcool, qui m’aidait ponctuellement à survivre, intimement convaincue qu’elle disparaîtrait quand j’aurais trouvé mon équilibre. C’est exactement ce qui s’est produit. Je m’étais cependant trompée sur un point: j’étais convaincue qu’elle disparaîtrait dès que je serais en couple. Elle a cessé bien avant ; et ce n’est pas en l’autre que se trouve la solution, c’est bien en vous. Si vous décidez de vous libérer d’une dépendance, faites-le pour vous, uniquement. Car si vous le faites pour l’autre et qu’il vous quitte, vous avez un beau prétexte pour replonger.

Encore une fois, ces lignes sont à consommer avec réserve et modération, parce que l’alcool reste un mauvais réflexe, même si j’ai l’impression qu’il m’a aidée dans les moments vraiment dou­loureux. Cependant, je n’ai jamais dit que c’était une bonne idée. Avant de tomber dans ce style de fausse solution, faites-vous aider par des professionnels. Ils vous épauleront et vous guideront pour reconstruire votre confiance en vous et votre estime, sans tomber dans des ersatz qui altèrent la santé et dont il peut être difficile de se débarrasser.

Ça m’a pris du temps pour reconstruire ma confiance et mon estime, parce que je l’ai fait seule. Et le jour où j’y suis arrivée, j’ai tout naturellement rejeté l’alcool, sans le moindre effort: je n’avais plus besoin de roulettes parce que je n’avais plus besoin de réconfort. Je puise ma force quotidiennement dans la fierté de ce que j’ai construit pour être ce que je suis aujourd’hui. Ma relation avec l’alcool est maintenant dans le plaisir et la modération et seulement quand le vin est bon.

Et si vous ne réussissez pas à garder de bonnes relations avec l’alcool, le mieux est d’arrêter définitivement.

Quand vous développez ce que vous avez de beau en vous et que vous le cultivez, les compulsions peuvent s’essouffler et vous êtes en mesure d’arrêter, presque sans effort, si ce n’est celui d’une dépendance physique et encore, de boire ou de fumer ou de vous droguer ou de dépendre de l’affection des autres. Car le bonheur, le fait d’être bien dans votre peau et d’avoir retrouvé la maîtrise de votre vie peuvent faire des miracles.

J’ai mis du temps à comprendre que j’avais des choses à régler et que j’avais provoqué les situations dans lesquelles je me retrouvais. Ce fut difficile de réaliser que j’avais des névroses à déprogrammer et il aura fallu que Jim, le deuxième conjoint, ressemble comme deux gouttes d’eau à Jules, l’ex-mari, pour que je reçoive un électrochoc et que je me décide à changer. Il fallait que je comprenne ce qu’il s’était passé parce que j’avais redoublé ma classe et je n’avais certes pas l’intention de la tripler!

Je me doute que vous vous posiez des questions au sujet de l’éducation que vous donnez à vos enfants. Sachez que s’ils reçoivent de l’affection, s’ils sont complimentés pour ce qu’ils font de bien et informés de ce qu’ils font de mal, s’ils se sentent protégés, ils deviendront probablement des adultes autonomes, capables de naviguer en société. Et si quelques problèmes surviennent après votre règne, ils auront suffisamment de résilience pour retrouver leur stabilité. Faites-leur confiance, en vous faisant confiance.

Quant au chapitre de vos parents, leur en vouloir toute votre vie ressemble à l’histoire du cheval attaché à un arbre avec un nœud coulant autour de l’encolure. Effrayé par un bruit quelconque, il se met à reculer et en reculant, il tire sur la corde, serrant le nœud autour de son encolure, et plus il sent le nœud l’étrangler, plus il tire et plus il tire, plus il s’étrangle, jusqu’à s’asphyxier. Il lui suffit pourtant de se rapprocher de l’arbre pour desserrer le nœud coulant. À moins d’actes de barbarie ou d’inceste, tirer sur la corde ne sert qu’à vous étrangler. Vos parents restent vos parents quoi que vous fassiez et quoi qu’ils aient fait, considérant qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient, ce qu’ils pensaient être le meilleur choix pour vous et pour eux. Et si vous réfléchissiez à leur intention positive?

Cependant, vous ne pouvez aimer que des gens aimables et s’ils ne le sont pas, s’ils continuent à saboter votre confiance et votre estime, alors que vous vous évertuez à les développer, vous avez un choix à faire: eux ou vous!

J’étais très fière de ma mère et de moi parce que je croyais que nous avions eu la capacité d’entrer en relation: Faux! Ça m’aura pris quarante-cinq ans pour réaliser qu’elle ne m’aime pas, que je ne l’aime pas non plus et qu’il n’y a jamais eu de relation. Quand on me reproche d’avoir coupé les liens avec elle (je l’ai éliminée de ma vie), je réponds en souriant: «Les liens? Quels liens? Encore eût-il fallu qu’il y en ait eu pour pouvoir les couper.» Cette femme, bien incapable d’aimer (ce qui s’explique par son passé) n’a créé aucune relation avec moi, si ce n’est celle qu’un adjudant-chef peut avoir avec les soldats qu’il commande. Nous sommes nombreux à avoir été «dressés» plutôt qu’élevés.

Souvent, je pose la question à mes clients: «Aimez-vous votre père/mère?» Et la réponse qui tombe régulièrement, après un moment d’hésitation est la suivante: «Mais oui, ce sont mes parents!» Et alors? Nous avons tous cru que les aimer était une obligation jusqu’au jour où nous découvrons que, s’ils ne sont pas aimables, il est donc impossible de les aimer. Il est peut-être temps, dans votre cas, de réaliser que vous ne les aimez pas et que vous en avez le droit: aucune loi ne vous y oblige, à part vous. Pas aimable, pas aimé!

Et si vous constatez que la relation est impossible, pour les raisons déjà invoquées, vous aurez au moins essayé. Pas de regret.

Les parents détiennent la plupart des solutions pour défaire les nœuds du passé. Je l’ai constaté dans ma propre histoire et au travers des personnes qui me consultent et qui sont bien souvent en conflit avec ceux qui les ont mal programmés. La haine et la rancune sont des obstacles à l’épanouissement personnel et le pardon est souvent la solution. Pour autant que ce que vous avez subi soit pardonnable. N’allez pas vous jeter dans de grandes souffrances parce que vous ne parvenez pas à pardonner ce qui est impardonnable. Parfois, avec le temps, le dialogue peut s’installer et la compréhension aussi. Et si vos parents ou vos enfants essaient de vous parler, écoutez-les, qu’avez-vous à perdre? Car les blessures du passé se répercutent à bien des niveaux de votre vie actuelle et sur bien des générations. Et si ce sont eux qui refusent de vous écouter, jetez sur papier ce que vous avez sur le cœur et envoyez-leur ou déposez votre lettre sur leurs tombes. L’important étant que, quoi que vous ayez à reprocher ou à vous faire pardonner, vous le disiez, pour vous donner la chance d’en guérir. Car ce que vous n’exprimez pas, le corps l’imprime et le traduit par des maladies.

Si j’avais un grand besoin d’affection et de reconnaissance, je n’avais en revanche pas le besoin de protection, car je me sentais très protégée par mes parents et mes grands-parents. D’autant qu’une fois, vers l’âge de 13 ans, un homme dont l’attitude avait quelque peu dérapé à mon égard, eut affaire à mon père: il fit en sorte qu’il ne s’approche plus jamais de moi. D’autres n’ont pas eu cette protection. Mon père et mon grand-père auraient bien également dit deux mots à Jules, le père de ma fille, mais je leur demandais de ne pas intervenir, et c’est bien par amour pour moi qu’ils ne l’ont pas aplati, après avoir appris comment il me traitait.

 

8.     Moi, Pascale Piquet, ancienne joueuse des Desperados

N’avez-vous pas remarqué combien la vie est bien faite? Une névrose est une faille que vous trimballez et vous trouverez toujours quelqu’un pour s’y engouffrer. Bien sûr, quelqu’un qui n’est pas pétri de bonnes intentions à votre égard, oh que non, car il a lui-même sa propre névrose à alimenter. Ce sont, dans mon monde à moi, des rencontres de névrose(s) à névrose(s) puisque celles de l’un nourrissent celles de l’autre et réciproquement. Et l’amour dans tout ça? J’ai bien peur qu’il soit inexistant, incompatible avec la névrose. Je pense que l’amour pousse à aimer (La Palice!), alors que la névrose pousse à s’attacher. Pensez-vous que celui qui boit ou fume ou se drogue ou se laisse maltraiter aime l’alcool, la cigarette, la drogue ou son tortionnaire? À part à Stockholm, mais là encore, il s’agissait d’une véritable histoire d’amour. La dépendance et l’amour ne font pas bon ménage.

Dans le cadre de la dépendance affective, le Desperado est programmé pour donner sans condition afin d’être aimé et reconnu ; et le Trou noir affectif, pour prendre sans reconnaître et sans jamais rien donner ou très peu en échange. Où voyez-vous de l’amour?!

Côté Tarzan, j’ai donné, virevoltant de liane en liane, avec ma petite peau de bête sexy, dernier cri ou pendue par deux fois à la même, rien ne me fut épargné. Vous vous demandez à quelle sorte de Tarzan j’appartenais, bien que vous ayez déjà votre petite idée sur la question. Eh bien pour être franche, j’ai passé une grande partie de ma vie dans la peau du Desperado bien qu’il me soit arrivé, je dois le reconnaître, d’essayer le costume du Trou noir affectif. Comme je vous l’ai déjà expliqué, vous naviguez de l’un à l’autre, selon les circonstances, bien que marqué par l’un des deux. Plusieurs personnes souffrant de ce syndrome sont venues me consulter quand elles étaient Desperado alors qu’elles avaient été Trou noir affectif toute leur vie. L’une d’elles en particulier m’avoua que, jusqu’à cet homme qui la faisait souffrir, elle avait toujours obtenu des hommes tout ce qu’elle voulait. Elle ne comprenait pas pourquoi, cette fois-ci, c’est elle qui se pliait à toutes ses exigences, sans rien obtenir en échange. N’avez-vous jamais entendu parler de quelqu’un qui faisait toujours pleurer ses conquêtes, jusqu’au jour où ce fut son tour d’y goûter?

Une femme Desperado, frappée par son ex-mari, devint un violent Trou noir affectif avec le suivant. Une autre, Desperado, trompée par les deux précédents, se mit à tromper le dernier. Un homme Desperado, humilié par son ex, devint un Casanova sans cœur. Un autre, Trou noir affectif jusque-là, se retrouva à plat ventre devant une plus Trou noir affectif que lui. Et voilà comment vous vous programmez toute votre vie, au gré de mauvaises expériences. Vous faites payer au suivant ce que le ou les précédents vous ont fait. Mais si ce dernier reste avec vous, au lieu de s’enfuir à toutes jambes, c’est qu’il a lui aussi quelque chose à régler!

En ce qui me concerne, j’étais marquée Desperado. Si la plupart des personnes dans ce cas ont peur du vide et donc du célibat, je dois dire que la solitude ne me pesait pas: je m’étais adaptée, Darwin vous l’aurait expliqué mieux que moi, car le combat cessait souvent faute de combattants ou d’amants à me mettre sous la dent. J’étais quand même une spécialiste des grands névrosés et à moins de 9 sur l’échelle, ça ne m’intéressait pas. Il n’y en a pas tant que ça! Je me reposais donc entre deux lianes, mais restais prête à bondir sur le premier névrosé digne d’intérêt. Bref, j’allais de Trou noir affectif en Trou noir affectif, changeant probablement parce que ces garçons-là n’étaient pas encore assez atteints pour m’arrêter. Quoi que certains étaient pourtant assez gratinés. Jusqu’au jour où je suis tombée sur l’homme idéal… pour nourrir ma névrose: Jules, mon futur mari. Un magnifique spécimen de Trou noir affectif, capable d’engloutir toute mon affection, mes efforts désespérés à nous construire un bonheur sans pareil, mes espoirs et mes ambi­tions, mon mariage, ma grossesse, mon argent, sans oublier ma confiance et mon estime de moi. Un véritable aspirateur: tout y passa!

Et comme je réussissais à m’en débarrasser, sans avoir pour le moins réfléchi à ce qui m’avait poussée vers cet homme, je repris ma vie de liane en liane et je tombai à nouveau sur le même que lui. Pardon: pire que lui! Je les croyais pourtant totalement différents, deux opposés! Je m’étais simplement laissée abuser par l’année de fabrication: Jules, modèle de 1952 alors que le nouveau était un modèle de 1975! Je croyais avoir mis la main sur le prototype dernier cri, toutes options comprises! Du haut de ces pyramides où trente-sept années me contemplaient, je me jetais allègrement dans la gueule du second Trou noir affectif avec volupté!

Peut-être êtes-vous curieux d’en savoir plus sur ceux avec lesquels je n’ai pas vécu, vous savez les «gratinés». Dans le genre Trou noir affectif, ils avaient du métier: ils se servaient de moi à tous les niveaux et je ne le voyais pas, aveuglée par ma quête d’affection et de reconnaissance. Entre celui qui s’automutilait, celui qui avait décidé de se suicider à 30 ans, ceux qui ne savaient pas s’ils préféraient les hommes ou les femmes (je n’ai jamais su si j’ai influencé leur choix), celui qui se servait de son beau physique pour extorquer de l’argent alors qu’il sortait de prison, celui qui racontait qu’il avait vu mourir sa fiancée écrasée par un camion sous ses yeux (l’histoire changeait à chaque fois) et j’en ai certainement oubliés, vous avouerez que je les accumulais!

Je vous sens sceptique parce que vous ne voyez pas comment le Desperado et le Trou noir affectif se repèrent. C’est simple, ils émettent tous deux un signal différent, reçu par le subconscient de l’autre. C’est un dialogue subliminal qui dit à peu près ceci pour le Desperado: «J’ai besoin de reconnaissance et d’affection et je suis prêt à tout te donner pour en avoir.» Il croisera un prédateur Trou noir affectif dont la réponse sera: «J’ai besoin de reconnaissance et d’affection et je suis prêt à tout pour en prendre», mais la petite clause illisible qui est toujours en bas de la page du contrat, donc inaudible, dit: «Mais je ne te donnerai rien en échange». Et le tour est joué: le Desperado tient sa liane et le Trou noir affectif, son distributeur automatique d’affection.

Une femme pour laquelle le rôle du Desperado n’avait plus de secret, entièrement sous l’emprise d’un homme qui la faisait souffrir et incapable de le quitter, me demanda de l’hypnotiser afin qu’elle l’oublie totalement. Je lui répondis que même si cela était possible, la première chose qu’elle ferait, en sortant de chez moi, serait de tomber sur un autre prédateur aux comportements identiques. «Ce n’est pas lui qu’il faut changer, Madame, c’est vous», lui ai-je expliqué. Car, étant donné le signal qu’elle émettait, aucun prédateur ne pouvait s’y tromper!

Comprenez bien que tout cela se produit dans l’inconscient. Celui qui donne, pas plus que celui qui prend, n’est conscient de sa programmation. C’est étrange de constater que le Desperado nourrit largement le Trou noir affectif, qui, lui, nourrit la névrose du premier en ne lui donnant justement rien. Et c’est en ne lui donnant rien ou que très peu qu’il le tient. Mais s’il le fait souffrir, ce n’est pas de la méchanceté gratuite: c’est un réflexe, une stratégie de survie.

Une personne est en train de couler et quand arrive le maître-nageur pour la sauver, que fait-elle? Elle s’agrippe à lui pour garder la tête hors de l’eau, pour respirer, au risque de le noyer. Pourquoi croyez-vous que les sauveteurs ont quelques trucs pour neutraliser les personnes en difficulté? Pensez-vous que celui qui se noie a décidé de tuer celui qui vient le sauver?

Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à frapper son conjoint? Un réflexe qui a été programmé. La seule chose à lui reprocher est de ne pas se faire soigner. Car ça se déprogramme au même titre que n’importe quoi. Les personnes aux comportements impulsifs ou violents ne sont pas plus condamnées à le rester toute leur vie que celles qui subissent les coups ou ont des phobies, des allergies ou un manque de confiance en elles. Tout peut se déprogrammer si vous en avez la volonté.

Une fois de plus, comprendre ne signifie pas excuser ; cependant pardonner vous permet de retrouver la paix, dès que vous vous êtes suffisamment éloigné pour être hors d’atteinte.

Le syndrome de Tarzan vous met définitivement en situation de survie: un homme dans la cinquantaine venait d’être quitté et ne supportait pas de vivre seul. Il essayait de séduire toute femme passant à sa portée. Voici comment il exprima ses souffrances, complètement paniqué: «Je n’ai plus personne à qui offrir des fleurs, à gâter, à emmener au restaurant, plus personne à qui faire plaisir. À qui vais-je donner tout ce que j’ai à donner maintenant?» «À vous», ai-je répondu. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Et si vous deveniez dépendant affectif de vous-même et que vous commenciez à vous chouchouter. À aucun moment il n’a dit qu’il l’aimait et qu’elle allait lui man­quer. Il pleurait sur tout ce qu’il ne ferait plus pour elle. Encore une fois, nous ne parlons pas d’amour mais de liens, d’attache­ment, de gestes posés dans un but de reconnaissance. Nous ne parlons pas de sentiments.

Pourquoi refusez-vous de lâcher cette liane qui ne vous rend pas heureux et vous fait même souffrir? Par peur de la solitude dans un premier temps, car vous êtes incapable de vivre seul, puis par peur de ne pas trouver quelqu’un d’autre rapidement. Les peurs sont alors plus fortes que les souffrances. Vous restez attaché à celui ou celle qui vous fait souffrir ou que vous faites souffrir, grignotant votre capital santé physique et mental ou le sien, car votre conjoint et vous préférez déclarer des maladies graves plutôt que vous séparer. Vos névroses passant avant votre santé, rien ne vous forcera à lâcher!

C’est ainsi que des personnes viennent me voir pour que je les aide à gérer des douleurs physiques et des maladies déclenchées par la dévalorisation qu’elles acceptent de la part de leur conjoint. Elles ne me demandent pas de remonter leur estime et leur confiance pour être en mesure de quitter leur tortionnaire, surtout pas! Elles viennent chercher la force d’endurer ce que l’autre leur fait subir. J’en discute avec elles pour leur faire comprendre qu’elles ont des décisions à prendre et que je ne suis pas en mesure de leur fabriquer une armure. D’autant que la mission d’un coach est d’aider chaque personne à défendre sa liberté pour pouvoir fonder un couple dans le respect mutuel. Aimer, ce n’est pas être lié l’un à l’autre par quelque obscur contrat névrotique, c’est être libre de construire à deux.

Vous n’avez toujours pas déterminé si vous êtes équilibré dans votre vie affective ou si vous virez au Tarzan foncé? Posez-vous cette question: qui porte la culotte dans votre couple? Et vous aurez la réponse à deux questions: vous saurez si vous êtes dans le camp de Tarzan, parce que dans le camp des équilibrés, il n’y a pas de culotte à porter, et vous déterminerez si vous êtes Desperado ou Trou noir affectif.

Et puis, avez-vous réglé le passé avec vos parents? Conservez-vous des souffrances et des rancunes vis-à-vis d’eux ou avez-vous pardonné, dans la mesure où c’est pardonnable? Ou peut-être avez-vous simplement (ou allez-vous simplement) décidé de mettre un terme à une non-relation. Étudiez également l’enfance de votre conjoint et vous serez étonné de ce que vous découvrirez. Car n’oubliez pas: si vous êtes dépendant affectif, il ou elle l’est aussi!

Si vous vous êtes inscrit dans le cercle vicieux du «cours après moi que je t’attrape», l’un de vous, voire les deux, souffrira ou souffre déjà. Cette souffrance est le premier symptôme révélateur d’une rencontre de névrose(s) à névrose(s) qui n’est pas, je vous le rappelle, une histoire d’amour. À quoi reconnaît-on une histoire de dépendance affective? Aux souffrances!

Une belle histoire d’amour? Au bonheur!

Pourquoi ignorez-vous volontairement la personne que vous convoitez? Pour qu’elle vous coure après, sinon c’est elle qui va vous ignorer. Ce discours est propre aux dépendants de Tarzan, parce que dans le monde des personnes équilibrées, l’une va vers l’autre, sans stratégie et en toute liberté. Sinon, vous jouez au billard à trois bandes et vous en mesurerez les effets dans l’un des chapitres suivants.

Tous les Trous noirs affectifs que j’ai fréquentés, après Jules et avant Jim, sont revenus me chercher après que j’ai rompu. Pourquoi? Parce que j’étais tellement en demande vis-à-vis d’eux, qu’ils avaient obtenu de moi tout ce qu’ils voulaient et ne pouvaient imaginer que ça s’arrêterait. Moi, je dépassais mon seuil de tolérance et je partais. Réalisant que personne ne les nourrissait plus, ils revenaient en courant. Mais la place était déjà prise parce que j’étais dans ma période «boulimie reconstructive».

Avec le recul, je me rends compte que j’étais bien la seule à rompre, car Jules et Jim, eux, n’avaient pas rompu. Ils continuaient à rester attachés à leur liane. Quand Jules réalisa que Jim était dans la place, il se rabattit sur sa maîtresse. Quant à Jim, après moi, il eut des aventures à tour de bras jusqu’à trouver la bonne proie, adepte elle aussi de Tarzan. Je dus lui expliquer rageusement qu’il m’insultait chaque fois qu’il me proposait de coucher avec lui, surtout qu’il entretenait une relation. Mais pour lui ce n’était pas la tromper parce que, disait-il: «Avec toi ce n’est pas pareil.» J’étais sa mère, nourricière de ses névroses, pourquoi ne lui aurais-je pas redonné le sein, à l’occasion, en souvenir du bon vieux temps? D’autant que, comme il le souligna, je n’avais personne dans ma vie et il était prêt à me rendre ce service. Je vois, à votre sourire, que vous avez déjà entendu ou prononcé ce discours-là!

En fait, que vous soyez Desperado ou Trou noir affectif, quand l’autre vous quitte, vous conservez un lien névrotique et lui restez attaché, parce qu’il vous a échappé et, pire, il vous a rejeté. Ce n’était pas une question de sexe qui ramenait les deux vers moi puisqu’ils avaient comblé le poste de ce côté-là. C’est bien autre chose, plus profond, plus obscur. Vous avez été maltraité, humilié, vous avez tout donné, tout supporté et pourtant l’autre est parti ; et la seule chose que vous attendez, c’est son retour.

Le plus étonnant, c’est que vous avez été abandonné et vous souffrez mille morts, puis vous décidez de vous en sortir et de faire une thérapie ou un coaching. Vous retrouvez votre con­fiance et votre estime et un autre monde s’offre à vous: celui des gens équilibrés. Alors, l’autre revient vous chercher, car dans son inconscient, c’est vous qui venez de lui échapper. Ils reviennent presque toujours! Il a senti que, bien qu’il vous ait quitté, vous n’êtes plus le libre-service que vous étiez. Et vous, quand il cherche à revenir, peut-être en vous suppliant, vous mesurez l’ampleur de la névrose que vous nourrissiez et la boucle est bouclée: vous refusez de retomber dans ce style de relation. Je l’ai non seulement vécu, mais observé chez les autres. Et quand j’explique à mon «coaché» que la personne qui l’a quitté va revenir, il ne me croit jamais. Puis un jour, il revient et me dit: «Vous n’allez pas me croire, il me demande de revenir!» Oh si, je le crois. Et là vient le test suprême: allez-vous y retourner?

Entendons-nous bien: je n’ai pas dit que tout le monde doit être équilibré dans ses relations intimes, je dis seulement que c’est dommage de souffrir. Et que si vous souffrez ou si vous n’êtes pas heureux, c’est à vous de décider: vous pendre à votre liane ou changer.

Vos petites névroses peuvent vous conduire vers des rivages accueillants, à ce point que vous pensez être heureux. Et c’est peut-être vrai. Peut-être que c’est bien votre cœur qui vous a mené jusqu’à la bonne personne. Qui sait? Seul l’avenir vous éclairera. Par exemple, vous avez la trentaine ou moins et vous cherchez désespérément votre père au travers de vos amants. Vous tombez un jour sur un homme dans la cinquantaine, qui vous reconnaît au niveau de votre jeunesse et de votre fragilité puisqu’il a le syndrome du sauveur. Vous vous entendrez à merveille et il se peut que personne ne souffre. Il en va de même quand un garçon de 25 ans cherche sa mère et tombe sur une femme de 40 ans qui a besoin de materner. Et là encore, je sais de quoi je parle pour l’avoir expérimenté: souvenez-vous, le modèle de 1975! Pourtant, je claironnais à qui voulait l’entendre qu’il ne cherchait pas sa mère et que j’avais déjà une petite fille pour assouvir mes instincts maternels. La suite de l’histoire m’a définitivement convaincue qu’il avait effectivement fait un transfert. Quant à moi, je voulais désespérément le voir comme un homme, du haut de ses 22 ans, et quand le vernis a craqué, l’enfant en dépendance affective est apparu et le fossé s’est creusé entre nous.

Je suis convaincue que l’âge ne peut être un obstacle au bonheur quand vous rencontrez votre âme sœur. Si les réponses à votre enquête sont positives (bonnes relations avec les parents, passé avec les ex réglé et volonté d’être heureux à deux), les épreuves liées à cette différence viendront également tester la solidité de vos sentiments. Combien de fois m’a-t-on demandé comment allait «mon fils», avec une petite pointe d’incertitude ou de jalousie dans la voix. Ça me faisait sourire. Votre couple est parfois plus soudé que la plupart, quand il s’agit d’une véritable histoire d’amour ou quand les névroses sont réglées. Ne dit-on pas que l’âme n’a pas d’âge?

Cependant, si l’histoire s’est répétée avec plusieurs conjoints avec lesquels ça n’a pas fonctionné et que vous en souffrez, peut-être est-il temps de vous déprogrammer…

Vous avez parfaitement le droit de rechercher votre père ou votre mère dans une relation de couple, si ce rôle convient à votre partenaire et que vous êtes satisfaits tous les deux.

En tant que femme Desperado, le syndrome du sauveur se traduit par un instinct maternel hypertrophié dans la relation de couple. Mais chez l’homme Desperado, c’est différent. Vous souhaitez souvent compenser un physique que vous estimez peu avantageux par la volonté de sauver une femme en détresse, dont le cœur a été brisé par un ou plusieurs autres et que vous lui proposez de réparer. Vous considérez alors que votre seule chance d’attirer une jolie femme, voire une femme tout court, est de lui proposer autre chose que votre physique, car dans votre tête, les belles vont exclusivement avec les beaux. Alors vous la gâtez, vous vous pliez à ses quatre volontés, car vous pensez que c’est à ce prix qu’elle restera. Et vous avez raison, dans un premier temps, puis votre dévouement lui pèse et dès qu’elle va mieux, son cœur recollé, elle s’en va en vous expliquant qu’elle n’est pas prête à s’engager. Et à votre grand désarroi, elle se rue sur le premier «dealer» d’affection qui la maltraitera. En fait, elle est une Desperado qui s’est transformée en Trou noir affectif pour l’occasion, parce que vous êtes plus Desperado qu’elle. Mais vous ne la nourrissiez pas suffisamment: pas assez indifférent et beaucoup trop prévenant. Pourquoi certaines femmes, ce qui vous fait dresser les cheveux sur la tête, préfèrent les voyous à vous? Pas parce qu’ils sont doux et affectueux! Je vous conseillerai alors d’être votre propre sauveur car c’est vous qu’il est souhaitable de réparer en travaillant sur votre confiance en vous et votre estime. Vous méritez, quel que soit votre physique, une belle personne équilibrée, quand vous l’êtes aussi.

Moi, en tant que Desperado, j’étais ce style de femme, à la névrose masochiste, incapable de rester avec un homme dont les névroses n’étaient pas assez prononcées. Il me fallait un Trou noir affectif musclé et non un Desperado prêt à me donner tout ce que je désirais. Je sais combien ça paraît fou et j’en ris aujourd’hui. Je me souviens de l’angoisse que je ressentais quand l’un d’eux voulait quelque chose de plus sérieux. J’appuyais sur le siège éjectable immédiatement pour m’en débarrasser. Cependant, il n’est pas plus sain de vouloir tomber sur une personne que vous devez sauver que de tout faire pour écarter celui qui vous veut du bien, au bénéfice de celui qui va vous malmener.

Il existe aussi des rencontres de petites névroses à petites névroses qui vous permettent d’être heureux ou de croire que vous l’êtes, puisque vous ne souffrez pas ou du moins pas encore. Il faut bien avouer qu’il est difficile de savoir ce qu’est le bonheur si vous n’avez jamais souffert. Et ce n’est pas parce que vous n’avez jamais souffert que vous êtes forcément heureux.

En revanche, si vous avez la quarantaine ou cinquantaine et que vous quittez votre épouse pour une femme de 20 ans de moins, ce n’est pas votre femme qui a une névrose à régler, c’est vous! Ne vous flagellez pas, Madame, parce que vous n’avez plus le corps d’antan: c’est votre mari qui essaie par tous les moyens d’échapper à l’angoisse de la vieillesse et de la mort. Quant à vous, Monsieur, vous courez simplement après la jeunesse en courant après celle d’une autre. C’est sûr, Madame, que ça fait mal quand Monsieur s’en va, mais vous voilà débarrassée d’un mari infidèle et névrosé! Avez-vous pensé que c’est peut-être votre chance de trouver enfin l’amour puisque, si vous avez le cran de regarder la vérité en face, ça ne tournait pas très rond depuis une bonne dizaine d’années entre lui et vous. Alors, même à 50 ans et plus, si vous travaillez sur vous pour reprendre confiance et si vous déterminez exactement qui vous voulez, vous finirez par trouver celui qui vous attend, peut-être depuis longtemps. Parfois même, il n’est pas très loin de vous. Ouvrez les yeux plutôt que vous morfondre en ressassant les vieux souvenirs (parce que les plus récents ne sont pas si formidables!) et en haïssant cette jeunette qui a ses faveurs aujourd’hui, faveurs que vous n’aviez peut-être plus depuis longtemps. La place est libre, vous pouvez à nouveau tomber amoureuse (il n’y a pas d’âge pour ça!) et revivre les émotions d’un amour naissant, lequel vous renverra à votre propre jeunesse. Quand on aime, on a toujours 20 ans!

Je me souviens d’une dame qui me raconta son histoire dans un train. Elle s’était mariée jeune avec le seul homme qu’elle avait connu, un jeune cadre dynamique, et ils avaient une jolie petite fille et une jolie petite maison. Elle pensait qu’elle vivait le bonheur parfait, jusqu’au jour où son époux est parti avec sa secrétaire. Son monde s’écroula. Pour elle, le bonheur s’était enfui avec son mari. Elle vécut dans la peine et la souffrance, cherchant à comprendre ce qui s’était passé, jusqu’à ce qu’elle rencontre un célibataire endurci, une sorte d’ours que la vie (enfin les femmes!) avait poussé aussi à la solitude. Coup de foudre! Et arrêtez de me dire qu’un coup de foudre est destructeur. Ce n’est pas le coup de foudre qui est destructeur, ce sont les foudroyés névrosés! Quand vous rencontrez l’âme sœur, vous pouvez être des foudroyés comblés. Ils se sont mariés et vivent très heureux. Et la dame me dit qu’en fait son premier mariage n’était pas le bonheur, contrairement à ce qu’elle croyait. Aujourd’hui, elle fait vraiment la différence. Et devinez ce qu’elle a découvert grâce à son second mari, en plus du bonheur? Le plaisir sexuel! Eh oui, chose qu’elle n’avait pas connue avec le premier. Tout cela pour vous démontrer que celui qui part rend sa liberté à celui qui reste: à vous de vous morfondre ou de rencontrer le vrai bonheur.

L’expérience m’a enseigné qu’après une rupture, il est bon de faire une pause. Vous allez me dire que «les conseilleurs ne sont pas les payeurs». Eh bien si, car je suis restée célibataire pendant onze ans (je précise: seule et sans activité sexuelle), je n’ai laissé entrer aucun homme dans ma vie tant que je travaillais sur moi. Les deux dernières leçons m’avaient au moins enseigné ça! Je sais pertinemment que, si je n’avais rien compris, j’aurais passé l’épreuve autant de fois que nécessaire.

Je tiens néanmoins à vous rassurer (je lis la peur dans vos yeux!): vous n’aurez pas à rester onze ans célibataire: c’est mon histoire, pas la vôtre! Probablement que mon statut de coach réclamait que je passe par là pour vous transmettre ce que j’ai compris de la vie et vous faire prendre des raccourcis. J’avais également beaucoup de choses à remettre dans le bon sens dans ma tête et aucune aide pour me guider et me soutenir.

C’est pourquoi il est important pour moi d’éclairer toute personne qui cherche des réponses, même si elle ne devient jamais cliente. C’est affreux d’être perdu dans la souffrance sans comprendre pourquoi. J’avais moi-même la sensation d’être sur une coquille de noix, dans un océan déchaîné, sans savoir si la tempête allait s’arrêter. C’est peut-être ce que vous ressentez actuellement…

Il est amusant de constater comme vous attirez du monde avec un signal de névrosé et comme la place devient désertique avec un signal de personne équilibrée. Avec mon signal de Desperado, c’est fou tous les hommes que j’attirais. Parfaitement heureuse et prête au bonheur, je ne croisais plus aucun candidat. D’ailleurs, j’ai mis du temps à comprendre. Mettez-vous à ma place, je réintégrais le marché des célibataires et aucun homme ne s’approchait de moi: j’ai fini par me remettre sévèrement en question. Un ami m’a réconfortée: «Tu es trop vieille», m’a-t-il dit, croyant me rassurer. J’étais trop vieille pour les garçons de 25 ans, certes, mais tout de même pas pour ceux de mon âge! Puis j’ai compris: mon intime conviction est que plus vous tendez à l’équilibre, plus vous éloignez les prétendants névrosés, qui sont malheureusement bien plus nombreux que ceux qui sont équilibrés. Peu importe, car je n’avais pas besoin d’une armée: un seul suffisait!

J’imagine que vous l’avez compris: j’ai rencontré un homme, après onze ans d’abstinence. Un peu de patience, je vais vous raconter…

 

9.     Dans quelle équipe jouez-vous?

En résumé, névrosé, vous attirez des névrosés ; équilibré, vous attirez des personnes équilibrées. Vous ne me croyez pas? Faisons un petit test. Dans quelle catégorie vous placez-vous? Équilibré ou névrosé? Encore une fois, névrosé signifie que vous avez développé des troubles affectifs et comportementaux qui vous jettent dans les bras d’une autre personne névrosée. Si vous le souhaitez, nous pouvons nous entendre pour employer le mot «troublé» au lieu de «névrosé», c’est plus doux. D’autant qu’effectivement vous risquez d’être troublé par tout ce que vous avez lu jusqu’ici. Et si vous ne l’êtes pas du tout, c’est que vous êtes équilibré… ou complètement aveugle!

À ce stade, je sens venir une question: qu’est-ce que j’entends par équilibré? À mon sens, quand vous êtes équilibré, vous avez confiance en vous, tant dans votre vie privée que professionnelle, vous savez ce que vous valez et ce que vous voulez. Vous êtes heureux de vivre, seul ou à deux, vous aimez votre travail, au pire vous ne le détestez pas, vous avez des projets, une ou plusieurs passions et jamais de problèmes: que des défis à relever! Célibataire, vous attendez de trouver la bonne personne, aussi équilibrée et heureuse de vivre que vous.

Vous grimacez? Pas d’accord avec ma définition? Pourquoi?

Donc, si vous considérez que vous êtes équilibré, vous avez forcément un ou une conjointe qui l’est à quelques détails près, ne soyons pas rigides! Si vous jugez qu’il ou elle ne l’est pas, posez-vous des questions sur vous-même et il serait peut-être bon d’arrêter de claironner que vous vivez avec une personne névrosée, car elle ne sera pas la seule dans ce cas. Vous me suivez?

Si vous vous classez dans la catégorie «troublé», bravo pour votre honnêteté ; cependant vérifiez quand même si vous êtes juste avec vous-même. Si vous persistez, demandez-vous si votre conjoint l’est aussi. En général, il ou elle sera logé(e) à la même enseigne.

Si vous constatez qu’il est équilibré, c’est que vous l’êtes également et que vous vous êtes trompé sur votre cas.

Mes clients ont tendance à penser qu’ils ont un méchant problème et que leur partenaire est équilibré (l’autre le leur a fait croire). Je souris en leur expliquant qu’ils sont tous les deux au même niveau de névrose. Ébouriffés, ils mettent un certain temps à l’accepter tellement ils sont persuadés que l’autre est quelqu’un de bien et, eux, les mauvais. Puis, en décortiquant les comportements, je leur démontre qu’ils ne sont pas plus affectés que le conjoint: égalité! Une femme, que son mari avait traitée d’hystérique pendant plus de dix ans parce qu’elle disjonctait régulièrement, pensait que ce dernier, ainsi qu’il le lui avait souvent expliqué, était d’une grande patience envers elle. Voici ce qu’il se passait, en réalité: elle se fâchait parce qu’il était incapable de lui porter de l’attention, de lui donner de l’affection et de lui faire des compliments, Trou noir affectif qu’il était. Et lui, bien incapable de partir, endurait toutes ses colères. Son visage s’illumina quand elle comprit tout cela. Il n’avait pas plus été patient qu’elle était folle: ils étaient prisonniers du même piège et aucun des deux ne pouvant en sortir, ils s’affrontaient. Égalité, match nul, balle au centre!

Vous ne parvenez pas à vous situer ou vous craignez le résultat? Demandez à votre meilleur(e) ami(e) si vous ou votre partenaire avez un comportement amoureux standard ou excessif. Si c’est excessif, en quoi à ses yeux; mais là, faites tout de même la part des choses. J’espère que votre amitié est solide et précisez si vous souhaitez entendre la vérité.

Bon voilà, maintenant vous me détestez ou vous êtes soulagé?

Si vous refusez de vous soumettre à ce petit test, je vous comprends: il y a un temps pour chaque chose et surtout un temps pour la vérité. Et puis vous vous dites que ma théorie est un peu simpliste, eh bien je vous réponds que vous avez le droit de le penser, mais testez quand même, sait-on jamais, sur vos amis plutôt que sur vous-même. Si l’un d’entre eux vous semble parfaitement équilibré et qu’il vit avec une femme qui est troublée, il développe immanquablement une névrose que sa femme nourrit, sinon il serait parti.

Je vous parais implacable quand je vous conseille de quitter une personne qui se situe au-delà de 5 sur l’échelle et qui refuse de suivre une thérapie. Pourtant, si vous restez, c’est que vous avez aussi quelque chose à régler: le syndrome du sauveur ou de Stockholm, celui de la culpabilité qui vous pousse à sacrifier votre propre bonheur pour celui de l’autre. Que vous ne rendez d’ailleurs jamais heureux, mais dépendant. Pourtant, rester, c’est le pousser au vice, car il vous fait de plus en plus de mal, il est programmé ainsi, et vous en ressortez brisé, si vous en ressortez.

Je sais de quoi je parle: si je n’avais pas eu la peau si dure, j’y serais certainement restée. Avec le recu­l, je me suis souvent demandé comment j’ai traversé toutes ces souffrances par deux fois, en plus de toutes celles qui n’étaient pas liées à la dépendance, comme les accidents (vélo, moto, voiture et courses de chevaux) et les décès. Croyez-moi, je suis définitivement vaccinée: souffrir n’est plus ma tasse de thé!

Le plus surprenant est de constater que, si je n’avais pas croisé Jules et Jim, je serai restée le Trou noir affectif que j’étais dans la première partie de ma vie affective. Déconnectée de mes émotions, n’ayant jamais rien éprouvé pour les hommes que j’avais broyés précédemment, les deux ex, plus Trous noirs affectifs que moi, m’ont permis de me rebrancher à mes sentiments. Je m’en étais déconnectée progressivement, dans mon enfance et adolescence, pour vivre une vie d’adulte à l’abri de la souffrance.

J’ai d’ailleurs eu l’occasion de présenter mes excuses au tout premier sur lequel je m’étais fait les dents et c’est bien sur Jules et Jim que je me les suis cassées! Je ne les en remercierai jamais assez, même s’ils n’ont pas fait exprès.

 

10.   Les névroses ont leurs raisons que la raison ignore

Vous répondez donc à des programmations et celle de la dépendance affective non seulement vous empêche de tirer sur les rênes pour arrêter toute relation vouée à l’échec, mais bien au contraire vous pousse à vous y jeter, à cœur et à corps perdus. Je croyais, moi aussi, que l’amour était la roulette russe, la seule et unique balle représentant la véritable âme sœur: une chance sur six. Ou une sorte de loterie hasardeuse mettant n’importe qui sur ma route. Eh bien, pas du tout! Et ne me dites pas que «le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point» car je vous réponds immédiatement que «les névroses ont leurs raisons que la raison ignore!»

Pour commencer, vous n’avez pas la moindre idée de la personne que vous souhaitez rencontrer. Et là, j’entends souvent «je sais ce que je ne veux pas!» Dites-moi plutôt ce que vous voulez. Écrivez donc une lettre au père Noël en lui disant: je ne veux pas de train électrique, je ne veux pas de poupée, je ne veux pas de cheval à bascule, je ne veux pas d’ordinateur, je ne veux pas… D’ailleurs, il suffit de dire «je ne veux pas» pour que l’Univers entende «je veux». Vous avez remarqué? L’Univers est comme le subconscient: il n’entend pas la négation! Pour revenir au père Noël, vous le mettez dans l’embarras, il vous apporte donc ce qui lui tombe sous la main et, en général, ça ne vous plaît pas. Et c’est bien là que les ennuis commencent… En revanche, si vous lui expliquez que vous voulez une voiture électrique rouge avec des rayures noires et des jantes en aluminium, téléguidée, là vous êtes exaucé. Alors que certains tombent sur la bonne personne rapidement, parce qu’ils n’ont pas ou n’ont plus de névrose à régler, pour la plupart, vous tombez sur toutes sortes de «cœurs cassés». Est-ce le hasard qui les a placés sur votre route? Pas du tout! Dans ma philosophie de vie, le hasard a cela de commun avec le père Noël: on en parle beaucoup, on essaie de nous faire croire qu’ils existent mais… Ils n’existent pas! C’est votre névrose qui a gentiment déposé dans votre vie, le bon ou la bonne partenaire… pour travailler un gros problème chez vous. Et c’est parti pour un tour dans un début idyllique et une fin catastrophique. Enfin pour ceux qui réussissent à y mettre fin.

Personnellement, j’ai réussi les deux fois mais à quel prix: jura qu’on ne l’y reprendra pas… une troisième fois!

Quand j’entends «aimer, c’est souffrir», ça me donne immédiatement une idée précise de la vie amoureuse de celui qui vient de parler. C’est souffrir quand vous tombez sur une personne névrosée, pas quand vous tombez sur une personne équilibrée. Je me tue à expliquer qu’une histoire d’amour est une histoire simple: vous rencontrez une personne libre et vous l’êtes aussi, vous êtes tous les deux en paix avec vous-mêmes et vous avez le même désir de vie à deux; tout est facile et coule de source, je vous le garantis pour l’avoir vécu! Une de mes meilleures amies l’a vécu aussi et réalise qu’elle n’a plus peur de dire «je t’aime», et plus peur de rien d’ailleurs. Son nouveau conjoint et elle se comprennent et se respectent avec une facilité déconcertante, pas de question d’ego entre eux, donc pas de dispute et, plus fort, elle avoue même que son côté masculin s’est rendormi. Ils ont la même philosophie de vie, les mêmes valeurs et ont pourtant souffert chacun de leur côté, ont tiré des leçons du passé et sont déterminés à être parfai­tement heureux ensemble, aujourd’hui. J’ai eu l’immense plaisir de l’entendre me dire que j’avais raison et que c’est vraiment simple une véritable histoire d’amour. Et elle n’est pas la seule dans mon entourage à avoir fait cette découverte. Ce qui m’amusait et surprenait mes amis, c’est que j’étais encore célibataire alors que je leur décrivais ce que pouvait être le bonheur à deux et que c’est exactement ce qu’ils vivent aujourd’hui et ce que je vis aussi!

Vous êtes-vous demandé pourquoi vous avez aimé quelqu’un que vous n’aimez plus aujourd’hui? À mon sens, il est impossible d’aimer et de «désaimer» ; d’ailleurs, ce mot n’existe pas. Quand je regarde Jules et Jim, je me demande ce que j’ai bien pu leur trouver et cette question m’a longtemps hantée: pourquoi ai-je cru les aimer, pourquoi ai-je tant souffert alors qu’aujourd’hui je n’éprouve plus rien pour eux? Que s’est-il passé? Les gens qui s’aiment, ils s’aiment pour la vie et c’est pareil en amitié. Pour les autres, ce ne sont que des attachements névrotiques qui fluctuent au gré de votre faculté à régler vos névroses et quand elles sont réglées, vous vous détachez. Quand les deux règlent en même temps, ils se quittent bons amis et passent à autre chose. Si l’un des deux ouvre les yeux, la séparation tourne à la foire d’empoigne, finissant en règlement de comptes parce que celui qui reste ne se sent pas «désaimé», mais dépossédé et trahi. Parce que, une fois de plus, ce qui le nourrissait lui est arraché: le voilà en manque et désorienté.

Que pensez-vous d’opter pour la simplicité dans une rencontre? Car si les choses sont compliquées dès le début, méfiez-vous: c’est le signe avant-coureur d’abcès qui vont grossir pour devenir tumeurs et vous éclater au nez!

 

11.   À mort les Sacrifices, Concessions et autres Compromis! (SCC)

Je ne vous parle pas d’un monde parfait. J’attire simplement votre attention sur la signification de chacun de ces mots pour vous. J’ai l’air d’une utopiste, n’est-ce pas, en vous affirmant que l’équilibre d’un couple exclut systématiquement ces trois concepts? Que faites-vous dans une situation de sacrifice, de concession ou de compromis? Vous concédez un point à l’autre, point sur lequel vous n’êtes pourtant pas d’accord, alors vous êtes perdant. En fait, vous ne vous respectez pas dans cette décision et, du coup, vous forcez l’autre à ne pas vous respecter non plus. Un exemple: quand vous avez rencontré Charles, il jouait au hockey tous les week-ends. Maintenant que vous vivez ensemble, vous lui avez demandé de passer ses fins de semaine avec vous. Rusée, vous avez joué sur la corde sensible en lui disant que s’il préfère jouer au hockey, c’est qu’il ne vous aime pas. Que fait Charles? Un sacrifice! Il ne se respecte pas en vous cédant, alors que jouer au hockey fait partie de son équilibre, et vous ne le respectez pas non plus dans ce qui est important pour lui.

N’est-il pas paradoxal de clamer que vous êtes une femme indépendante et de pleurnicher dès que votre homme est au hockey? La bonne idée serait peut-être d’avoir vos propres activités. Je sais, il y a les enfants mais il peut s’en occuper à son tour pendant que vous sortez. Il va falloir trouver un autre prétexte pour l’obliger à rester à vos pieds, à la maison!

Cherchez plutôt votre zone de confort, celle où chacun se retrouve dans une relation gagnant/gagnante et non dans un match dont le score est 1 à 0!

Vous préférez parler d’ajustement? C’est un vocabulaire qui me plaît. Dans un ajustement, personne ne cède: chacun fait sa part du chemin pour rejoindre l’autre en bonne intelligence. Vous avez cette possibilité de discuter avec votre conjoint afin de trouver la meilleure solution: celle qui respecte les deux et dans laquelle vous êtes confortables. Vous constatez alors que personne ne fait de sacrifice, ni de compromis, ni de concession: vous travaillez au quotidien à votre harmonie, pas à compter les points pour savoir qui gagne du terrain.

Et puis, je n’ai jamais entendu quelqu’un demander à son conjoint: «Sacrifie-toi pour moi, s’il te plaît!» Quand il y a sacrifice, c’est de votre propre chef, même si vous êtes prompt à le reprocher à l’autre à la moindre occasion.

Dans mes deux relations névrotiques, j’ai au moins découvert une chose: je sais laisser de l’espace à l’autre, surtout celui qui est nécessaire à son équilibre. Jules travaillait énormément parce que son métier le passionnait, se levant chaque jour à 5 heures, samedi et dimanche inclus, ne prenant que très peu de vacances. Quant à Jim, il jouait au soccer très souvent et partait en forêt avec ses chiens. J’étais à l’aise dans chacune des situations puisque je passais moi-même beaucoup de temps à cheval. Et personne ne m’en aurait empêchée car, comme eux, cela contribuait à mon équilibre. Lorsque l’un empêche l’autre d’avoir une activité, c’est la plupart du temps parce qu’il s’ennuie quand son conjoint est parti. Souvenez-vous qu’un couple, c’est 1 + 1 = 2. Vous en aimez d’autant la personne avec laquelle vous vivez qu’elle vous laisse choisir ce qui vous fait plaisir. Et de vous-même vous répartissez votre temps entre activité et conjoint, ce qui signifie que chacun fonctionne de façon autonome. Sinon, vous tombez irrémédiablement dans le 1 + 1 = 1 et dans la dépendance. Dans ce cas précis, ce n’est pas l’activité du conjoint qui vous dérange, c’est plutôt ce que vous interprétez comme de l’indifférence à votre sujet et ça vous blesse.

C’est vrai qu’une vie de couple est bien différente d’une vie de célibataire. Simplement, si vous voyez des inconvénients à vivre à deux, vous avez commis une erreur en vous mettant en couple. Cette nouvelle étape doit vous apporter autant de confort et de joie de vivre que votre vie de célibat, et non les contraintes et les désagréments du SCC. Mieux vaut vous séparer que d’en baver et d’en faire baver à l’autre.

Parce que se soumettre au SCC, c’est faire rentrer la pièce du puzzle là où elle ne rentre pas. Où vous ne rentrez pas! Vous voyez ce que je veux dire: quand vous avez une image avec un beau ciel bleu et de nombreuses pièces presque identiques. Vous finissez par craquer et vous en placez une de force. Pensez-vous pouvoir terminer votre puzzle correctement? Au lieu de passer votre chemin, vous vous obstinez, invoquant les sacrifices, compromis et concessions. Ils vous reviennent dans le nez, au fil des jours, des mois et des années, en grossissant avec le temps comme une boule de neige qui dévale une pente, pour terminer en avalanche et vous écraser. Ce vocabulaire était valable du temps de nos aïeux parce que, à cette époque, point de divorce. Heureux celui qui tombait sur la bonne personne! Quelle horreur, quand j’y pense: j’aurais été obligée de continuer à vivre avec un homme dont je n’aurais plus nourri les névroses et qui n’aurait plus nourri les miennes. Il serait donc allé se nourrir ailleurs. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait, mais j’ai eu le choix de divorcer.

Quel que soit le sujet, si vous en parlez en termes de sacri­fice, de concession ou de compromis, vous venez de semer la graine de la frustration, qui grandit au fur et à mesure que les jours s’écoulent. C’est comme manger un plat à contrecœur, vous ne le digérez pas: il vous reste sur l’estomac. Trouvez une bonne motivation pour prendre ou accepter une décision et c’est avec plaisir que vous le ferez. En ce qui me concerne, j’ai banni à jamais ces trois mots car si je dis oui, c’est que je suis parfaitement à l’aise avec ce qui m’est proposé. Sinon, c’est non!

D’ailleurs, le Trou noir affectif ne fait pas ou que peu de concession, de sacrifice ou de compromis car c’est lui qui exige, alors que le Desperado accepte tout, sans condition!

Jules et Jim présentaient dès le début les signes avant-coureurs du névrosé à éviter.

Jules, à 37 ans, vivait une situation matrimoniale pour le moins éclectique, dont je tairai les circonstances, par respect pour sa vie privée. Ça aurait dû m’alerter. Cependant, cette découverte intervint une fois que je me crus amoureuse, pensant que je n’y pouvais plus rien. Par la suite, j’eus des informations sur son enfance, qui m’éclairent aujourd’hui sur sa programmation de dépendance affective. Si, à l’époque, je voulais le sauver, aujourd’hui, c’est en courant que je partirais!

Jim ne fut pas épargné non plus par son passé. Et comme je l’avais «cueilli» au tout début de sa vie d’adulte (il allait avoir 22 ans, j’en affichais déjà 37), il n’avait jamais vécu en couple et donc pas encore démontré les signes avant-coureurs, ni les conséquences du passé. J’étais cependant aux premières loges pour les découvrir. C’est amusant car aujourd’hui, je ne me retourne­rais même pas sur lui dans la rue: trop jeune et trop névrosé.

Je peux vous assurer qu’au fur et à mesure que vous lisez, vous développez un radar pour détecter les dépendants affectifs. Vous verrez! Le mien est très au point et extrêmement sophistiqué.

Vous comprenez que, par respect pour Jules et Jim, je ne dévoile pas leur passé. Cependant, à leur décharge, surtout Jim, je dois bien avouer qu’ils ont de sérieuses circonstances atténuantes et des plaies béantes. Le simple fait de comprendre leurs programmations m’a facilité la tâche au niveau du pardon. Sinon, j’aurais passé le reste de ma vie à penser que j’avais vécu avec deux monstres, alors qu’ils ont tous deux de belles qualités mais de mauvaises programmations. J’aimais croire que ce que j’ai vécu avec Jules l’aura remis en selle, suffisamment pour continuer sa route avec sa conjointe et une chance de bonheur. Mais il l’a trompée, comme il l’a fait avec toutes les suivantes…

Quant à Jim, je ne suis pas certaine de lui avoir apporté quoi que ce soit. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne peux pas l’aider. Il est le seul à pouvoir faire quelque chose pour lui-même.

Le plus amusant, c’est que Jim me disait qu’il n’était pas «aussi pourri» que Jules, car lui, il ne tromperait jamais sa femme enceinte. Il avait raison, il n’était pas «aussi pourri», mais bien pire… Voici ce que me raconta sa conjointe: il eut un premier enfant avec elle, tomba dans la violence conjugale, ils en firent un deuxième et, à quatre mois de la naissance, il partit avec sa maîtresse qui accoucha pratiquement en même temps qu’elle…

Quand une personne vous raconte son histoire et que vous découvrez un manque d’amour et de reconnaissance dans l’enfance, surtout chez les garçons auxquels l’affection maternelle a beaucoup manqué, cela annonce une dépendance affective, à moins que ce soit réglé. Pour vous en rendre compte, soyez attentif aux mots employés quand elle évoquera ses parents: si c’est du venin qui sort de sa bouche à l’évocation de papa/maman, ça risque d’être bien compliqué.

 

12.   Vous essayez désespérément de rendre heureux quelqu’un qui ne peut désespérément pas l’être

N’hésitez pas à vous transformer en Sherlock Holmes: enquêtez courtoisement sur son passé. Quand je suis tombée sur Jules puis Jim, de nombreux éléments auraient dû m’alerter, mais Super Pascale réussirait à chasser les fantômes du passé. Souvenez-vous, en bon Desperado, vous choisissez quelqu’un qui souffre pour pouvoir le sauver: vous pensez faire son bonheur malgré lui. Cela ne marche pas: vous ne pourrez JAMAIS faire le bonheur d’une personne contre son gré et encore moins quand elle est sous le contrôle de Tarzan.

J’en sais quelque chose, car j’ai désespérément essayé de les rendre tous les deux heureux, sans succès pire, plus je construisais notre bonheur, plus ils angoissaient!

Après avoir sorti Jules de sa relation éclectique, le 27 août 1993 nous devenons propriétaires d’une jolie maison, le 21 septembre 1993 nous nous marions, le 22 septembre 1993 au matin, je tombe enceinte et six mois plus tard, nous sommes trois. Et je ne parle pas du bébé! Mon mari a pensé que «les chaînes du mariage sont si lourdes à porter qu’il faut être trois», comme le disait si bien Sacha Guitry. Pourtant, il avait, à mes yeux et aux yeux de tous, tout pour être heureux: je m’occupais de tout et il ne s’occupait que de son métier qui le passionnait. Il voulait même avoir un bébé avant qu’on se marie. Mais à l’annonce de ma grossesse, ses mauvaises programmations l’ont rattrapé… et sa maîtresse aussi!

Avec Jim, j’ai réalisé tous ses rêves: j’ai payé toutes ses dettes en France, environ 20000$, à 24 ans, quand même! Il y a là une autre mauvaise programmation qui touche à l’argent. Je lui avais offert les deux chiens qu’il voulait (deux énormes molosses!), qui ont suivi quand j’ai emmené Jim au Québec (c’était son rêve). J’ai alors acheté une immense propriété pour qu’il puisse monter son propre élevage de Malamutes (chiens de traîneaux) qu’il n’a, Dieu merci, jamais monté. Logé, nourri et blanchi pendant neuf mois, il ne trouvait pas de travail mais n’entretenait pas la propriété non plus. Et tout ça pour me faire dire, froidement, un beau jour: «J’ai tiré un trait sur nous. Je ne t’aime plus.» Il avait tout ce qu’il voulait mais ce n’était pas encore assez. Il restait prisonnier de ses angoisses qui éclataient, telles des bombes à retardement, placées au plus profond de lui par les souffrances du passé.

Les mauvaises programmations sont effectivement des mines de fond ancrées dans le subconscient, qui remontent à la surface pour exploser, quand ni vous ni l’autre ne vous y attendez. Quand vous vous sentez angoissé, un beau jour, sans aucune raison apparente et que cela persiste, cherchez ce qui est nouveau dans votre vie: une mauvaise programmation est en train de se réveiller. N’attendez pas la catastrophe, faites-vous aider.

C’est un petit trait bleu sur un test de grossesse qui a fait disjoncter le nouveau marié. Quant au second, c’est quand tout allait bien qu’il se mettait à aller mal. Il m’avait déjà fait le coup en France et voilà qu’il recommençait au Québec. Je n’ai pas attendu la troisième fois, d’autant que plus il allait mal, plus il me rappelait l’ex-mari.

Je voulais tellement qu’ils reconnaissent que j’étais quelqu’un de bien et de généreux, qu’aucune des horreurs qu’ils me faisaient subir ne pouvait m’arrêter. Même après la séparation, je continuais à donner pour leur faire regretter ce qu’ils avaient fait et ce qu’ils avaient perdu. Le plus fort, c’est que ni celui qui avait une maîtresse, ni celui qui avait tiré un trait sur nous ne voulait quitter ma maison!

L’explication est simple: leurs programmations les poussaient à n’être bien ni avec moi ni sans moi. Incapables de partir, ils n’étaient pourtant pas heureux de rester. Vous voyez une solution, vous? Leur situation était bien sans issue positive, pour eux. Pas pour moi: j’ai fini par appuyer, dans les deux cas, sur le siège éjectable, rassemblant tout mon courage et ce qui me restait de dignité, pour les mettre dehors. Mais ça m’a pris du temps, beaucoup de temps et de souffrance. Et même s’ils débarrassèrent le plancher, je n’avais pas fermé la porte pour autant et ils continuèrent, chacun leur tour, à m’ennuyer.

Jules fit une descente chez moi, deux ans après le divorce, pour me faire une scène de jalousie, digne des films de série noire. Il venait de découvrir, furieux, que j’avais un copain et de quinze ans mon cadet. Quand je lui rappelai que sa maîtresse en avait dix-sept de moins que lui, désarmé, il sortit en claquant la porte. Il me téléphona le lendemain pour me dire: «Ça y est, j’ai tout perdu, c’est ça, il ne me reste plus rien!» Imaginez ma surprise: pour moi, il avait tout perdu depuis bien longtemps, d’ailleurs, depuis le début! Il venait de réaliser que je ne le reprendrais pas ; un autre était dans la place, SA place!

Jules était persuadé que je n’existais que lorsqu’il venait voir notre fille et que je m’éteignais après son départ, telle une bougie. Il avait l’impression de revenir dans sa maison, avec sa femme et sa fille. Il me rappela même que j’avais dit «que les hommes pouvaient crever la bouche ouverte dans le caniveau, je n’en voulais plus». Fallait-il que je sois fâchée pour tenir de tels propos! «C’est vrai, je l’ai dit, lui répondis-je, parce que j’étais très en colère contre toi. Aujourd’hui, je ne le suis plus.» Si je n’avais pas eu un enfant avec lui, je l’aurais définitivement rayé de ma vie.

Jim, lui, continua à me demander de l’argent, que je lui donnais (Ah! Tarzan, quand tu nous prends, tu ne nous lâches pas facilement!), et des services, que je lui rendais aussi. Il m’implora de lui acheter une voiture et de lui prêter tout mon matériel informatique. Ce que je fis. La voiture finit écrasée contre un rocher, je payai la location d’une autre le temps qu’il trouve un nouveau véhicule, que je réglai aussi, et le matériel informatique, m’affirma-t-il, lui fut volé. Il alla jusqu’à réclamer, au passage, quelques petits câlins, qu’il aurait fort appréciés! Là, le vase déborda: mon temps, mon argent, ok, mais plus mon corps! C’était de la reconnaissance que je revendiquais, pas du sexe. Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il me prenait pour le génie de la lampe d’Aladin: dès qu’il demandait, j’exauçais, en bon distributeur automatique que j’étais. Je pris donc la décision de couper toute communication avec lui, car par n’importe quel moyen, il continuait à réclamer. Il était même allé jusqu’à créer une adresse courriel avec un faux nom et me contacta, se faisant passer pour un père de famille qui s’était pris d’amitié pour Jim, et il essaya de plaider sa propre cause avec ce pseudonyme. Je découvris la supercherie. Puis tous les prétextes furent bons pour me contacter, surtout celui de me demander de lui pardonner, ce que, naïve, j’ai dû faire quatre ou cinq fois. Il ne pouvait se détacher de moi. Et chaque fois, il me demandait un service ou de l’argent. Pourquoi aurait-il arrêté? J’avais donné sans condition pendant quatre années. Monsieur Pavlov m’aurait tout expliqué!

En revanche, ce garçon avait raison sur un point: il n’était pas logique que j’accepte de lui rendre service dans un premier temps, pour le lui reprocher dans un deuxième temps. Poussée par Tarzan, j’acceptais néanmoins d’être la solution à tous ses problèmes et comme il ne m’en était jamais reconnaissant, je m’en prenais à lui au lieu de m’en prendre à moi. Je dois bien reconnaître, avec le recul, que j’éprouvais un malin plaisir à ce qu’il ait besoin de moi, parce que je croyais pouvoir le forcer à reconnaître ma générosité. Ce qu’il ne fit jamais. Pas même pour 20000$! Comprenez-vous comment il est si facile de s’inscrire dans un cercle vicieux aux relents de masochisme quand vous êtes dépendant de Tarzan?

Peut-être connaissez-vous des gens qui, lorsqu’ils vous rendent un service et même si vous les remerciez, vous rappellent souvent qu’ils vous ont aidé ou vous le reprochent. Vous finissez par regretter de leur avoir demandé quelque chose, car vous risquez d’en entendre parler toute votre vie. Ou alors c’est vous qui, lorsque vous donnez un coup de main, vous sentez très frustré quand vous avez l’impression de ne pas avoir été remercié à la hauteur de ce que vous avez fait.

Le Desperado est ainsi: il a besoin d’aider ou de sauver pour exister, même s’il s’agit de son tortionnaire. Alors que le Trou noir affectif ne fait pas de sentiment: il demande, vous donnez, il prend et ne vous donne rien ou peu en échange.

N’ayant pas d’enfant avec Jim, je me propulsai hors du cercle vicieux en le rayant de ma vie, malgré la dette qu’il n’a jamais remboursée. Cependant, il a pris ce prétexte pour me recontacter (tous les prétextes sont bons!), proposant de me verser 50 $ par mois, ce qui aurait fait à peu près trente-trois ans pour le remboursement. Comme je pratiquais le silence radio, je ne répondis pas par des mots, mais par les coordonnées d’un compte en banque ouvert au nom de ma fille. Il envoya 50 $ et ma réponse fut laconique: «Versement effectué». Puis il envoya un autre virement de 50 $ et comme je ne répondis rien, je ne reçus plus rien… Ce qui prouve bien qu’il avait saisi ce prétexte pour rétablir le contact et me redemander de l’argent, faisant croire qu’il allait m’en donner. Ce qu’il fut assez gonflé de faire quelque temps plus tard! Il essaya de m’en soutirer, faisant valoir qu’il en avait besoin pour ses enfants. Mais comme j’étais «aux Desperados absents», il fit chou blanc! Les bonnes vieilles cordes sensibles de la Desperado que j’étais avaient toutes disparues: il eut beau me jouer du violon, je restai sourde à ses supplications. J’étais libérée de mes lianes! Qui a dit que la paix n’a pas de prix? Il m’a fallu raccrocher quand il appelait, effacer ses messages sur le répondeur sans les écouter et détruire ses courriels sans les lire pendant trois ans. Pour en terminer définitivement, j’ai dû demander à un membre de sa famille de lui expliquer que si j’entendais encore parler de lui, autant pour sa dette que pour le harcèlement, les tribunaux s’en chargeraient. Trois ans et demi après la séparation, la paix revenait enfin dans ma vie.

Gardez bien présent à l’esprit que l’adepte de Tarzan protège, coûte que coûte, le lien qui existe entre lui et vous. Il a besoin d’un contact, quel qu’il soit, parce qu’il sait qu’il peut toujours toucher vos cordes sensibles. Même si vous l’appelez pour l’insulter, c’est pour lui une forme de communication qui entre­tient le lien. Croyez-en mon expérience, le silence reste le meilleur moyen.

 

13.   Vous n’êtes pas responsable de ceux que vous apprivoisez!

Je me sentais responsable de Jules et de Jim, même après la séparation, et c’est souvent le cas pour une personne en dépendance affective: vous vous sentez le garant du bonheur de l’autre, même quand il est parti. Je me souviens d’un jour où mon mari (là, je dis «mon» car à l’époque, il était à moi ou presque!) était tracassé et je savais que c’était à cause de sa maîtresse. Je me surpris à lui en vouloir, à elle, de le faire souffrir, lui. Voyez jusqu’où ça peut aller! Le renard dit au petit Prince: «Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé» (Saint-Exupéry), mais vous n’êtes pas responsable des névrosés que vous nourrissez!

Étrangement, Jules faisait crise d’asthme sur crise d’asthme dès que je parlais de divorce, réussissant ainsi à faire traîner la procédure pendant deux ans. Jim était également passé maître dans l’art des rebondissements: j’avais fixé la date à laquelle il devait quitter ma maison et ma vie, mais il fut terrassé, ce jour-là, par une fièvre de cheval. Je déterminai un autre jour qu’il choisit pour avoir un accident de moto. Après la séparation, il fut viré de son emploi, la police lui enleva sa voiture car il n’était pas en règle, puis l’arrêta trois fois pour excès de vitesse, dont deux fois dans la même journée, il perdit son permis de conduire, fut mis à la porte de son logement car il ne payait pas, la SPCA prit ses chiens et j’en oublie sûrement. Il accumulait les catastrophes, inconsciemment, pour que je vole à nouveau à son secours. J’avais dit à mes amis que même s’il m’appelait de l’hôpital, de la prison ou de la morgue, je ne lui répondrais pas! Vous vous sentez tellement responsable de l’autre, vous, le Desperado, que vous vous laissez manipuler en permanence.

J’ai dû travailler fort pour me rentrer dans la tête et dans le muscle que je n’étais pas responsable de lui. Quelle délivrance, le jour où j’ai réussi! Souvenez-vous que vous n’êtes responsable de personne et que vous ne pouvez sauver personne d’autre… que vous!

Jules, alors qu’il avait quitté ma maison, vint un jour s’affaler sur mon tapis, en pleine crise d’asthme, laissant sa voiture en plein milieu de la rue, la portière ouverte. Pourquoi chez moi et pas chez sa maîtresse? Il fallut que j’aille garer la voiture et que j’appelle un médecin. Une fois de plus, il appuyait sur le bon bouton, mais si le syndrome de Tarzan me poussait à m’occuper de lui, il ne me poussa pas jusqu’à lui faire le bouche à bouche! Jules, côté sexe, n’eut jamais l’audace de me relancer et, de toute façon, ce qu’il avait fait me dégoûtait.

Quant à me sentir responsable de lui, j’ai là aussi battu un record: pendant les deux années de mariage, c’est moi qui payais les traites de la maison et les factures. Et le jour du divorce, je dus lui racheter sa part de la maison en lui remboursant sa mise de fond mais également les traites qu’il n’a pas payées pendant ces deux années. C’est la loi française qui veut ça. Quand il est enfin parti de la maison, avec plus de 60000 $ en poche, me laissant dans les dettes et ne payant pas la pension, je me sentis obligée d’acheter pour lui tous les accessoires de cuisine et de salle de bain pour équiper son appartement. Bien qu’il n’ait participé à aucun achat de meubles pendant notre union, je me sentais coupable de le mettre dehors sans rien. Tarzan, quand tu nous tiens!

Chacun est responsable de sa propre vie, névrosé ou pas. Si vous retournez toujours vers la personne qui vous fait du mal, c’est que vous avez encore quelque chose à apprendre de cette relation et c’est un choix que votre entourage se doit de respecter. Si quelqu’un se couche devant les roues de votre voiture pour vous en empêcher, vous lui roulez dessus sans hésiter! Vous avez également compris que si votre ex fait les 400 coups, c’est pour réveiller votre syndrome du sauveur. Aucun adulte n’est responsable d’un autre adulte en matière de relations intimes. J’ai «coaché» une femme qui souhaitait échapper à un homme qui lui nuisait. Elle réussit à le quitter, pour y retourner quelques semaines plus tard. Croyez-vous que j’étais fâchée? Pas du tout. Tant va la cruche à l’eau qu’elle se brise… Elle est juste parfois très très longue à briser! Et elle n’est pas «cruche», elle est en dépendance… J’étais là pour l’accompagner, pas pour la juger; et je comprenais qu’elle n’avait pas encore suffisamment regonflé son estime et sa confiance pour être capable de cesser de le voir. Vous avez besoin de toucher le fond de l’horreur pour être capable de réagir, et votre seuil de tolérance est aussi élevé que votre estime et votre confiance en vous sont bas.

Si vous trouvez un gros animal blessé dans la forêt, un sanglier ou un ours, il ne vous vient jamais à l’idée de vous en approcher pour le soigner. Trop risqué! Vous faites appel à des personnes compétentes dont c’est le métier.

La différence, avec les humains, c’est que vous ne voyez pas leurs profondes blessures, les trous béants qu’ils ont dans le cœur dus à leur passé. En parfait Desperado, vous vous en approchez si près, que vous vous y attachez, pensant pouvoir les sauver et… vous vous faites bouffer!

 

14.   Une nouvelle relation, c’est comme le tableau de bord d’un avion

Comment se fait-il que vous n’ayez rien vu venir? Mais parce qu’on vous a fait croire que l’amour rend aveugle. Faux! Ce sont les névroses qui vous font perdre de vue la réalité. Elles vous poussent, les yeux bandés, vers ceux qui vont les nourrir. Quelqu’un m’a dit un jour, après son divorce, que l’amour est aveugle mais que le mariage rend la vue. Beau discours aux relents de Tarzan!

Pour évaluer vos chances d’être heureux avec celui ou celle que vous venez de rencontrer, considérez votre nouvelle relation comme le tableau de bord d’un avion, avant le décollage. Vérifiez, avant de décoller qu’aucun voyant lumineux rouge n’est allumé. Certains clignotent mais vous refusez de les considérer: vous souhaitez tellement convoler! Il se peut que ce soit juste pour vous signaler un manque de carburant ou d’huile, ce qui peut se régler. Il se peut également qu’ils vous indiquent un problème majeur comme les moteurs qui pourraient tomber en panne en plein vol. Au lieu de sortir de l’avion en courant, vous choisissez de décoller… les yeux fermés!

Pour ma part, Jules avait «oublié» de me dire qu’il vivait une relation éclectique avec une maîtresse depuis de nombreuses années. Ça commençait à clignoter, non? Il a ensuite rompu avec moi plusieurs fois, autant que j’ai pu rompre avec lui, puis, pour finir, m’a trompée avec son ex-maîtresse qui se fit un plaisir de m’en informer. Le coup du yoyo est classique dans les couples en dépendance affective. Chez les gens équilibrés, s’il y a séparation, il n’y a qu’un seul joker: une seule nouvelle tentative est acceptée. Chez les autres, c’est un abonnement au mois, voire à l’année. Pour en revenir à mon tableau de bord: c’était un véritable «flipper» ! (machine à boules). J’aurais dû attraper le premier parachute et sauter. Mais je considérais que j’étais tombée amoureuse de lui, que je n’y pouvais plus rien (balivernes!) et que j’allais le remettre sur le droit chemin. Le rendre heureux malgré lui. Belle utopie!

C’est quand même fou de décoller les yeux fermés, de rester ainsi pendant tout le voyage, même quand vous êtes en train de vous écraser. Plusieurs années après le crash, vous êtes encore capable de refuser de les ouvrir, parlant avec nostalgie de celui qui vous a broyé.

Avec Jim, le tableau de bord ressemblait à un sapin de Noël: ça clignotait de tous les côtés! À 22 ans, son père voulait le mettre à la porte (je comprends maintenant pourquoi!) quand je l’ai récupéré. Il était également sur le point de perdre son emploi, plus tout un tas de détails que je vous épargnerai. Mais Super Pascale allait le sauver! Le résultat, vous le connaissez.

Je me suis amusée à tester mon fameux tableau de bord sur tous les garçons que j’ai bibliquement croisés et j’ai été sidérée de constater qu’ils clignotaient tous. Pendant près de 25 ans, je n’ai pratiquement fréquenté que des névrosés et comme j’étais certaine que les extrêmes s’attirent (ça, c’est uniquement dans le monde des aimants!), j’étais persuadée que c’était mon grand équilibre que ces gars recherchaient. Les hommes équilibrés ont dû passer tout droit et ils ont bien fait. Si vous ne rencontrez que des personnes qui ont un problème, c’est parce que vous les attirez.

Depuis, j’ai une théorie: regardez tous vos ex et vous comprendrez vos névroses. Ça marche aussi pour la personne que vous venez de rencontrer: étudiez les siens. Et puis, quel est le dénominateur commun entre tous les névrosés que vous avez fréquentés? Vous, bien sûr! Ça y est, vous venez de comprendre.

J’ai un autre truc pour vous aider à identifier les pirates de l’air: comparez la nouvelle personne à vos ex et regardez si vous trouvez des points communs. Ou encore, comparez-vous à ses ex et faites le même exercice. Et si vous n’avez pas le recul nécessaire pour l’estimer, demandez à vos meilleurs amis ; ils ont souvent l’œil pour remarquer que le nouveau ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ancien. Une de mes meilleures amies, après avoir rencontré Jim, me prévint du danger. Comment pouvais-je accepter cette mise en garde, convaincue que j’étais d’avoir trouvé l’homme idéal?! J’ai envoyé promener mon amie, qui a patiemment attendu que je me rende compte, par moi-même, que je redoublais ma classe.

Au sujet des ex de votre nouvelle conquête, permettez-moi de vous démontrer que, lorsque vous tombez sur une personne touchée par le syndrome de Tarzan, il y a de fortes chances pour que celui ou celle qui vous a précédé soit atteint aussi. Pire encore s’ils ne sont pas séparés parce que vous mettez le doigt dans un engrenage vraiment infernal: le conjoint quitté ne vous lâchera pas et s’acharnera sur vous comme un chien enragé, croyez-moi!

L’ex-relation éclectique de Jules s’acharna sur moi pendant neuf ans: du moment où elle découvrit notre relation (s’il avait simplement oublié de me parler d’elle, il lui avait malheureusement parlé de moi!), jusqu’à ce que je le jette à la porte. Il faut le vivre pour croire ce qu’un dépendant en manque est capable de faire. Rien ne pouvait l’arrêter, tous les coups étaient permis et surtout les plus bas. Un exemple? Jules et moi vivions ensemble depuis 6 mois et elle nous annonça qu’elle était enceinte de lui de… six mois. Plutôt ronde, pas facile de vérifier à l’œil nu. Jules resta sans réaction. Elle m’appela donc pour me dire que ce serait un garçon et qu’elle allait faire vérifier le «liquide ammoniacal», car elle avait plus de 45 ans. Une femme enceinte, imprégnée du vocabulaire lié à la grossesse, ne se trompe pas de liquide! Je compris de suite qu’il s’agissait encore d’une manœuvre désespérée pour récupérer Jules, son «dealer» d’affection. Avant de raccrocher, je lui proposais d’appeler son fils Ajax. Le lendemain, elle appela le présumé père pour lui dire que l’enfant était mal formé à cause de lui et qu’elle avait été obligée d’avorter. Étrange car elle ne mit jamais les pieds dans un hôpital. Puis vinrent les messages sur le répondeur, plus grossiers les uns que les autres. Surtout celui où elle essaya, dans un langage très cru, de me convaincre de trouver un autre homme, argumentant qu’elle avait un certain appétit sexuel et qu’à son âge elle aurait du mal à en trouver un autre. Parlez-moi d’amour! Elle alla jusqu’à me proposer de payer le loyer d’un magnifique appartement dans lequel nous vivrions, lui et moi, et pendant que je serais au bureau, elle viendrait se «rassasier»!

Les attaques redoublèrent après le mariage et comme sa rage grimpa en flèche quand elle appris que j’étais enceinte, elle proféra des menaces de mort sur l’enfant que je portais, puis me pourchassa jusqu’à la maternité.

Je finis par porter plainte, apportant les kilomètres de bandes enregistrées de messages savoureux qu’elle me laissait, pornographiques à souhait, et toutes les preuves que j’avais pu réunir contre elle. La police en fut sidérée. Elle reconnut tout ce dont je l’accusais mais ne lâcha pas prise pour autant. Aux premiers signes d’adultère, je prévenais Jules que, s’il faisait un faux pas, je savais qui m’en informerait. Elle m’envoya une télécopie, qu’elle croyait anonyme parce qu’elle ne l’avait pas signée, ignorant que les seuls détails qui n’y figuraient pas étaient ses mensurations, pour m’annoncer qu’il me trompait et avec qui.

Après la naissance de ma fille, je continuais à être harcelée par l’ex-maîtresse mais également par la nouvelle, puisque la vérité ayant enfin éclaté, elle revendiquait son butin. Et lui refusait de quitter la maison, laissant la précédente et la suivante s’acharner sur moi. Vous comprenez ma joie, le jour où il fut dehors: ce n’est pas d’une seule personne dont je me débarrassais, mais de trois! En fait, ce fut de quatre. Parce que l’ex-maîtresse avait un conjoint qui avait béni leur relation pour avoir la paix. Paix qui avait volé en éclats depuis que j’étais entrée dans le tableau. Alors, lui aussi s’en prit à moi. Quand je vous dis de faire attention où vous mettez les pieds!

Deux ans plus tard, je faisais entrer un autre loup dans la bergerie.

Je ne vous le recommanderai jamais assez: quand vous rencontrez quelqu’un, assurez-vous que ses relations sont correctes avec ses parents, vérifiez comment ça s’est passé avec l’ex ou les ex. Si la personne est déjà en couple, soyez bien certain qu’il s’agit d’une véritable histoire d’amour et non une autre histoire de névrosés, parce que vous aurez affaire, en plus, au conjoint! Cependant, trouvez-vous normal qu’une personne déjà en couple en fréquente une autre?… Tarzan ne serait-il pas caché dans un recoin?

 

15.   Vous avez convolé avec un Desperado

Considérons maintenant la situation en couple. Vous avez fait le grand saut avec un Desperado et vous êtes donc pendu à votre liane. Vous vivez ensemble pour le meilleur (votre conjoint est votre tout dévoué!), mais le pire est à venir. Vous avez vérifié votre tableau de bord, à forte prédominance de clignotants rouges, mais vous en avez déduit que vous allez être choyé, dorloté. Et même si le moteur a quelques ratés, car il y a malgré tout des choses chez votre partenaire qui vous agacent, vous pensez que le décollage s’est plutôt bien passé. Puis, au fil du temps et des événements, le vernis commence à craquer, vos névroses respectives font surface et les turbulences commencent à secouer.

Cela peut mettre du temps avant de commencer à se dégrader, cependant je vous rassure: si vous avez considéré honnêtement votre tableau de bord et qu’il ne s’est jamais allumé ou que très peu, aucune raison que quoi que ce soit ne se produise plus tard. Vous pouvez être heureux et (con)voler en paix!

Il est donc temps d’attacher vos ceintures, ça va brasser: vous consommez l’affection et tout ce qu’un Desperado peut vous donner, bien que parfois, ce ne soit pas assez. Il vous fatigue avec ses attentes et ses plaintes, vous donnant toujours le mauvais rôle: celui du méchant. En plus, votre conjoint est toujours après vous, à réclamer de l’attention, comme un bébé, à vous demander si vous l’aimez, parce qu’il a besoin d’être rassuré. Et ce n’est pas en lui faisant comprendre peu aimablement qu’il dérange que vous y parviendrez. Vous commencez à le couvrir de reproches en réponse à ceux qu’il vous fait. Mais s’il croit que vous allez changer, il peut toujours rêver! Cependant, il a beau se plaindre, il se plie toujours à vos quatre volontés alors que vous lui menez parfois la vie dure, surtout avec votre jalousie. C’est vous qui tenez les rênes, voire les cordons de la bourse, et l’autre est là pour exécuter et veiller sur votre bien-être.

Vous reconnaissez-vous dans ce portrait sans complaisance du Trou noir affectif? Non? Que signifie alors ce petit sourire en coin? Je sais, vous avez peut-être reconnu votre conjoint!

 

16.   Vous voilà lié à un Trou noir affectif

Que dit votre tableau de bord? Vous lui tournez le dos. Parce que, croyez-moi sur parole, il en a des problèmes à vous signaler! Inutile de le considérer puisque vous avez trouvé la personne idéale, que vous allez chouchouter et sauver. Vous voilà plein d’égards et d’affection et si l’autre n’y répond pas, c’est parce qu’il n’a pas fait attention mais ça viendra… D’accord votre relation est unilatérale, mais vous allez le faire changer. Avec le temps, votre Trou noir affectif, au lieu de se radoucir, en demande toujours plus et devient grincheux. Il ne vous dit jamais qu’il vous aime, pas de petites surprises ni de petits cadeaux ou rarement, et encore moins de mercis. Alors pour lui montrer votre attachement, vous redoublez d’effort, pensant qu’il finira par comprendre, mais il ne fait que prendre. Vous lui trouvez donc des excuses: le stress, la fatigue, il n’a pas été élevé dans l’affection mais il va s’y faire, etc. Et tranquillement, votre vie devient un enfer, parce que trop de SCC qui vous paraissaient justifiés au début de votre relation sont devenus insupportables. La folie des premiers temps s’étant dissipée rapidement, le quotidien prend le dessus, et le sexe, la clef des champs. Au lieu de prendre vos jambes à votre cou pour fuir le champ de bataille, vous vous acharnez.

Autre point que j’aimerais aborder: quand vous êtes en couple par attachement névrotique, il se peut qu’un jour, ayant évolué, vous rencontriez la bonne personne, célibataire ou mariée. Si elle est également mariée et a travaillé sur son épanouissement personnel, elle ne sera plus non plus une adepte de Tarzan. Vous êtes vraisemblablement faits l’un pour l’autre et il faut beaucoup de courage pour briser un, voire deux ménages et vous donner droit au bonheur. Ceux qui sont quittés le prennent très mal et vous savez maintenant pourquoi. Attention aux retombées, mais ça ne doit pas vous arrêter.

Quand mon mari m’avoua enfin, avec notre fille d’un mois dans les bras, qu’il «avait plus de sentiment pour sa maîtresse que pour moi», inutile de vous dire que le Ciel me tomba sur la tête, comme disent les irréductibles Gaulois. Pourtant, je lui répondis que le fait que nous soyons mariés et que nous ayons une petite fille ne le protégeait pas de tomber amoureux de quelqu’un d’autre. La seule chose à faire était donc de divorcer, puisqu’il disait en aimer une autre. Je quittai la pièce, parée de toute ma dignité, et montai dans la chambre pour hurler toute la souffrance que j’éprouvais. Malgré le choc et la douleur, jusqu’ici, je pouvais comprendre la situation. Mais le lendemain, quand il vint me dire que d’elle il n’avait rien à faire, tout bascula. Parce que ça, je ne pouvais pas l’accepter: qu’il m’ait fait mener une vie infernale pendant toute ma grossesse et même après, pour une simple histoire de fesses et non pour une histoire d’amour n’était pas supportable. J’entrai dans une colère noire parce que j’eus, dès lors, l’impression d’être la cible de deux désaxés sans foi ni loi, et non de faire obstacle à une belle his­toire d’amour. Parce que, si tel avait été le cas, ma décision de divorcer aurait dû faire cesser les combats entre sa maîtresse et moi. Au lieu de cela, ses attaques redoublèrent. Il refusait de quitter la maison et refusait aussi de dormir sur le canapé, prétextant que le lit était aussi à lui. C’était à moi de dormir ailleurs! Je fis appel à la police qui m’expliqua que tant que le divorce n’était pas définitivement prononcé, il avait le droit de rester là. Et pendant ce temps-là, ma colère nourrissait ma violence…

Son incapacité à quitter la maison démontre bien que le père de ma fille était incapable de sentiments et ne fonctionnait que par attachement: je le dégoûtais parce que je portais son enfant, alors il avait pris ailleurs le plaisir sexuel qu’une autre lui offrait. Puis, quand je parlai divorce, alors que notre fille était parfaitement normale (son ex l’avait convaincu qu’il aurait un enfant anormal) et que j’avais retrouvé ma taille de guêpe, il préféra la sécurité du foyer. Son instinct de survie, en bon Trou noir affectif qu’il était, le poussait vers la solution de facilité. Il me reprocha même de ne pas l’avoir obligé à quitter sa maîtresse. Dans mon monde à moi, c’était à lui de prendre cette décision et non à moi. Et puis, après étude de ses comportements et de la personne avec laquelle il m’avait trompée, après avoir fait le tour de toutes les souffrances que j’avais endurées, je compris que nous n’avions pas d’avenir en commun. Je m’étais obstinée à croire pendant neuf longues et horribles années que Jules pouvait encore m’apporter ce que je recherchais. Le soir où j’ai posé les yeux sur le couteau et que j’ai failli le tuer, j’ai su qu’il me fallait réagir. C’est pour couper la liane que je m’en suis servi, au lieu de trucider mon mari. Je vous raconterai ça plus tard.

Il y a plusieurs degrés dans la dépendance, ce qui définit votre seuil de tolérance à la souffrance. Plus vous avez eu de carences dues à votre enfance, plus vous reculez votre seuil de tolérance, plus l’échec vous rend agressif. En ce qui me concerne, j’avais suffisamment manqué d’affection et de reconnaissance pour tomber dans les bras de Tarzan, mais pas au point de souffrir éternellement. Si, à un moment donné, vous réalisez que l’autre vous montre des extraits d’un film d’horreur, réagissez!

Malgré l’enfer que j’avais déjà connu avec Jules, je n’ai pas réagi: j’ai persisté et j’ai signé, épousant le Dr Jekyll et me retrouvant à vivre avec Mister Hyde. Le monstre qu’il était devenu, je ne le reconnaissais plus. Les livres de grossesse vous préviennent au sujet des bonheurs mais n’indiquent rien au sujet des futurs papas qui, névrosés, peuvent se sauver ou se saborder. Personnellement, j’aurais préféré qu’il se sauve, j’aurais au moins eu une grossesse paisible: agressif et cruel le peu de temps qu’il passait avec moi, absent le reste du temps, même la veille de l’accouchement. Je ne le reconnaissais plus, il devenait un étranger doublé d’un tortionnaire et je me taisais, pensant que le jour où il tiendrait son enfant dans ses bras, il saurait où il en est. Le miracle ne se produisit pas, ses névroses étant trop bien implantées. Il continua ses escapades et je dus donc aviser.

Il faut bien comprendre, encore une fois, que son objectif n’était pas de me détruire. Il essayait vainement de ne pas souffrir: ses angoisses l’étreignaient tellement qu’il passait ses nuits dehors, à boire et à me tromper. Vous avez certainement dans votre entourage une personne qui, du jour au lendemain, bascule complètement, sans raison apparente, et détruit sa vie. Des raisons elle en a, elle peut parfois les expliquer et parfois pas. Au lieu de se faire aider, elle se laisse couler, faisant beaucoup de dégâts autour d’elle. Souvenez-vous qu’elle ne veut pas noyer le maître-nageur, elle cherche juste à respirer. Mais seul un professionnel peut intervenir.

Avec Jim, j’ai également connu l’enfer. Tout heureux dans les débuts de se mettre sous l’aile protectrice d’une femme plus âgée, flatté aussi, ayant retrouvé une matrice, il fut adorable les premiers temps. Puis les choses se gâtèrent rapidement, au moment où la santé de mon père déclinait et que je laissais Jim me gâcher les derniers jours avant son décès. Il sortait tous les soirs (lui aussi!) parce qu’il se demandait si son avenir était vraiment avec une mère de famille de quinze ans son aînée. Ce que je comprenais, une fois de plus. Je refusais néanmoins ce qu’il exigea: que des filles puissent l’appeler chez moi, puisque nous faisions chambre à part. Lui n’eut pas le choix que de dormir sur le canapé. Une fois de plus, je ne reconnaissais pas le monstre qu’il était devenu. Jusqu’au jour où j’ai atteint mon seuil de résistance et décidé de m’en débarrasser. C’est bien là que la fièvre entra en scène, réveillant mon virus de Tarzan: chic alors, il était malade et avait besoin de moi, digne émule de Mère Teresa. Puis, il y eut l’accident de moto. Au lieu de me rendormir paisiblement quand la police m’appela en pleine nuit, le laissant à son triste sort, j’enfilai ma tenue de Super Pascale et volai, à nouveau, au secours. L’accident lui avait soi-disant remis les idées en place et j’étais à nouveau la femme de sa vie. Que croyez-vous que je fis? Je le crus! Ça m’arrangeait tellement. Et je décidai donc de l’emmener avec nous au Canada, payai ses dettes et son émigration. Et Tarzan était heureux, il jubilait ; cramponné à sa liane, il avait repris du service!

Avouez que je battais des records: si je n’ai jamais eu la cravache d’or décernée au meilleur jockey de l’année, j’avais largement mérité l’Oscar de la dépendance affective! Je me faisais tromper, plumer, tondre, détrousser, bafouer, molester et j’en redemandais!

Ai-je manqué de courage? Non, je répondais seulement à ma mauvaise programmation: entre émigrer seule pour commencer une nouvelle vie et emmener avec moi mes névroses et celui qui les nourrit, j’ai choisi. De toute façon, rien ne sert de culpabiliser. Vous avez tout à gagner à vous pardonner. Je n’ai pas été plus brillante que quiconque dans ma dépendance affective et si j’ai commis bien des actes dans lesquels je ne me suis pas reconnue, je n’en rougis pas. Je préfère en rire et je vous promets que, quelle que soit votre situation, si vous prenez les bonnes décisions, vous en rirez un jour aussi.

Comprenez-vous maintenant pourquoi je parle d’attachement névrotique et non de sentiments? Quand j’accompagne une personne en dépendance affective et que je lui explique que ce n’est pas de l’amour qu’elle éprouve, elle est toujours surprise car elle croit vraiment aimer. Bien sûr, elle a gobé tout cru qu’aimer, c’est souffrir! Alors comme elle souffre beaucoup, elle croit qu’elle aime beaucoup. C’est ainsi que ses parents l’ont programmée: ils ne l’ont pas aimée, donc c’est ainsi qu’elle n’aime pas non plus. En revanche, c’est ainsi qu’elle s’attache, se lie à Tarzan. Comment saurait-elle d’ailleurs ce qu’est aimer? Personne ne le lui a montré. L’amour, c’est tout sauf la souffrance, car il nourrit le bonheur, pas la douleur. Et comme l’être humain a peur de ce qu’il ne connaît pas, eh bien l’amour, le vrai, peut l’effrayer. En ce qui me concerne, je l’ai rencontré et comme j’y étais prête, ayant été une célibataire heureuse, j’ai accueilli cet homme dans ma vie tout naturellement. Comme je m’aime, je comprends ce qu’il apprécie chez moi et vice versa. Ai-je été exposée à d’autres petites mines de fonds issues de mon passé dans ma nouvelle relation? Vous le saurez bientôt… Cependant, je suis bien placée pour savoir les gérer. Quand une immense vague de bonheur vous arrive dessus, il faut savoir surfer et, au pire, vous vous noyez… dans l’amour et la volupté! C’est ce que je fais: j’en jouis chaque jour, surtout après onze années de célibat…

 

17.   Vous ne pouvez pas être le psychothérapeute de votre (futur) conjoint

Si vous comprenez que vous n’êtes pas responsable des autres, et surtout pas de votre conjoint, à part vos enfants et encore jusqu’à la majorité, vous avez fait un grand pas en avant.

Me sentant responsable de Jules et de Jim et de quelques autres, je les laissais me faire les quatre cents coups, même après la séparation, entretenant leurs névroses puisque je cédais encore sur tout. J’ai beaucoup supporté du premier après le divorce, parce que je voulais conserver un père à ma fille, bien qu’il ne paya pas la pension et rechigna à venir la voir. Aujourd’hui, je suis une ex-femme inexistante, car je ne communique avec lui que très rarement et s’il me parlait toujours sur un ton sec pendant sa relation qui dura quatorze ans avec celle qui fut sa maîtresse sous mon règne, il est devenu beaucoup plus courtois depuis qu’il n’est plus avec elle. Ce que Jules m’a fait vivre après le divorce m’a convaincue de ne conserver aucun contact avec Jim.

Quand vous découvrez que la personne que vous fréquentez présente des névroses dignes de professionnels – dépression, jalousie excessive, comportement maniaco-dépressif, alcoolisme, drogue ou tout autre dysfonctionnement –, la sagesse veut que vous vous en éloigniez. Vérifiez que ce sont ses qualités qui vous attirent, et non ses faiblesses et ses défauts. Regardez-y à deux fois avant de vous lancer, sinon, un beau jour, ça risque d’être très lourd à porter. Si vous vous investissez, malgré tout, dans cette relation, c’est que Tarzan vient de se réveiller: vous voulez sauver cette personne à tout prix. Et une fois engagé, vous vous en sentez responsable, d’autant que l’autre met tout en œuvre pour jouer du violon sur vos cordes sensibles et vous êtes coincé: le piège s’est refermé.

Le malheur ne se partage pas: si vous êtes malheureux, soyez-le seul dans votre coin le temps de le régler. Le bonheur, lui, vous pouvez en faire profiter tout votre entourage et, surtout, votre conjoint!

Les psychothérapeutes, eux-mêmes (pas si fous!), ne suivent pas leur propre conjoint, les envoyant chez des confrères. D’ailleurs, vous ne pouvez être le thérapeute ni de votre conjoint, ni d’un ami, ni d’un membre de votre famille. Le Docteur Milton H. Erickson, éminent psychiatre à l’origine de la PNL et créateur de l’hypnose éricksonienne, disait d’emblée aux personnes qui le consultaient: «Je ne suis pas votre ami, car vos amis n’ont rien pu faire pour vous, sinon vous ne seriez pas ici.» Et même si vous êtes persuadé que l’amour est plus fort que tout, je peux vous dire, d’expérience, qu’il n’est pas plus fort que les mauvai­ses programmations. En revanche, il est capable de réparer les petits manques de confiance en soi, issus du passé.

Il faut bien reconnaître qu’entre 20 ans et 35 ans, vous n’êtes pas équipé pour détecter une névrose chez l’autre. Vous foncez dans la vie comme un jeune chiot, tout feu tout flamme, vous faisant les dents sur les premiers qui passent, le temps de faire votre apprentissage. Surtout si aucun aîné ne peut vous éclairer. Et même s’il y en a un qui le fait, l’écoutez-vous? Mon père connaissait Jules et surtout ses problèmes. «Tu sais qui il est et tu sais ce que tu fais?» m’avait-il demandé. «Oui», ai-je répondu, pensant «moi, je vais le sauver»! Il avait flairé les problèmes, pour le deuxième aussi. Mes parents eurent la sagesse de ne pas insis­ter et d’attendre avec la pelle et la balayette en main pour ramasser les morceaux, une fois que je serais brisée. Je devais faire ma propre expérience puisque je résistais aux conseils qu’ils essayaient de me donner. Insister m’aurait séparée d’eux. Vous apprenez beaucoup de vos victoires et encore plus de ce qui a mal tourné.

Et si je vous disais que la dépendance affective influence également les comportements dans les relations sexuelles et que c’est également un domaine que vous pouvez parfaitement améliorer?

 

18.   Madame Desperado est prédisposée à la simulation et Monsieur Desperado,
à l’abolition du sexe

Votre programmation, Madame Desperado, vous pousse à vouloir faire plaisir et vous êtes prête à tout, enfin du moins à beaucoup, pour satisfaire votre conjoint et surtout au lit. Vous souriez, Monsieur Trou noir affectif, car vous en saisissez les avantages. Mais devinez ce qui va se passer si vous n’êtes pas à la hauteur et qu’elle ne veut pas vous faire de peine? Elle va simuler! Vous ne souriez plus? Elle flatte votre ego, vous conduit à l’extase, où elle ne vous suit pas.

Mais à vous, Monsieur, on ne vous la fait pas. Vous savez parfaitement quand Madame simule ou pas. Vous pariez? Il y a beaucoup plus de Sally que vous l’imaginez, capable de chanter toute la gamme sans que vous ne vous doutiez qu’elle y met toute sa voix, mais pas son corps, pour que vous en finissiez.

L’ai-je fait? Bien sûr! Surtout quand le petit-déjeuner n’était pas compris. En Desperado accomplie, je préférais flatter son ego et le renvoyer rapidement dans ses quartiers, satisfait. Que celle qui n’a jamais simulé me jette la première pierre!

Que celui qui pense ne jamais avoir été dupé en mette sa tête à couper. Toute vérité n’est pas bonne à dire et encore moins à entendre, n’est-ce pas?

Pourtant, Monsieur, il y a une façon très simple de vérifier. Encore faut-il que votre ego vous le permette. Voici le secret: quand vous jouissez, homme ou femme, le rythme cardiaque s’accélère. Si celui de Madame, juste après l’orgasme, bat au rythme de l’horloge à balancier de votre grand-mère, soit elle est une athlète de très haut niveau (il n’y a que ça pour vous sauver), soit elle ne jouit pas. Et je ne parle même pas des contractions vaginales, j’imagine que vous êtes déjà au courant. Mieux vaut parfois allumer une cigarette, après l’amour, plutôt que poser amoureusement sa tête sur le cœur lymphatique de Madame…

Quant à vous, Madame, sachez qu’un homme peut envoyer à l’assaut son armée de fiers combattants sans avoir joui pour autant. Il se peut que la sensation locale n’ait pas eu le temps de monter jusqu’au cerveau, ne s’exprimant que mécaniquement. Vous pensez que tous les hommes jouissent de la même façon et avec la même intensité? Regardez donc plus loin que le bout de votre ego, vous aussi.

Revenons à Madame Desperado. Ce n’est pas facile pour vous de jouir parce que, dès les premières relations sexuelles, vous préférez simuler pour lui faire plaisir plutôt que lui expli­quer qu’il ne s’y prend pas bien. Du coup, vous ne connaissez pas le plaisir sexuel ou juste un peu et pas forcément les deux (vaginal ou clitoridien), car vous n’avez jamais poussé l’expé­rience assez loin. Et quand le Trou noir affectif s’assied sur le bord du lit, rassasié, et qu’il vous dit, sûr de lui: «Alors, heureuse?» vous lui répondez «Oui».

Quant à vous, Monsieur Desperado, suivez le conseil de Candide en cultivant votre jardin. Et si vous tirez plus vite que votre ombre quand il est temps de l’arroser, apprenez à quel moment arrive l’eau dans le tuyau. Il vous faut le dérouler et jouer avec le robinet pour apprendre à bien l’utiliser. Abolir le sexe dans votre vie n’est pas la solution. Mettez de côté la pudeur et travaillez à un avenir meilleur au lieu de vous replier. Si, par ailleurs, vous éprouvez quelques difficultés à atteindre la jouis­sance, c’est normal car vous êtes trop concentré sur le plaisir de Madame et vous en oubliez le vôtre. Ne jouissant que peu ou pas, vous pouvez pilonner pendant des heures entières, si tant est que le pilonnage intéresse la dame. Quoi qu’il en soit, ne laissez pas tomber votre tuyau, même si vous n’avez rien à arroser: restez en contact avec votre libido, et profitez de ces temps morts pour expérimenter de nouvelles voies et laisser galoper votre imagination.

Madame Desperado, vous devez aussi découvrir votre corps, ce que vous n’avez peut-être pas fait avant de débuter l’expérience à deux. Une fois que vous avez votre propre mode d’emploi, vous pouvez joyeusement guider votre partenaire qui est alors sur la bonne piste pour vous faire découvrir d’autres fonctions et d’autres horizons.

Le corps est comme la nouvelle machine qu’on vient de livrer au bureau. Elle a le télécopieur, le photocopieur et le scanner incorporés, mais vous ne vous en servez que pour téléphoner. Tout simplement parce que vous n’avez pas été attentif au mode d’emploi, ni exploré toutes ses possibilités…

Bonne nouvelle: il n’est jamais trop tard!

Encore une fois, tous les Desperados ne sont pas ainsi, ils sont seulement prédisposés. Et puis n’allez pas imaginer que vous êtes le ou la seule à avoir des difficultés. Il y en a bien plus que vous ne le pensez, mais ils ne s’en vantent pas.

 

19.   Madame Trou noir affectif contrôle par le sexe,  pendant que Monsieur Trou noir affectif se croit dans un libre-service

Vous, Madame Trou noir affectif, soit vous jouissez la première et tant pis pour lui, soit vous ne jouissez pas ; dans les deux cas, il n’a rien en retour et c’est bien ainsi que vous le tenez, ce bon Desperado, à votre service. Car vous êtes, en règle générale, une dominatrice. Et si un amant de passage ne vous envoie pas au septième ciel, vous le congédiez sur-le-champ, sans autre forme de procès. Vous contrôlez les hommes de toutes les façons possibles, allant jusqu’à déclarer un problème sexuel (ex.: frigidité ou sai­gnements). Ainsi, vous faites l’amour le moins souvent possible, mettant le conjoint sur les dents et le culpabilisant en lui faisant comprendre que vous souffrez pour son propre plaisir. Imaginez ce que peut ressentir Monsieur Desperado! Attention, cette sorte de manipulation sexuelle n’est pas consciente: si vous ne jouissez pas, c’est parce qu’on vous a programmée à penser que c’est sale ou dangereux et parce que c’est la stratégie de survie que vous avez mise au point pour obtenir des autres ce que vos parents vous ont refusé. Vous naviguiez en plein inconscient, mais plus maintenant car le voile est levé.

Avec vous, pas de simulation, sauf pour appâter votre victime (la bande-annonce du film) ; sinon, lassé, Monsieur pourrait bien se retirer…

Ou alors, en bon Trou noir affectif, vous dévorez tous les plaisirs que l’autre vous offre et, avant qu’il ait repris son souffle pour passer aux siens, vous êtes déjà dans l’escalier. Et chaque homme que vous rencontrez s’évertue à obtenir de vous ce que vous ne lui abandonnerez jamais.

Monsieur Trou noir affectif, vous êtes peut-être moins calculateur: vous arrivez à table, vous mangez et, une fois repu, vous repartez. Vous êtes venu pour prendre, dans tous les sens du terme. Et si d’aventure Madame Desperado se plaint de ne pas jouir, vous lui faites croire que c’est elle qui a des problèmes, alors que vous la prenez «à la hussarde», sans aucun préliminaire! Et si elle éprouve quelques plaisirs, c’est juste pour l’appâter et la garder.

Le sexe est un monde parallèle dans lequel vous changez souvent totalement de comportements: le dictateur au bureau se fait fouetter les fesses dans l’intimité et la secrétaire timide se transforme en tigresse. Eh bien le Trou noir affectif peut devenir un Desperado et le Desperado peut devenir un Trou noir affectif, dans la vie comme au lit.

Les problèmes sexuels se règlent quand vous cherchez la solution: la franchise et l’honnêteté sont de mise et vous pouvez jouer au jeu du chaud ou froid avec sincérité. Si Monsieur refroidit dans son exploration, Madame le lui dit et quand il chauffe, elle le crie! Toute la mécanique est là, donc il suffit de trouver le bon bouton. Et ce que le subconscient bloque, il peut le débloquer. Travaillez sur vous et sur l’autre et vous serez, tous deux, récompensés.

Que pensez-vous, Madame, de parler franchement. Et même si vous simulez depuis dix ans, Monsieur ne s’en offensera pas, car il sait maintenant pourquoi vous l’avez fait. Il est temps à présent de découvrir à deux le paradis perdu, où il allait tout seul jusque-là. Soyez compréhensifs des deux côtés, l’objectif n’étant pas de savoir qui a eu tort, mais plutôt comment rejoindre à deux les rivages du plaisir.

Il s’agit parfois d’un simple manque d’imagination. C’est pourtant l’imagination qui fait monter le désir; et quand le désir monte, le plaisir pointe. Si l’un des deux partenaires fait preuve de créativité, voire les deux, il entraîne l’autre sur le sentier secret de l’orgasme. La recette? Un sevrage, par exemple, car les adultes, comme les enfants, marchent aux interdictions ou une mise en scène pleine d’imagination. Donnez dans les fantasmes à fond! Et quand la crème fouettée est montée, il ne reste qu’à poser la cerise sur le gâteau!

S’il existe d’autres causes aux troubles sexuels que ceux générés par la dépendance affective, peut-être venez-vous de découvrir la solution aux vôtres…

Vous êtes maintenant conscient que, si vous lâchez Tarzan et ses lianes, vos comportements dans l’intimité ont toutes les chances de se modifier, voire même de se bonifier, et vous partez pour de grandes découvertes sur vous, d’abord, puis sur votre prochain partenaire qui sera, cette fois, équilibré.

Quant à vos enfants, expliquez-leur le plus tôt possible qu’ils sont invités à explorer leurs propres jouets dans l’intimité, sinon ils ne connaîtront pas leur corps et ne sauront pas expliquer à leur partenaire ce qui leur fait plaisir.

Adepte de Tarzan ou non, quand vous êtes en pénurie de partenaire, profitez-en pour découvrir votre corps et développer votre imagination, grâce aux fantasmes qui nourriront votre prochaine relation. Ce sont les vertus et les avantages du sevrage. Personnellement, j’ai eu beaucoup d’imagination pendant ma longue période de célibat et celui qui en profite aujourd’hui ne s’en plaint pas! D’ailleurs, maintenant que l’amour fait partie de ma vie, j’ai découvert sur moi des informations que je ne possédais pas: quand je vous dis que la névrose bloque bien des choses! Mais vous me permettrez de rester discrète sur ce sujet… 

 

20.   Devinez qui vous dénigrez en critiquant votre conjoint?

Si vous avez une piètre opinion du sexe opposé, j’espère que vous êtes célibataire, sinon j’en conclus que la personne que vous avez attirée n’est pas très brillante, puisque vous la dénigrez. Pourquoi vivre avec un être aussi inférieur? Ne dit-on pas que votre conjoint est votre reflet? Pourquoi critiquer la personne avec laquelle vous vivez si c’est pour retourner chaque soir vous coucher auprès d’elle?

Quand j’ai senti que mon mari me trompait, je n’ai rien dit à personne. Ni famille, ni amis. J’ai joué la parfaite nouvelle épouse heureuse, car si je m’aventurais à décrire les souffrances qu’il m’infligeait, qui aurait encore pu le côtoyer? J’espérais qu’il retrouve ses esprits après la naissance de notre bébé et décide de quitter de lui-même sa maîtresse. Il ne l’a pas fait, alors j’ai décidé de divorcer, à la surprise générale, puisque nous semblions être (surtout moi!) le couple parfait.

Quand j’entends aujourd’hui le témoignage d’une personne qui souffre à cause de son conjoint, qu’elle dénigre auprès de sa famille et de son entourage, pour exiger finalement de tous qu’ils le respectent, je sais que ça ne peut pas fonctionner et je le lui explique. En fait, il existe deux personnes dont vous n’avez pas le droit de vous plaindre puisque vous pouvez vous en débarrasser: votre conjoint et votre patron.

Si vous critiquez la personne avec laquelle vous vivez, n’attendez aucune clémence de la part de votre entourage à son égard. Quels parents ou amis seraient-ils s’ils étaient capables de respecter celui ou celle qui vous fait du mal? Le mieux ne serait-il pas de vous séparer au lieu de leur faire porter ce que vous ne réussissez pas à régler?

Quant à vous, dans l’entourage, inutile de mettre la charrue avant les bœufs: tant que la personne n’est pas prête à quitter son conjoint, vous ne pouvez rien faire. Attendez patiemment qu’elle mûrisse et tenez-vous prêt à l’aider et à la soutenir, voire même à la ramasser en petits morceaux quand sa décision sera prise.

J’ai eu plusieurs amis dans cette situation et je n’abordais pas le sujet si eux ne le faisaient pas. Je me contentais de les écouter, sans juger. Ceux qui s’en sont sortis ont appris de leurs erreurs et la vie les a réparés: ils sont très heureux, en couple, aujourd’hui.

 

21.   Tu ne me fais plus souffrir, je te quitte!

La séparation est le premier pas que vous faites sur le chemin de votre futur bonheur. C’est également le premier geste pour entamer votre préparation à recevoir la personne qui est vraiment faite pour vous et vous pour elle.

Je connais tous les arguments avancés pour éviter de vous séparer, pour les avoir entendus de la bouche de ceux que j’accompagne et pour les avoir utilisés moi-même: entre autres, que vous avez beaucoup de points en commun, c’est pourquoi vous vous acharnez à sauver une relation qui, pourtant, vous fait souffrir, imaginant que l’autre va changer. Savez-vous qu’il existe des personnes équilibrées avec lesquelles vous avez autant, sinon plus, de choses à partager? Et peut-être que c’est une bonne idée de commencer par être heureux seul, plutôt que souffrir à deux…

La décision de la séparation n’est pas facile. Elle génère beaucoup de peurs, de deuils, puis viennent les questions logistiques et matérielles. Je me souviens de la réponse de mon grand-père quand je lui ai parlé de ma difficulté à prendre une décision au sujet du divorce. Il m’a répondu: Pose-toi trois questions:

  1. Pourras-tu faire à nouveau confiance à ton mari? La réponse était non.
  2. Te vois-tu refaire l’amour avec ton mari? Pas du tout.
  3. Te vois-tu finir tes jours avec ton mari? Sûrement pas!

Il me regarda droit dans les yeux et dit: «Tu as ta réponse.» J’ai divorcé, sans hésiter. J’utilise beaucoup ces trois fameuses questions pour aider ceux qui hésitent à se décider.

C’est une réflexion sur le long terme que mon grand-père me conseillait. Bien souvent, vous prenez des décisions à court terme pour ne pas souffrir dans l’immédiat, refusant d’en considérer les conséquences à long terme. C’est comme enlever un pansement: si vous tirez d’un coup sec, ça fait mal sur le moment, puis c’est réglé. Quand un héros reçoit une flèche qui lui traverse la poitrine, il faut bien l’arracher afin qu’il cicatrise. Vous n’êtes pas prêt à passer par une séparation parce qu’elle va rouvrir de vieilles plaies, celles liées au fameux type en costume tacheté qui traverse la jungle en hurlant. Certains attendent même que ce soit l’autre qui craque et s’en aille. Si c’est un Trou noir affectif, il est résistant et, je le sais d’expérience, vous allez attendre longtemps!

Personne, cependant, n’a le droit de vous dire quoi faire. Vous savez ce qui est bon pour vous et si vous refusez d’écouter votre instinct, c’est parce que vous ne pouvez pas aller plus vite que la musique: il est nécessaire d’être prêt à le faire. Peut-être ne souffrez-vous pas encore suffisamment pour accepter de regarder la situation en face? Prenez votre temps afin d’être solide sur vos bases le jour où vous vous décidez. Mieux vaut y mettre le temps et se séparer définitivement plutôt que se séparer tous les six mois et recommencer.

J’ai vu aussi bon nombre de personnes rester accrochées au souvenir des débuts de leur mariage. Votre conjoint était adorable pendant les premiers mois, puis ça s’est dégradé, et aujourd’hui c’est invivable. Mais vous attendez, passivement, que l’autre redevienne ce qu’il était au début. Au bout de quinze ans, c’est toujours le même refrain ; et vous vous laissez détruire à petit feu, tombant dans une maladie grave ou une dépression. Est-ce que la peur de la solitude et de la précarité financière sont plus fortes que la peur de détruire votre santé? Il faut croire que oui: vous préférez être malade, plutôt que détaché de votre liane.

Tout le monde souffre après une séparation, adeptes de Tarzan ou non, à cause du rejet, de l’abandon, du stress de vivre seul à nouveau, de ne plus être touché. Ce qui vous distingue ensuite, c’est la rapidité à vous raisonner pour faire le deuil de cette relation ou la faculté à refuser la réalité et à vous accrocher à l’autre, quitte à le reprendre plusieurs fois. Vous recommencez sans cesse la même chose qui ne marche pas. Je précise plusieurs fois car, ainsi que je l’ai déjà signalé, une séparation peut avoir du bon. Une, pas plusieurs et de façon chronique. Le syndrome de Tarzan vous fait souffrir démesurément parce qu’il y a dépendance et sevrage violent. La panique vous prend parce que le fait de couper avec l’autre vous coupe également votre oxygène.

Il a fallu que je choisisse de rester en apnée plutôt que respirer au travers de Jules et de Jim, jusqu’à ce que je comprenne ma dépendance et que je la règle. Mais pendant tout ce temps, le sentiment d’injustice et les sensations d’étouffement et de grand vide étaient terriblement présents en moi.

En effet, l’émule de Tarzan est incapable de faire le deuil d’une relation et vous restez plus ou moins attaché à l’autre, en fonction de votre degré de dépendance. Pourtant heureux en couple aujourd’hui, il se peut que vous n’ayez pas chassé de votre esprit la précédente relation névrotique, qui fut souffrante bien que réparatrice: cette mésaventure vous a permis de comprendre ce que vous ne voulez plus vivre. Cependant, vous ne pouvez pas vous empêcher d’y penser.

Maintenant, vous savez pourquoi, et il est temps de vous libérer de votre sentiment de culpabilité et de déception en les laissant partir avec vos mauvais souvenirs. L’autre ne vous a pas reconnu parce qu’il ne le pouvait pas, quoi que vous fassiez.

Qui dit dépendance dit sevrage. Sevrage d’affection et de toucher. Tant que ma colère me rongeait, j’en voulais à tous les hommes, à cause de ce que deux névrosés m’avaient fait, et il valait mieux ne pas m’approcher. Pendant le cauchemar avec le père de ma fille, je fus invitée à une soirée d’anniversaire à laquelle j’allais par amitié et tentais d’y faire bonne figure. Le lendemain, une amie m’appela pour me raconter qu’un des garçons avait eu un coup de foudre en me voyant entrer dans la pièce, mais n’avait pas osé m’approcher. Il lui avait demandé s’il avait une chance de me séduire, ce à quoi elle répondit qu’il valait mieux pour lui rester à distance car j’étais bien capable de le mettre en pièces! C’est effectivement ce que j’aurais fait. Les seuls contacts physiques que j’entretenais avec des hommes à cette époque n’avaient rien de romantique: je les frappais, je les jetais au sol et ils me le rendaient bien, pendant les cours de Ninjutsu.

Le temps apaise les plaies et, la colère passant, mon corps revendiqua ses droits: le manque commença à se faire sentir, se transformant peu à peu en douleur physique. Vous la connaissez cette souffrance qui vous tord les tripes et vous jette dans ce sentiment d’injustice: pourquoi mon ex-Desperado ou Trou noir affectif a-t-il retrouvé quelqu’un et pas vous? Vous pensez que vous ne valez rien puisque toujours célibataire et vous l’imaginez s’ébattant joyeusement avec sa ou ses nouvelles conquêtes. À ce sujet, chaque fois que ces mauvaises émotions s’installaient, je me raisonnais immédiatement sachant que c’est leur dépendance qui les jetait sur n’importe qui alors que, moi, je préférais attendre quelqu’un de bien. Et mon attente a été largement récompensée!

C’est dans cette période que les petits jeunes s’intéressèrent à moi et je passais beaucoup de temps à flirter plutôt qu’à coucher avec eux. J’avais plus besoin d’hommages que de sexe. Pendant mon célibat, j’avais des désirs mais pas des besoins en tant que tels, car je savais que plus j’attendrai, plus je gagnerais en sérénité et je me plaisais à croire que lui aussi. Et c’était vrai! Ma motivation était la qualité de ma future relation et non l’apaisement de la souffrance due au manque affectif.

Et chaque seconde qui passait me rapprochait de lui…

Vous remarquerez que, lorsque l’autre vous quitte, c’est souvent vous qui créez un lien, une sorte de tuyau dans lequel passent votre déception (après tout ce que j’ai fait pour lui, il m’a laissé tomber), votre culpabilité (je n’en ai pas fait assez) et votre espoir qu’il revienne. C’est vous qui alimentez ce qui vous rattache à l’autre. Et vous pensez à lui sans arrêt. En fait, vous déformez la réalité jusqu’à ce qu’elle vous fasse souffrir, pas par masochisme, mais par programmation: votre conjoint est parti ou vous l’avez mis à la porte parce que vous ne pouviez plus vivre ensemble. Voilà la vérité. Coupez donc ce tuyau et cessez d’imaginer que c’est lui qui l’a créé. C’est vous, et vous pouvez le couper. Lui a le sien qui le relie à vous, qu’il se débrouille!

Quand vous pensez à votre conjoint et que les seules images qui vous viennent à l’esprit sont celles de la désolation et de la souffrance, n’avez-vous pas une décision à prendre? Et quand, après la séparation, vous ne pensez qu’aux bons souvenirs, alors qu’il vous a fait vivre un enfer, seriez-vous en train d’attendre qu’il revienne? En revanche, si votre mémoire n’a retenu que le plus noir, la porte est définitivement fermée pour lui. L’amour ne s’efface pas ; l’attachement, oui. Cela signifie simplement que les mauvais souvenirs vous servent de bouclier pour vous protéger de l’envie de reprendre cette personne. Gardez bien à l’esprit les difficultés que vous avez eues à vous en débarrasser!

Dans une histoire de névrose, un clou chasse l’autre. Vous croyez mourir après la séparation et le suivant vous fait oublier le précédent. Pas dans une histoire d’amour. Parce que, lorsque vous aimez, c’est pour la vie; seule la mort peut vous séparer ou des circonstances indépendantes de votre volonté.

Celui qui refuse de refaire sa vie après un veuvage est lui aussi atteint par le syndrome de Tarzan, car il reste désespérément accroché à une mémoire. Dans ma philosophie de vie, quand vous passez de l’autre côté, vous devenez meilleur, donc capable de comprendre que celui qui reste a le droit d’être heureux avec quelqu’un d’autre. Au lieu de cela, vous vous enfermez dans votre culpabilité, refusant d’être heureux sans l’autre, qui, assis sur son nuage, essaie de vous faire comprendre par mille messages que votre vie vous appartient et que votre devoir est d’être bien à nouveau, seul ou à deux.

Votre couple tient parce que vous avez tous deux peur de perdre votre confort et peur de la solitude. Cela signifie simplement que votre liberté a moins de valeur à vos yeux que la sécurité matérielle. C’est votre droit le plus absolu. Au début, vous êtes restés ensemble soi-disant pour les enfants, puis par habitude, puis par peur de l’inconnu et de la solitude.

Et plus vous avancez en âge, moins vous avez d’élan pour vous envoler vers votre liberté et vers la chance d’être enfin véritablement heureux à deux.

Vous camoufler derrière les enfants pour cautionner votre lâcheté est un artifice souvent employé. Je sais, vous allez me dire que pour l’équilibre des enfants, même si vous ne vous aimez plus, c’est mieux de rester ensemble. Pourquoi? Pour qui? Pour eux ou pour vous? Quel message transmettez-vous à vos enfants en agissant ainsi? Surtout pour leur jeter à la figure plus tard: «Si je suis resté avec ta mère, c’est à cause de toi!» «Eh bien, il fallait divorcer», répondra immanquablement l’enfant. Vous me direz que se séparer est de l’égoïsme; moi, je réponds que c’est le respect de la liberté que vous enseignez à vos enfants. La liberté, ça n’a pas de prix. Quand votre attachement à l’autre s’est dissout et que vous restez par confort, pour les enfants et pour bien d’autres raisons relevant du «qu’en dira-t-on», faites-vous preuve de courage? Que protégez-vous? Quelle est votre intention positive dans ce choix qui vous rend malheureux?

Faut-il être trompé, bafoué, frappé pour mettre un terme à une relation? Ne plus être attaché à l’autre constitue également une bonne raison. D’autant que si vous n’êtes plus lié, c’est que vous avez évolué et qu’une névrose vient de se régler. Aussi bien en retirer tous les bénéfices! Si vous restez, la frustration et la souffrance prennent vite le dessus et le malaise s’installe. On le voit même chez ces couples modernes qui vivent dans la même maison avec leurs enfants et ont chacun maîtresse et amant. C’est un piège qui se referme lentement parce qu’un beau jour l’un des éléments rapportés revendique sa légitimité ou l’un des conjoints à nouveau seul finit par être jaloux du bonheur de l’autre. Quant à l’image du couple transmise aux enfants, plutôt que l’équilibre et l’harmonie, ne reflète-t-elle pas le marché de dupes? Si un couple se dit suffisamment intelligent pour vivre cette situation, pourquoi ne le serait-il pas plutôt pour divorcer proprement?

Pour avoir subi vos disputes, vos enfants comprennent que vous ne vous entendez plus. Si vous vous séparez, même s’ils en souffrent, cela reste tout de même logique dans leur tête. Rester ensemble et continuer à se crier après les fait grandir dans une situation de stress. Ils finissent par être désabusés et avoir une bien mauvaise image du couple. Que pensez-vous de leur expliquer que vous n’êtes pas faits l’un pour l’autre, même si vous avez mis plusieurs «enfants» à vous en rendre compte, et que vous reprenez votre liberté pour rencontrer la bonne personne un jour?

Vous avez des aventures mais ne trompez pas votre femme, puisqu’elle est au courant et consentante, à ce qu’elle dit, mais peut-être pas à ce qu’elle pense, ni à ce qu’elle souffre. Pour des raisons diverses, elle n’est pas portée sur le sexe ou vous n’êtes plus attirés l’un par l’autre. Si vous, Madame, n’aimez pas le sexe, pourquoi ne pas rendre sa liberté à votre mari? Parce que chaque fois qu’il est dans les bras d’une autre, ne le niez pas, ça vous fait souffrir. D’autant qu’un jour il risque bien d’y rester, dans ces bras-là. Et si vous, Monsieur, avez besoin de sexe, pourquoi n’avez-vous pas le courage de la quitter? Parce que c’est confortable, n’est-ce pas? Peut-être vous êtes-vous fourvoyés en vous mariant, peut-être êtes-vous faits pour être amis et non amants? C’est votre instinct possessif qui refuse à l’autre sa liberté. Si tu ne peux être à moi, tu ne seras à personne d’autre. Et Tarzan voltige au-dessus de vos têtes…

L’être humain, quand il se sent bien avec quelqu’un, ne pense qu’à copuler, alors qu’il vient peut-être de rencontrer l’ami(e) idéal(e) et non l’âme sœur. Pensez-y. Ce n’est pas parce que vous avez l’impression de le connaître depuis longtemps et que vous vous sentez bien qu’il faut fêter ça en sortant l’artillerie. Ce sont ces couples qui se quittent bon amis, parce que c’est ce à quoi ils étaient destinés et qu’ils se sont fourvoyés. J’ai rencontré un homme avec lequel je me suis sentie instantanément en confiance et lui aussi. Mais je n’ai pas sauté dans ses bras (pourtant j’avais faim!) parce que j’ai réfléchi à notre relation et nous nous sommes quittés bons amis. Peut-être que l’être humain voyage de vie en vie et retrouve des gens qu’il a déjà connus dans les précédentes et comme il est en manque affectif, il interprète de travers le confort et le bien-être que l’autre lui apporte.

Et si Monsieur ou Madame n’a plus envie de faire l’amour, c’est à cause d’un accident ou d’un blocage psychologique, ou parce que vous n’êtes plus suffisamment attaché à l’autre pour les plaisirs sexuels. Mais encore assez dépendant affectif pour reculer devant la séparation. C’est dommage de ne pas faire l’amour, non? Et il y a ceux qui ne prennent plus soin d’eux ni de l’autre… 

 

22.   Comment vous débarrasser d’un fan de Tarzan?

Que vous soyez Trou noir affectif ou Desperado, lorsque l’un s’en va, l’autre s’agrippe désespérément à celui qui le nourrissait. Essayez donc d’enlever un biberon à un bébé ou, pire, un os à un chien! En revanche, si le Desperado reste assis à attendre, l’oreille basse et l’air suppliant, que vous lui rendiez son os, le Trou noir affectif s’en cherche un autre immédiatement. Mais attention, ce n’est pas pour autant qu’il va vous lâcher car, si vous l’avez quitté, vous restez néanmoins, celui qui lui a échappé.

Une fois dehors, le père de ma fille, bien qu’il prit un appartement, continua sa relation avec sa maîtresse, pensant que la crise passée, je le reprendrais. D’ailleurs, pendant quatorze années de relation, il la trompa et il en fut ainsi pour toutes les suivantes. Non seulement incapable de rester seul et à deux, il a, en plus, besoin de picorer!

Jim, lui, s’agrippa à toutes celles qui passaient, multipliant les aventures dans l’objectif d’en trouver une qui le garderait, voire plusieurs: abondance de bien ne nuit pas! Abondance de Desperados non plus… Ce qui ne l’empêcha jamais de venir gratter à ma porte, mais ses comportements me dégoûtaient. Ma dépendance affective était assez ancrée pour en supporter beaucoup mais Jules et Jim ne franchirent la limite qu’une fois et si je continuais à m’en sentir responsable, côté sexe, ils ne m’attiraient plus parce que je ne les respectais plus: c’est moi que je respectais à la place.

Desperado, il n’est pas rare que vous tombiez dans le panneau, quand l’ex vient chercher les enfants, par exemple, et bien qu’il soit avec quelqu’un d’autre, vous êtes prêt à avoir des relations sexuelles pour grappiller quelque affection ou, tout simplement, pour vous venger de votre rival. Vous, Trou noir affectif, vous êtes comblé: vous jouez sur tous les tableaux. Je sais: avec votre ex, c’est pas pareil. En souvenir du bon vieux temps! Si c’est vous qui êtes quitté, votre Desperado d’ex est bien capable, si vous avez du chagrin, de vous faire quelques câlins, pour vous réconforter. Bref, vous n’en finissez plus de vous faire des câlins l’un l’autre, parce que les liens sont là et bien difficiles à trancher.

Difficile pour un fan de Tarzan de se débarrasser d’un autre fan de Tarzan puisque le Desperado est fait pour donner et non pour retirer et le Trou noir affectif, lui, est fait pour prendre et il prend jusqu’au dernier moment. Souvenez-vous de Jules et de Jim: ils ne m’aimaient plus mais ne partaient pas. Souvent, vous décidez de mettre le Trou noir affectif à la porte quand celui-ci est allé trop loin, sachant que trop loin, c’est vraiment très très loin pour n’importe quelle autre personne équilibrée. Vous laissez famille et amis dans la perplexité avec ce que vous êtes capable d’endurer. Le syndrome de Tarzan oblige à supporter des actes épouvantables qu’aucune autre personne en froid avec Tarzan n’accepterait, entre autres, la violence physique et morale. Car il n’y a pas que les coups au corps qui blessent, les coups à l’âme aussi. Votre Trou noir affectif continue, la plupart du temps, le travail de sape de vos parents, remettant en question votre valeur, détruisant le peu de confiance et d’estime que vous aviez préservé.

Encore une fois, votre objectif de Trou noir affectif est de rester dans la place, coûte que coûte. J’ai essayé d’avoir le père de ma fille à l’usure en lui menant une vie impossible dès qu’il franchissait le seuil de la porte, mais rien n’y fit. Il prétextait qu’il attendait de trouver l’appartement qui lui conviendrait et, deux mois après le jugement de divorce définitif, il était toujours à la maison. Là, j’aurais pu faire appel à la police pour le déloger de chez moi, puisqu’en plus j’avais racheté ses parts de la maison et nous étions divorcés. Mais j’en étais bien incapable. Ma crainte était que les choses s’enveniment entre lui et moi et qu’il ne vienne plus voir sa fille. Et puis, c’est quelque chose que de faire appel à des représentants de la loi: cela implique mettre le doigt dans un engrenage dont on ne connaît pas l’issue. Pourtant, c’est souvent préférable plutôt que commettre l’irréparable.

Là encore, je dois faire un mea-culpa car c’est non seulement ma volonté de préserver une relation entre ma fille et son père mais également ma dépendance affective qui m’empêchaient de mettre Jules à la porte: je persistais à vouloir qu’il reconnaisse ma générosité!

Si, Desperado, vous essayez de mener une vie infernale à votre Trou noir affectif pour qu’il s’en aille, je vous l’ai déjà dit: ça ne fonctionnera pas, parce qu’il est programmé pour rester là, accroché comme une sangsue. Et si vous arrêtez d’être généreux, vous restez néanmoins incapable de faire de la peine. Surtout si l’autre vous fait un chantage au suicide. Il peut vous dire qu’il va partir, un jour ou l’autre, pour gagner du temps parce que pour lui, partir c’est mourir: n’attendez pas de lui qu’il fasse tranquillement sa valise et qu’il referme calmement la porte derrière lui. S’il essaie le chantage au suicide, là, vous ne marchez pas: vous galopez! Ça peut durer des années, le temps file et vous prenez de l’âge. Si un miracle se produit, qu’il trouve un autre adepte de Tarzan qu’il aura apitoyé sur son sort en vous faisant passer pour le méchant, vous aurez perdu beaucoup de temps et d’énergie, sans parler des enfants qui auront vécu cet enfer en même temps que vous.

Ma fille ne souffrit ni de ma vie avec son père, ni de la séparation car elle ne le voyait jamais à la maison: il arrivait et repartait quand elle dormait. Nous avions donc tout loisir de nous disputer pendant ses heures de sommeil.

Quand j’ai rencontré Jim, ma fille était plus grande puisqu’elle avait quatre ans, et huit ans lors de la séparation. Elle avait remarqué nos disputes et nos tensions, et nous avait vus nous déchirer et, pire, nous «bousculer». De ce dernier point, elle parla longtemps. Voir sa mère et son beau-père, c’est-à-dire ses parents, en venir aux mains est un souvenir qui marque un enfant, surtout à un endroit où il ne devrait voir que de l’amour et du respect. Elle a même vu le second se colleter avec son père qui avait débarqué soûl à la maison. Ce sont des images que nous avons déprogrammées ensemble et l’humour nous a beaucoup aidées. En fait, si les événements restent les mêmes, vous avez, en revanche, la possibilité de changer les émotions qui y sont rattachées. C’est le travail que j’ai effectué avec ma fille, et elle est aujourd’hui une adulte autonome et accomplie.

Après lui avoir montré, par deux fois, ce que ne doit pas être un couple, je lui ai promis de lui faire un jour la belle démonstration de ce que ça doit être. Elle le voit maintenant et a de quoi comparer mes relations d’avant à celle d’aujourd’hui: elle est une fan de son beau-papa! Elle sait également que Tarzan et moi étions extrêmement liés et connaît enfin le formidable beau-père que j’ai promis, pendant onze années. Que je m’étais promis aussi…

Un enfant comprend que vous vous soyez mis dans de sales draps, par dépendance affective. Ce qu’il aura plus de mal à comprendre, c’est pourquoi vous ne faites rien pour en sortir. Vous avez là un beau message à lui transmettre: tu as le droit de te tromper et le pouvoir de réparer. J’ai réparé!

 

23.   «Y m’fout des coups, mais je l’aime»

Et pendant que vous cherchez le moyen d’expulser l’autre ou que vous continuez à être prêt à tout subir pour qu’il ne parte pas, vos nerfs s’effilochent, la fatigue et le dégoût vous gagnent et la violence augmente. Quant à votre famille et à vos amis, ils s’usent aussi. Ils en ont assez d’entendre toujours les mêmes rengaines. Ils ne rêvent que d’une chose: mettre dehors votre Trou noir affectif ou votre Desperado. Mais ils savent qu’ils ne peuvent pas le faire. La bonne nouvelle, c’est que le jour où vous vous décidez, vous pouvez compter sur eux pour vous aider à faire ses paquets.

Une de mes meilleures amies était battue par son conjoint et me demanda de les héberger tous les deux chez moi, pendant un court séjour. Elle me supplia de faire comme si je n’étais au courant de rien. Ce que je fis avec difficulté, mais je vous prie de croire que s’il avait eu le moindre geste déplacé devant moi, je ne l’aurais pas loupé. Il n’en fit rien car il me craignait. Ce qui est comique, c’est que si l’une de mes amies tombe sur un Trou noir affectif, celui-ci me déteste instantanément: intuitivement, il sait qu’il ne pourra pas faire le vide autour de sa nouvelle victime, ni casser l’amitié qui nous lie, elle et moi. Si les choses tournent mal, c’est vers moi qu’elle se tournera. Dans ce cas de figure, j’ai tendance à mettre mon Yang en avant, parce que, pour moi, c’est masculin de protéger une femme. En revanche, si le conjoint d’une amie est du style Desperado, il m’apprécie car avec lui, c’est mon instinct maternel qui se réveille.

À moins qu’un incident se produise devant l’entourage, personne ne peut intervenir. Encore une fois, c’est votre choix que de vivre avec l’autre et cela signifie que vous avez encore quelque chose à apprendre de ce personnage. Il vous faut aller jusqu’au bout de l’horreur afin de comprendre que vous devez changer. Et si votre entourage insiste pour que vous le quittiez, vous coupez les ponts, vous vous isolez, alors qu’un jour vous pouvez avoir besoin d’aide pour terminer cette relation. Faites comprendre à votre entourage que c’est votre choix et pour que tous le respectent, cessez de leur rebattre les oreilles avec tout ce que vous subissez. Puis, quand vous êtes prêt à rompre, votre famille et vos amis sont présents.

Pourquoi croyez-vous que les Trous noirs affectifs font souvent le vide autour de leur Desperado, le coupant de sa famille et de ses amis? Pour qu’il soit tout à lui.

D’ailleurs, quand vous disparaissez, négligeant vos amis et vos parents, quels signaux pensez-vous envoyer? Est-il logique de vous couper de tous ceux que vous aimez parce que vous venez de rencontrer une personne qui devient le centre de votre univers?

En ce qui me concerne, je gardais le contact avec ma famille et mes amis, bien qu’ils rêvassent tous d’étrangler Jules, puis Jim. Mes parents et mes grands-parents se firent beaucoup de souci, me sachant aux prises avec deux brutes qu’ils n’estimaient guère. Et pour cause! Cependant, j’étais bien la seule à pouvoir faire quelque chose pour moi et ma famille l’avait bien compris. En revanche, j’en ai lassé plus d’un dans mon entourage, surtout avec l’ex-mari que j’avais quitté une multitude de fois pour le reprendre aussitôt. Avec Jim, ils ne comprenaient pas pourquoi je continuais à m’occuper de lui. D’ailleurs, un ami se fâcha contre moi, car il ne pouvait concevoir que je fréquente encore celui qu’il considérait comme un vautour de la pire espèce. Il faut dire qu’il avait assisté à quelques faits édifiants et son intention positive était de me protéger. Comment aurais-je pu lui expliquer pourquoi je continuais à aider Jim, puisque je ne le comprenais pas moi-même? Cependant, je n’étais pas d’humeur à me faire dicter ma conduite et je le lui signifiai. Le ton monta quand je constatai qu’il ne désarmait pas et je lui demandai de m’accepter telle que je suis ou de passer son chemin. C’est ainsi que je réalisai l’ampleur de son amitié: il décida de rester à mes côtés bien qu’étant en total désaccord et incapable de comprendre ce qui se passait entre Jim et moi. Ce geste, je ne l’oublierai jamais, parce que je sais ce qu’il en coûte de voir une personne à laquelle vous tenez être maltraitée et ne pas intervenir, tant qu’elle ne vous le demande pas.

Que se serait-il passé si mon ami avait insisté? Premier cas de figure, je coupais les ponts avec lui. Deuxième cas de figure, je suivais son conseil et coupais toutes relations avec Jim, mais je n’aurais pas compris le mécanisme dans lequel j’étais piégée. J’avais besoin d’aller jusqu’au bout de l’horreur pour être en mesure de réagir de moi-même et non sur les conseils avisés et protecteurs d’une tierce personne. D’ailleurs, si j’avais rompu cette relation en cours de route, que me serait-il arrivé? Je serais tombée ensuite sur pire que lui! Si une personne que vous aimez est dans cette situation, ne la bousculez pas: elle est la seule à pouvoir faire quelque chose pour elle et il faut la laisser évoluer à son rythme. Soyez à ses côtés et attendez qu’un jour elle décide d’elle-même de mettre un terme à cette relation. Quant à vous qui êtes mal accompagné, ne laissez personne vous dicter votre conduite. Car si vous quittez celui qui vous maltraite sans être con­vaincu du bien-fondé de votre décision, vous vous inscrivez au grand jeu du yoyo ou vous tombez immédiatement sur pire que lui. Allez jusqu’au bout de votre histoire pour comprendre une bonne fois pour toutes ce que vous avez à régler. Malheureusement, l’être humain est ainsi fait: il ne décide de changer que lorsque la souffrance est telle que ça devient une question de survie. L’adepte de Tarzan sacrifie tous ceux qui se mettent entre son «dealer» d’affection et lui parce qu’il est totalement dépendant.

Desperado, vous vous éloignez de vos amis, car vous finissez par avoir honte de vous plaindre de l’autre au lieu de le quitter et de raconter ruptures et réconciliations. Seul au bout du compte, vous n’aurez plus qu’à vous raccrocher à votre Trou noir affectif, comme à un radeau au milieu de l’océan de solitude dans lequel vous coulez irrémédiablement.

Trou noir affectif, vous avez peu ou pas d’amis. Pas question de partager votre pourvoyeur d’affection avec qui que ce soit car vous agissez en enfant unique despotique et exigeant. Et puis, vous sentez bien que l’entourage de votre Desperado se ligue contre vous parce que ces gens ne vous aiment pas. Vous allez jusqu’à exiger parfois que votre Desperado choisisse entre sa famille, ses amis et vous. Et s’il vous choisit, il est cuit!

Il faut également signaler que, Trou noir affectif, vous avez le don de faire passer l’autre pour un hystérique, le poussant à bout et l’accusant ensuite de ne pas se contrôler. Si soudain votre jalousie excessive vous pousse à faire une scène, vous accusez immédiatement votre conjoint de l’avoir provoquée et vous lui ferez tranquillement porter le chapeau. Et comme le Desperado a une tête à chapeaux, il portera tous les torts, allant jusqu’à présenter ses excuses!

Et pendant ce temps-là, les choses s’enveniment et commencent à dégénérer pour finir en violence conjugale. C’est ce que j’ai traversé ; les deux fois, s’il vous plaît!

Mon mariage venait de voler en éclat, mon mari refusait de quitter la maison, son ex-maîtresse m’insultait régulièrement au téléphone (je changeais de numéro, mais Jules lui donnait systématiquement le nouveau), la nouvelle me harcelait continuellement parce qu’il ne me quittait pas. Et ce n’était pas faute de l’y encourager! Dans ce chaos complet, j’élevais ma fille qui venait de naître. Un soir, le vase a débordé. J’ai attrapé le mari par le col, je l’ai soulevé de terre, en furie, plaqué sur la cuisinière, et un couteau à viande se trouvait à portée de ma main. J’ai fixé le couteau et je me suis vue transformer cet homme, avec délectation, en passoire. À chaque coup porté, la sensation de bien-être et d’apaisement grandissait comme si toute cette souffrance allait disparaître avec lui. Imaginez comme c’était tentant! À ce moment précis, il a dit: «Vas-y, fais-le!» car il avait vu que je louchais sur le couteau. Je ne sais toujours pas ce qui m’a retenue ce jour-là, mais je l’ai lâché et je me suis enfuie au fond du jardin, terrifiée. Ce n’était pas la première fois que nous en venions aux mains, mais ce fut bien la dernière, en tous cas avec lui. J’ai eu très peur de ce que j’avais bien failli faire. Me considérant comme une meurtrière en puissance, j’hésitai entre le psychiatre et les arts martiaux pour exorciser toute la colère et la tristesse qui m’habitaient. J’optai pour les arts martiaux, le Ninjutsu, un des plus violents, car j’avais vraiment besoin de frapper. Il faut dire qu’au début je fis bien rire mes adversaires: une femme de 35 ans, la seule d’ailleurs, de la taille d’un jockey, qui venait les affronter. Mais j’avais tant de rage à sortir qu’après quelques coups bien sentis, ils me respectèrent. Et des coups, j’en pris aussi, mais cette fois, sur un tatami!

Je canalisais ainsi toute la haine que j’éprouvais à l’égard du trio infernal: Jules et ses deux groupies. Pendant de longs mois, chaque matin au réveil, j’étais persuadée que toute cette histoire n’était qu’un mauvais cauchemar, pour revenir brutalement à la réalité. Et puis, ils étaient présents chaque jour, s’acharnant sur moi, d’autant que nous habitions tous la même petite ville et je les croisais souvent. Comment aurais-je pu les oublier? Pas facile de se calmer! Je rêvais souvent que je frappais la nouvelle maîtresse à mains nues et qu’elle riait. Imaginez dans quel état je me réveillais.

Ce fut pareil avec Jim, qui me poussa à bout et, à nouveau, je disjonctai. Comment s’est-il débrouillé? Il eut la bonne idée d’entrer dans ma maison par une fenêtre, alors que nous étions définitivement séparés. Le premier choc fut de le retrouver au milieu de mon salon. Puis, utilisant sa grande taille et sa force pour s’imposer, il voulut m’obliger à l’écouter. J’en avais déjà assez entendu et supporté. Une fois de plus, j’ai perdu le contrôle et je lui ai sauté dessus, le poing en avant, droit sur son nez. Nous nous étions déjà battus plusieurs fois. Ce jour-là, je récoltai un magnifique œil au beurre noir et la paupière ouverte. Puis, lors du dernier affrontement, j’eus la sensation épouvantable que l’un des deux allait y passer. Alors qu’il venait de m’ouvrir la lèvre, au lieu de céder à la rage et de riposter, j’appelai calmement la police pour le faire embarquer. Comprenez bien que ce n’était pas de lui dont j’avais peur, mais bien de moi.

Quand ça va jusque-là, aucun des deux n’est coupable. Celui qui pousse l’autre à bout répond toujours à sa programmation, comme celui qui finit par disjoncter. Ça peut être le Trou noir affectif qui disjoncte, comme le Desperado. Dans ces cas-là, les deux risquent leur vie. Soit l’un frappe et tue l’autre, soit l’autre se révolte et finit par riposter et l’achever. Les faits divers regorgent de ce style de drames. Mourir ou tuer au nom de Tarzan: est-ce que ça vaut la peine?

Plus le syndrome de Tarzan vous pousse à tout encaisser de la part du Trou noir affectif ou du Desperado avec lequel vous vivez, plus sa réaction et la vôtre augmentent en violence le jour où l’un quitte l’autre: le Trou noir affectif voit partir son pourvoyeur d’affection ; et le Desperado, l’espoir de recevoir enfin un jour ce pour quoi il a tant investi. Plus vous attendez pour vous séparer, plus vous devenez dépendants, plus la frustration est grande et le sevrage, violent.

Si le fait de comprendre que Jules, Jim et moi-même répondions à nos mauvaises programmations constitue une explication, ce n’est pas une excuse pour autant. Nous n’avions pas le droit de nous taper dessus. Au premier échange de coups, j’aurais dû réagir et réaliser que je devais suivre une thérapie et eux aussi. Une thérapie individuelle pour comprendre d’abord pourquoi j’en venais à exprimer une telle violence. J’aurais alors accepté ma névrose et compris que mon manque d’estime et de confiance en moi en étaient l’origine. Maintenant que vous en saisissez le mécanisme, n’êtes-vous pas soulagé de comprendre pourquoi vous êtes comme ça et d’apprendre que vous pouvez déprogrammer votre penchant pour Tarzan?

Malheureusement, la violence n’est pas uniquement présente dans le cadre d’une séparation. Un couple peut également devenir coutumier du fait et en venir aux mains. L’incapacité à communiquer s’installe alors, la colère monte, la frustration et le ton aussi et, au bout du compte, l’un des deux agresse l’autre physiquement. Chaque violence, physique ou verbale, est une brèche dans la relation et, souvenez-vous, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se «casse». Ce sont souvent vos peurs qui vous poussent dans cette impasse et vous ferment aux arguments de l’autre. Desperado ou Trou noir affectif, les femmes frappent autant que les hommes. Une fois le calme revenu, chacun se sent mal, s’en veut de sa brutalité ou de sa lâcheté et tombe dans la culpabilité. Et si l’un jure que ça n’arrivera plus, l’autre le croit. Mais la seule façon d’arrêter cette escalade, c’est de vous faire aider, tous les deux, avant que l’irréparable ne se produise.

Vous ne pouvez pas dialoguer avec une personne que ses peurs et sa violence sont en train de contrôler: elle est dans un état second et ne maîtrise plus rien. C’est comme si vous, Madame, ayant la phobie des araignées, je vous en dépose une sur les genoux avant de vous parler. Ou vous, Monsieur, si vous avez peur en avion, est-ce au décollage le meilleur moment pour une discussion? Vous devenez sourd, agressif et si j’insiste, vous disjonctez, et c’est humain. Et si vous alliez consulter? Ce n’est peut-être pas grand-chose ou c’est l’arbre qui cache la forêt. Vérifiez donc si Tarzan n’est pas pendu au lustre de votre salle à manger. Si vous vous aimez, vous trouverez la solution, encore une fois, grâce à un professionnel. Réagissez rapidement, car mieux vaut prévenir que guérir ; et il y a des actes que vous ne pouvez pas oublier, même si vous affirmez avoir pardonné.

Frapper n’est ni aimer, ni communiquer, c’est démontrer que quelque chose est déséquilibré. Ça ne vaut ni le coup, ni les coups. Dans un couple, quand une main se lève, mieux vaut partir avant qu’elle ne redescende et suivre une thérapie. Une chanteuse de l’époque d’Edith Piaf, dont j’ai oublié le nom, clamait dans une chanson: «Y m’fout des coups, mais je l’aime!» La deuxième partie de la phrase aurait dû être: «mais j’y suis attachée».

Les amis qui avaient connu Jim à Paris le trouvaient formidable, malgré son jeune âge, et comprenaient que j’aie pu m’y attacher. Quand il s’est mis à déraper, poussé par ses névroses, plus personne ne le reconnaissait. Effectivement, Trou noir affectif, vous n’êtes plus la même personne parce que soudain gouverné par vos angoisses ; et vous êtes prêt à tout pour survivre, jusqu’à devenir égoïste et sans foi ni loi.

Et quand vous êtes dans cet état, vous mettez tout à votre sauce à tel point que l’autre, devant tant de mauvaise foi, sort de ses gonds. Il adopte alors des comportements que sa bonne éducation lui interdit mais dans le feu de l’action, il n’est plus lui.

Je vais vous en donner un exemple et, de ce qui va suivre, je ne rougis pas espérant que vous en rirez, comme moi maintenant. Au mois d’août, un vendredi soir, alors que Jim occupait encore ma maison (je n’y revenais que le week-end, vivant à Montréal la semaine), je la découvris dans un état lamentable: les ordures débordaient de la poubelle, jusque sur le comptoir, l’évier était rempli de vaisselle sale, la chasse d’eau n’était même pas tirée et, pour couronner le tout, la terrasse était recouverte de crottes puisque ses deux gros chiens y étaient attachés. Je vous laisse imaginer l’odeur en plein été! Il m’avait laissé un message me disant qu’il passerait le week-end ailleurs, m’ordonnant de m’occuper des chiens. Là, deux solutions: ou j’entrais dans une colère noire ou j’éclatais de rire devant l’énormité de la situation. J’ai éclaté de rire: je venais de me rendre compte de la façon dont je le laissais me traiter afin qu’il reconnaisse ma générosité. J’avais passé des heures à essayer de lui faire comprendre le respect et j’en constatais les résultats ; mais là, il avait largement dépassé les bornes.

Ayant travaillé en publicité, je sais qu’une image vaut mille mots. À bout d’arguments, je décidai de me taire et d’agir: je pris donc sa valise, disposai ses affaires dedans, puis je posai celle-ci sur la terrasse et ramassai consciencieusement chaque crotte que je déposai délicatement sur ses vêtements, sous l’œil étonné des deux molosses. Puis, je refermai la valise que je déposai devant la porte, à l’extérieur. Je vous laisse imaginer sa tête lorsqu’il la trouva et l’ouvrit. Il était blême. Je lui demandai: «Que ressens-tu en regardant ta valise?» et sans attendre de réponse (pour une fois, il restait sans voix!), je rajoutai: «Eh bien tu vois, je pense que tu ressens exactement ce que j’ai ressenti en rentrant chez moi, vendredi soir, et ce n’est pas une valise mais une maison entière que j’ai retrouvée dans cet état.» Et je le laissai méditer là-dessus. Il faut dire que j’avais eu l’opportunité de rajouter le son et les odeurs à l’image qui devait valoir mille mots. Œil pour œil, dent pour dent, saletés pour saletés!

Mais ce n’était plus moi. Il m’entraînait sur son terrain glissant où mes réactions défiaient ma bonne éducation.

Comme je vous l’ai dit, il tira sur la corde jusqu’à ce qu’elle casse: il me demanda à deux reprises de laver son linge (si, si!), alors qu’il n’habitait plus chez moi. La première fois, je répondis «pas de problème» et, discrètement, je partis le déverser sur sa voiture ; la deuxième fois, je le déposai, toujours sale, dans sa boîte aux lettres. Ce que le Trou noir affectif retient de la Bible, c’est: «Demandez et vous recevrez.» Il peut essuyer plusieurs refus et demander encore et encore, puisqu’il est programmé. Chaque fois qu’il avait le moindre problème, c’est moi qu’il appelait: quand ses chiens se battaient, quand il se faisait virer par une fille, quand sa voiture était enlevée par la police, quand il était expulsé de son logement, etc. Il me rendait folle, à tel point que je n’osais plus décrocher quand le téléphone sonnait. Même avec l’afficheur, il connaissait la technique pour que l’appareil indique «numéro inconnu». Je pouvais lui raccrocher au nez cinq fois consécutives, soulevant juste le combiné pour le laisser retomber, puis comme je ne décrochais plus, il laissait un message sur le répondeur, long comme le bras, que je détruisais sans l’écouter.

Il me revient en mémoire une histoire qui me fut racontée par une femme adorable et de bonne éducation, qui avait pour patron un Trou noir affectif, dictateur et grossier. Elle ne le quittait pas parce qu’elle élevait seule trois enfants et avait peur de ne pas retrouver d’emploi, étant d’origine étrangère. Le despote exigeait tous les matins son litre de café dans un thermos. Il l’insulta plus que les autres fois et, poussée à bout, elle cracha dans le café qu’il sirota toute la journée. Voilà le style de comportement que vous pousse à adopter un Trou noir affectif, même quand vous êtes très bien élevé. Vous avez une secrétaire et des employés? Et vous avez des doutes, maintenant, sur votre café?

En dehors de vos comportements inadmissibles de Trou noir affectif, vous êtes capable de discours totalement décalés de la réalité. Ou en tout cas, ils appartiennent à votre réalité qui n’est pas celle des autres. Je me souviens de la réflexion du père de ma fille, deux ans après notre divorce, quand il découvrit ma relation avec Jim: «Tu n’auras pas attendu longtemps après le divorce!» me cracha-t-il à la figure. Gonflé, non? Ce à quoi je répondis en riant: «Et toi, tu as attendu longtemps après le mariage? Six mois, si mes souvenirs sont bons!» Il m’avoua qu’il était malheureux d’avoir divorcé, ce à quoi je répondis que j’étais, moi, très heureuse de l’avoir fait. J’étais donc la cause de son malheur: plus confortable d’accuser l’autre que de se remettre en question. Jules ne s’est pas privé non plus de m’accuser de l’avoir obligé à se marier, à acheter une maison, à avoir un enfant et à divorcer. Ce que femme veut, Dieu le veut, c’est bien connu!

Les propos de Jim, après la séparation, m’ont bien fait rire aussi. Petit rappel des faits: je lui avais avancé 20000 $ pour éponger ses dettes en France, j’avais payé les formalités pour l’émigration, son voyage, celui de ses chiens, je l’avais entretenu pendant neuf mois, lui avais donné de l’argent pour sa voiture (qu’il avait écrasée contre un rocher, vous vous souvenez?), il s’était fait voler mon matériel informatique et je venais de lui prêter l’argent pour acheter une seconde voiture, alors qu’il ne m’avait pas remboursé la première. Eh bien voici ce qu’il me dit froidement: «J’ai vécu quatre ans avec toi, ce n’est pas normal que je parte sans rien. Tu me dois quelque chose.» Sans commentaire.

Pourquoi croyez-vous qu’il n’a jamais cherché à me rembourser, alors qu’il a signé une reconnaissance de dette en bonne et due forme? N’importe quelle personne bien éduquée n’aurait eu de cesse que d’avoir remboursé. D’autant que je lui proposais de le faire par petits montants mensuels bien que, de cet argent, j’avais pourtant grand besoin. Sachant qu’il avait un job fixe dans un secteur payant depuis deux ans, donc ce n’est pas par manque de revenus. J’imagine qu’il considère que ça lui est dû, en bon Trou noir affectif qu’il est. Je vous le dis, les Trous noirs affectifs n’en ont jamais assez. Comprenez-vous pourquoi je ne veux plus aucun contact avec lui?

Autre chose: quand il y a une histoire d’argent dans votre couple de Tarzan (c’est souvent le Desperado qui a prêté au Trou noir affectif pour acheter la reconnaissance de ce dernier), ça provoque l’explosion des mines de fond. Vous risquez tous deux de mal le vivre, soit parce que le premier ne peut pas rembourser et l’autre le lui reproche, soit parce qu’il ne veut pas rembourser et l’autre lui en veut. Si vous avez prêté de l’argent à votre Desperado, vous vous en servirez pour l’asservir totalement ; et si c’est lui qui vous en a avancé, vous savez qu’il ne vous quittera pas tant que vous ne l’aurez pas remboursé. Le Desperado qui veut vous quitter y laisse souvent ses deniers! L’argent constitue un lien de plus dans le mécanisme d’attachement névrotique chez les adorateurs de Tarzan.

Voyez-vous, quand vous constatez que vous n’êtes plus sur la même planète que l’autre, mieux vaut rompre tous liens parce qu’un jour vous risquez de lui sauter à la gorge. Vous n’avez plus la même réalité. Jules est persuadé qu’il ne m’a rien fait, que j’ai décidé de divorcer par caprice. Il pensait bien qu’une fois calmée je le reprendrais. Jim, quant à lui, soutenait que c’était normal qu’il ait été moche avec moi parce que – c’est ce que lui avait dit son père – «une rupture ça ne peut pas bien se passer et tous les coups sont permis, surtout les plus moches». Et cette simple phrase cautionnait à ses yeux tout ce qu’il m’avait fait et aurait continué à me faire si je ne l’avais pas arrêté. Avec un névrosé, croyez-moi, une rupture, c’est du sport! Surtout parce que vous l’êtes aussi…

D’ailleurs, d’après vous, que raconte votre ex-Trou noir affectif à ceux ou celles qu’il rencontre, pour les gagner à sa cause? Que vous êtes un monstre, bien sûr! Que vous l’avez fait souffrir et qu’il a besoin d’aide parce que vous l’avez brisé. Jim me dit un jour que sa nouvelle copine voulait me parler: elle jugeait que je le faisais trop souffrir! Je lui conseillai calmement de m’oublier et de ne jamais diffuser mon numéro de téléphone à qui que ce soit, sinon il aurait des ennuis!

Comprenez-vous également pourquoi vous attirez toujours le même type de personne? Pourquoi croyez-vous que Jules et Jim, qui ne se connaissaient pas, étaient identiques dans leurs réactions, jusque dans leurs mots pour excuser leurs actes déplacés? C’est moi qui les ai attirés, parce que la vie vous fait redoubler la classe, voire tripler, voire plus, tant que vous ne comprenez pas la leçon à en tirer. Vous remarquerez que je n’ai pas triplé. N’avez-vous jamais dit ou entendu: «Je tombe toujours sur les mêmes femmes!» ou «Je suis abonnée aux gars jaloux!»? Maintenant, vous savez à quoi c’est lié.

Mais ce qu’il faut en retenir, c’est que vous allez de pire en pire… Plus votre confiance et votre estime diminuent à chaque relation, plus les prédateurs que vous attirez sont féroces. Votre vulnérabilité grandissante vous pousse dans les filets des pires Trous noirs affectifs que vous puissiez rencontrer.

Une personne équilibrée n’a pas besoin d’être aidée ou sauvée, elle a juste besoin d’être heureuse en partageant et en donnant pour recevoir. Si la personne que vous venez de rencontrer accumule les catastrophes, les ruptures, les dettes et les accidents, ce n’est pas par hasard: c’est dû à de mauvaises programmations. Courage… Fuyez! 

 

24.   Enfin débarrassé! Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?

Vous venez de vous débarrasser d’un Trou noir affectif ou d’un Desperado. Deux raisons à votre succès: 1) vous avez fait un «coaching» ou une thérapie et vous avez suffisamment retrouvé votre estime et votre confiance en vous pour vous séparer ; ou 2) l’autre est allé tellement loin que vous ne pouviez faire autrement que le virer, atteignant votre seuil de tolérance. Si vous êtes dans le premier cas, vous êtes sauvé. Sinon, il va falloir réfléchir sérieusement à votre situation, car vous allez retomber sur le même spécimen, mais pire: si celui-ci n’était pas le premier dans son genre, il ne sera pas non plus le dernier!

Les premiers niveaux à vérifier, si je puis dire, sont votre estime et votre confiance en vous. Elles ont probablement été mises à mal pendant votre/vos mésaventure(s), d’autant qu’elles avaient déjà subi des dommages par le passé. Sinon, vous n’en seriez pas là. Donc, prochaines étapes, déterminer si vous êtes un Trou noir affectif ou un Desperado ; vous avez, je pense, suffisamment d’éléments pour savoir dans quelle catégorie vous vous placez. Partant de là, la procédure est la même: retrouver la confiance et l’estime de soi. Je vous donnerai quelques pistes plus tard, cependant le mieux serait de voir un professionnel qui pourra vous aider à estimer les dégâts. Peut-être qu’à la finale il n’y en aura pas tant que ça. Et puis, avec les thérapies brèves comme la PNL, vous n’en prendrez pas pour dix ans. J’ai vu des personnes changer en deux séances alors que le problème existait depuis des dizaines d’années. Et puis, peu importe, vous êtes prêt à changer, oui ou non?

Encore une fois, vous n’êtes pas responsable de vos mauvaises programmations et il est nécessaire de vous pardonner pour ce que vous avez fait ou subi et de pardonner aussi à ceux qui vous ont malmenés, parents comme conjoints.

Si vous n’avez aucune estime pour vous-même et aucune confiance non plus, la vie et les personnes que vous allez croiser vont se charger de vous les faire travailler: vous recevrez des épreuves de plus en plus dures, jusqu’à ce que vous décidiez d’y remédier.

Sur une échelle de 0 à 10, où pensez-vous que je situais mon estime et ma confiance après le divorce? Ma vie d’épouse avait été un fiasco complet (trompée au bout de 6 mois); ma grossesse, saccagée (il avait été épouvantable avec la future maman que j’étais) et ma féminité, broyée (je le dégoûtais parce que je por­tais son enfant). Je n’avais plus aucune estime pour moi: zéro! Avais-je un autre choix à part la dépression ou le crime passionnel? Oui, bien sûr: celui de comprendre que je n’étais pas la seule à avoir de sérieux problèmes. Il fallait sortir Jules de ma vie et le plus vite possible.

Deux ans après le divorce, je n’avais toujours pas eu d’aventure. J’étais complètement bloquée, ma féminité ayant volé en éclats. D’autant que depuis la nuit de noces, je n’avais plus jamais eu aucun contact physique avec Jules. Puis je me suis secouée, bien décidée à récupérer chaque petit bout de cette féminité, dussé-je y passer le restant de mes jours. C’est ainsi qu’à 37 ans je découvris que je plaisais aux garçons entre 20 et 25 ans. C’est dans leurs regards que j’ai récupéré les milliers de petits morceaux éparpillés. Et même s’ils étaient pour la plupart névrosés, je regonflais un peu mon estime et ma confiance. D’autant que je pensais que leur jeune âge me mettait à l’abri de tomber amoureuse ou, devrais-je dire maintenant, de m’attacher. Erreur, car étant devenue Desperado pour être tombée sur un Jules plus Trou noir affectif que moi, le premier grand névrosé que je croisai m’attira. Et comme je pêchais dans un vivier très jeune, les 22 ans tout récents de Jim ne m’arrêtèrent pas!

Cependant, je dois confesser que j’étais retombée dans l’équipe des Trous noirs affectifs, avec tous ces petits jeunes dont je ne faisais qu’une bouchée. C’était compulsif. Jusqu’au jour où je suis tombée sur Jim, plus Trou noir affectif que moi et je repartis pour un tour!

 

25.   Pardonner n’implique pas de garder contact: ce serait de la gourmandise!

Quand vous pardonnez, cela n’implique pas que vous gardiez cette personne dans votre entourage. Il est même recommandé, dans le cas de Tarzans très névrosés, de vous en éloigner définitivement. Souvenez-vous: ex-Trou noir affectif ou ex-Desperado, vous avez changé ; l’autre, pas. Il est temps de vous mettre à l’abri de ses manipulations.

Éliminer Jim de ma vie fut réellement épique car il était coriace et je dus employer les grands moyens afin d’avoir la paix. J’avais pourtant été très claire, à plusieurs reprises, en lui expliquant que je lui avais pardonné mais que je ne voulais plus entendre parler de lui. J’ai d’ailleurs brûlé toutes ses photos pour l’éliminer définitivement de ma vie et de mes albums: inutile de conserver le portrait du tortionnaire, même si c’est moi qui l’avais attiré, d’autant que je me voyais mal expliquer au futur homme de ma vie pourquoi je garde les souvenirs d’un passé de souffrance. Si Jules n’avait pas été le père de ma fille, ses photos seraient également parties en fumée!

Vous me trouvez radicale? Si vous tombiez sur les photos de l’ex de votre nouvelle conquête, qui vous a raconté toutes les horreurs que l’autre lui a fait subir, que penseriez-vous? Pourquoi garder ce genre de souvenirs? Personnellement, je me poserais des questions et lui en poserais aussi, pour comprendre ce qui le pousse à conserver ces tristes témoignages. Attention, il ne s’agit pas de nier le passé, bien au contraire, il s’agit de s’appuyer sur cette expérience pour progresser. Mais de là à garder des traces dans l’album de famille, il ne faut pas exagérer. J’ai d’ailleurs eu besoin de détruire tout ce qui me le rappelait pour l’éliminer de ma vie à tous les niveaux.

En tant que Trou noir affectif, vous êtes capable de garder les photos comme des trophées, quant au Desperado, il se peut qu’il continue à pleurer dessus, longtemps après que vous l’avez quitté.

Et si je n’ai pas connu d’autres hommes après Jim, pendant onze années, ce n’est pas parce que j’étais bloquée, mais bien parce que je n’avais plus besoin de récupérer les morceaux: c’est en moi que je les ai retrouvés et je me suis reconstruite.

Vous vous demandez comment votre ex-Desperado ou ex-Trou noir affectif peut faire pour vivre avec les horreurs qu’il vous a faites. C’est simple, Trou noir affectif, vous évitez d’avoir des moments de lucidité et vous pensez que chacun de vos actes était justifié: il faut bien survivre. Quant à vous, Desperado, vous considérez innocemment que vous ne vouliez que le bien de l’autre, même si vous l’étouffiez. Aucun de vous ne doit se rendre compte de la souffrance qu’il a pu infliger au risque de déclarer une maladie grave ou de tomber en dépression. Je me souviens de l’histoire de ce militaire nazi qui avait ordonné l’exécution de milliers de personnes, dans le camp de concentration qu’il commandait. À cette époque, il trouvait justifié de tuer autant de gens. Après la guerre, quand il eut réalisé ce qu’il avait fait, incapable de vivre avec cette horreur, il tomba raide mort, foudroyé par une crise cardiaque. Il en va de même pour vous, vos parents, vos conjoints, tous ceux qui ont fait terriblement souffrir quelqu’un. Le jour du divorce, j’ai demandé à Jules s’il se rendait compte de ce qu’il m’avait fait subir. Ce à quoi il répondit, avec la plus grande innocence: «Moi? Mais je ne t’ai rien fait!»

Vous êtes ce que je nomme un «handicapé du bonheur», incapable, tel que vous êtes programmé, d’être heureux. Vous n’êtes pas quelqu’un de mauvais, vous avez de belles qualités, mais vos souffrances et vos traumatismes vous ont enfermé dans de mauvaises stratégies de survie. Et quand je dis survie, il s’agit bien pour vous de vie ou de mort car arrêter de donner ou de prendre, pour vous, c’est mourir. Vous ne pouvez pas être fondamentalement méchant, sans raison. Ce sont les souffrances et les peurs qui motivent vos comportements déplacés. D’ailleurs, quand vous réalisez ce que vous avez fait, avec le temps et la maturité, c’est à vous que vous ne réussissez pas à pardonner. Je sais également que vos rêves sont hantés par votre conscience et ce que vous repoussez dans la journée vient souvent vous chercher dans votre lit, la nuit.

Je me suis longtemps vantée d’avoir pardonné à ceux qui m’ont offensée jusqu’au jour où j’ai réalisé que je n’avais rien à leur pardonner: nous étions pris dans le même piège et chacun agissait comme il était programmé. J’ai également compris que, si je pardonne, c’est que je considère avoir eu des bourreaux et si j’ai eu des bourreaux, je suis donc une victime, coincée dans le passé. Or, je ne suis la victime de personne: je suis responsable à 50% de tout ce qui s’est passé. Aujourd’hui, je suis en paix avec tous ces gens et, surtout, avec moi-même. Je comprends que, pour ceux qui réalisent ce qu’ils m’ont fait, ce soit difficile à croire. Comme pour la conjointe de Jules, qui fut sa maîtresse sous mon règne. Elle a eu un enfant avec lui et sa grossesse l’a obligée à comprendre mes souffrances, quand il me trompa pendant ma maternité: elle l’a été dans les mêmes circonstances… Plus elle a compris ce qu’elle m’avait fait vivre, moins elle pouvait imaginer que je sois en paix avec elle. Elle m’a téléphoné un matin, après avoir quitté Jules, et ce fut plutôt étrange de consoler celle qui fut la maîtresse de mon mari et qui me détestait. Je dus lui expliquer de quoi elle souffrait et elle qui pensait que la voir malheureuse serait une douce vengeance pour moi fut surprise de constater que j’avais de la compassion pour elle et la soutenait. Et pour l’anecdote, elle fut la première lectrice en France du «Syndrome de Tarzan» qu’elle commanda au Canada, après notre discussion, alors qu’il venait juste de sortir.

Adieu Tarzan, adieu mon passé. À moi la liberté! 

 

26.   Pousse ta brouette et tais-toi!

Étrangement, c’est la souffrance qui vous pousse à suivre un «coaching» plutôt que le bon sens ; vous attendez de ne plus pouvoir supporter la situation pour réagir. Je le sais parce que c’est ce que j’ai fait. Un jour de février 2002, je me suis retrouvée à genoux au milieu de mon salon, pliée en deux, la poitrine oppressée, respirant avec difficulté. Mon corps me lançait un ultimatum car il ne pouvait plus avancer. Incapable de me relever seule, ni de soulever ma brouette, j’eus recours à une thérapie et je choisis: le Shiatsu. Psychiatres et psychologues ne me tentaient pas, sentant instinctivement que quelque chose d’autre existait. Un ami massothérapeute me parla d’une personne qui pratiquait le et en quatre séances seulement je reprenais le contrôle de ma vie. Cette même personne me parla de PNL. Il était temps pour moi de trouver ma voie.

Pourquoi je vous parle de brouette? C’est ainsi que je vois la vie: depuis la naissance, vous poussez une brouette, vide au départ, dans laquelle vous placez toutes vos expériences, bonnes ou mauvaises. Mais celles qui ne vous appartiennent pas, que les autres vous font joyeusement porter, non seulement plaquent votre brouette au sol mais vous mettent également à genoux. Avez-vous essayé de pousser une brouette lourde dans cette position?

Par exemple, vous prenez la décision de quitter votre conjoint qui vous trompe. Cependant, lui s’oppose au divorce dont il vous fait porter la responsabilité aux yeux des enfants: direct dans votre brouette!

Vos parents n’ont pas divorcé à cause de vous, disent-ils pour vous culpabiliser: direct dans votre brouette! C’est ce que ma mère (l’ex-mère, devrais-je dire!) a essayé de faire: «Si je n’ai pas divorcé de ton père, c’est à cause de toi», me cracha-t-elle. Ce à quoi je répondis: «Tant pis pour toi et je ne le prends pas dans ma brouette!»

Vous avez voulu faire le bonheur d’un névrosé, sans succès. C’est vous qui êtes responsable de tout et non l’autre qui est incapable d’être heureux: direct dans votre brouette!

Une copine vous dit qu’elle a pris dix kilos à cause de vous, parce qu’une personne lui a rapporté que vous avez dit du mal d’elle: encore direct dans votre brouette. dix kilos!

Quoi que fassent les autres, ils le mettent dans votre brouette et vous acceptez de la pousser, vous êtes si serviable et si culpabilisé.

Quand vous décidez de la vider, vous comprenez que vous avez bien fait de divorcer plutôt qu’être malheureux avec un conjoint volage; que si vos parents n’ont pas divorcé, tant pis pour eux; que si vous avez tout fait pour rendre quelqu’un heureux et qu’il est parti, tant pis pour lui aussi ; quant à la copine, elle n’avait qu’à venir vous demander directement ce que vous pensez d’elle au lieu d’écouter les mauvaises langues. Et vous voilà avec une brouette bien plus légère dont vous vous débarrassez, gambadant juste avec vos propres affaires.

Il a fallu que ma brouette soit si chargée que je ne pouvais plus la décoller du sol, à genoux au milieu du salon. Et chaque fois que quelqu’un jetait quelque chose dedans, je me disais: «ça me fait même pas mal!» J’ai longtemps eu la naïveté de croire que comme le temps apaise les souffrances, elles disparaissent. Eh bien non, elles s’accumulent si vous ne les traitez pas au fur et à mesure. Et quand j’ai enfin ouvert les yeux, j’ai découvert qu’il y avait du monde dans ma brouette: Jim assis sur les genoux de Jules et ma mère par-dessus!

Au fait, il n’y a pas que vos conjoints, qui ont parfois des complices que nous nommons «amant» ou «maîtresse», ou vos parents qui chargent la brouette. Vos faux amis, votre famille, votre patron, vos collègues peuvent facilement vous la remplir. Parfois au sens propre, comme au figuré. Pourquoi croyez-vous que vous grossissez? Un bon travail sur vous-même permet de faire le tri et de mettre au point votre propre technique pour dégager ce qui n’a rien à faire dans votre vie.

C’est ce que j’ai fait, rendant à César ce qui était à César ou à quelqu’un d’autre, du moment que ce n’était pas à moi. Il est certain que lorsque vous remettez aux autres, avec plus ou moins de délicatesse, ce qui leur appartient, cela crée un tourbillon qui peut tourner au règlement de comptes. Peu importe, chacun devant porter sa croix et pousser sa propre brouette, Desperado ou Trou noir affectif, occupez-vous de ce qui vous revient uniquement.

 

Retrouvez chaque jour (du lundi au vendredi), pendant la période de confinement, un nouveau chapitre !

Et si vous préférez ne plus attendre pour la suite et désirez posséder votre propre copie du « Syndrome de Tarzan »

CLIQUEZ ICI pour la suite…