ARNAQUE : COMMENT J’AI ÉTÉ PIÉGÉE !

(vol d’identité + détournement de fonds)

  • Message pour les victimes et message pour leur entourage (1a. & 1b.)
  • Description de l’arnaque
  • Procédures à suivre pour réduire les répercussions (nom des organismes à contacter/numéros de téléphone)
  • À savoir concernant les démarches de la police envers un suspect

 

1a.) À l’attention des personnes victimes d’arnaque, fraude ou autres :

Vous vous sentez peut-être abusé, humilié, stupide, vulnérable, vous vous en voulez de vous être laissé berner, vous ne réussissez pas à vous pardonner et vous vous blâmez nuit et jour pour avoir perdu tout cet argent en vous passant les faits en boucle dans votre tête, vous faites de l’anxiété devenant paranoïaque, vous êtes terrifié que le vol d’identité (si c’est votre cas) vous conduise vers des situations d’horreur et vous vous faites des scénarii de films d’épouvante ? C’est la réponse au traumatisme que vous avez vécu à la suite de ce qu’il vous est arrivé et c’est humain. Cependant, je tiens à vous dire que je suis tombée dans le piège des arnaqueurs, moi aussi, le 3 novembre 2025 et que, malgré le fait que je suis loin d’être naïve, ils m’ont bernée, également. Sachez qu’ils sont très forts et leurs arnaques sont bien ficelées, de véritables scénarii dignes de séries télévisées. Quand vous mettez le doigt dans leur engrenage, vous êtes foutu : ils vous tiennent par le déroulement des événements impliquant, dans mon cas, la fausse police de Québec et la fausse GRC (Gendarmerie royale du Canada). Vous obtempérez puisqu’il y a relation d’autorité avec la police que l’on ne veut surtout pas se mettre à dos. Cessez d’avoir honte et de vous taper sur la tête, le montage grâce à l’IA et leurs jeux d’acteurs avec mise en scène sont très bien ficelés. Vous ne pouviez pas leur échapper.

 

1b.) À l’attention des personnes composant l’entourage des victimes

Écoutez et accueillez la victime qui est déjà dévastée par la fraude et la perte financière et la dernière chose à faire est de lui lancer « Moi, je ne me serais pas fait prendre ! » (Vous pourriez être le prochain, c’est de plus en plus sophistiqué !) et lui dire ce qu’elle aurait dû ou pas dû faire. En agissant ainsi, vous l’enfoncez encore plus et c’est comme si vous la traitiez d’imbécile. Aucune leçon à lui donner parce que, sa leçon, elle l’a eue. Et les conseils pertinents dans ce cas de figure lui seront diffusés par le service des fraudes de sa banque qui prendra le temps de lui expliquer comment être prudente à l’avenir. La bonne idée sera plutôt d’écouter attentivement comment l’arnaque s’est déroulée et de profiter de la formation que le service des fraudes aura donnée à la victime pour éviter ces pièges à l’avenir. La personne est en choc post-traumatique, rassurez-la, apportez-lui votre soutien moral, soutenez-la. Il se peut que les arnaqueurs aient détourné tout l’argent qu’elle possédait ou une grosse partie : et si c’était vous, la prochaine victime ?

 

  • Description de l’arnaque

Un appel téléphonique avec une voix automatique qui vous annonce que vos lignes téléphoniques vont être coupées dans les deux heures qui suivent et si vous voulez plus d’informations, appuyez sur le « 9 ».

Vous appuyez sur le « 9 », abasourdi par cette annonce et cherchant à comprendre (ils piègent facilement les personnes qui travaillent chez elles et ont besoin de leurs lignes téléphoniques). Un homme se fait passer pour un employé des télécommunications du Canada et vous annonce que vous avez une vingtaine de plaintes pour messages frauduleux et propos racistes à partir d’un numéro de téléphone finissant par 60.49 (ou autre !). Ils doivent donc couper vos lignes (maison/cell). Vous n’avez bien évidemment aucun numéro correspondant et on vous annonce qu’il y a probablement eu « usurpation d’identité » et que l’abonnement à ce numéro a été fait à votre nom. On vous traite comme un suspect, puis on vous dit que si ce n’est pas vous, il faut porter plainte à la police pour usurpation d’identité et qu’ils peuvent vous mettre en communication de suite avec la police, car il faut une « déclaration de clarification » que seule la police peut émettre afin qu’on ne coupe pas vos lignes.

On vous passe « la police ». La ligne est mauvaise et la « policière » propose de communiquer par WhatsApp. Le logo de la police de Québec s’affiche à côté des échanges. Elle prend votre plainte pour usurpation d’identité, on vous demande si vous voyez qui a pu utiliser vos renseignements, si vous avez jeté des papiers à la poubelle contenant des informations sensibles, etc., puis on vous demande le numéro de votre permis de conduire et on vous dit qu’on va appeler la centrale pour voir si vous avez un dossier criminel. Vous entendez l’appel qu’elle passe et elle parle soi-disant à un autre policier par radio qui dit qu’il va vérifier et rappeler. Il rappelle quelques instants plus tard et vous l’entendez dire qu’il y a un mandat d’arrêt contre vous, prenant effet le jour même à 18h.

Ce mandat d’arrêt a été émis parce qu’ils ont trouvé une carte bancaire à votre nom dans une perquisition au domicile de Dave Turmel (criminel international notoire) qui vient d’être arrêté (ce qui est vrai) et que vous êtes suspecté de faire partie de son réseau de trafic d’humains, de drogue et de blanchiment d’argent, en blanchissant justement les 3 millions de dollars qu’il détenait, avec la carte de banque qu’ils ont trouvée.

Vous passez donc d’une usurpation d’identité avec des plaintes pour messages frauduleux et propos racistes pour un abonnement téléphonique à faisant partie du réseau de Dave Turmel, réseau impliquant des directeurs de banques, des personnes haut placées et des particuliers comme vous. Vous êtes accusé de « toucher » 3 % des 3 millions de dollars comme rémunération du blanchiment de cet argent.

La policière vous propose alors de parler au commissaire qui est responsable de l’enquête auprès duquel vous avez une chance de prouver votre innocence. On vous donne un autre numéro WhatsApp pour joindre le commissaire. Celui-ci vous envoie le lien de la Cour suprême du Canada, vous arrivez sur l’accueil qui vous demande un numéro de dossier (il vous donne le vôtre), puis vous indiquez la province (Québec) et vous avez la mauvaise surprise de voir apparaître un mandat d’arrêt à votre nom, en bonne et due forme (IA) prenant effet à 18h, le jour même.

Il vous propose de monter un dossier pour vous innocenter, fait semblant de parler à plusieurs reprises à la juge qui a « signé » le mandat d’arrêt, défend votre cause, vous demande une photo de votre permis de conduire, des photos de vos comptes en banque, votre passeport. Puis, cerise sur le gâteau, vous dit qu’il va falloir que vous transfériez à la CANAFE qui s’occupe des affaires de blanchiment d’argent au Canada, tout l’argent dont vous disposez afin qu’ils fassent des vérifications. On vous envoie un document officiel vous ordonnant le transfert.

Ça dure toute la journée de 10h00 à 17h : vous commencez avec les deux premiers « acteurs » et vous passez le reste de la journée en contact (parfois audio, parfois textos) avec le « commissaire ». Bien sûr, vous repérez des détails louches et quand vous vous révoltez, posant les bonnes questions, ils sont la bonne réponse. Et s’ils n’ont pas la réponse, ils vous menacent. Ainsi, quand j’ai suggéré que ça ressemblait à une arnaque, le « commissaire » est monté sur ses grands chevaux en rétorquant « vous n’avez pas confiance en la GRC ?! ». « Madame, on peut stopper la procédure et exécuter le mandat d’arrêt. Peut-être qu’une fois au poste, vous n’aurez plus de doute ? ». J’ai exprimé qu’il était absurde qu’ils puissent vérifier s’il s’agissait « d’argent sale » juste avec un virement qui représente des chiffres fictifs. J’ai été menacée à plusieurs reprises de voir deux policiers venir m’arrêter à mon domicile le soir même, m’embarquer au poste à Montréal (j’habite à 1h30 de Montréal) pour me retrouver en garde-à-vue, trouver un avocat et finir en prison pendant 45 jours, le temps de prouver mon innocence.

Le tout avec des bruits de sonneries de téléphone, des soi-disant conversations avec la juge, des bruits identiques à ceux que l’on peut entendre dans les bureaux de la GRC. J’ai demandé à plusieurs reprises qu’il branche sa caméra pour voir qui il était et où il était, mais comme l’enquête était secrète, il ne pouvait pas mettre sa caméra. Quant à la « policière », je lui ai demandé de me donner son numéro de téléphone et de poste pour vérifier qu’elle était bien ce qu’elle disait, mais elle était « en pleine enquête » et me rappellerait plus tard. En fait, ils vous tiennent au bout de la ligne (au sens propre comme au figuré !) jusqu’à ce que le virement soit reçu sur le compte fictif. Ils vous demandent d’appeler votre banque pour augmenter le montant autorisé par virement interac : merci Desjardins d’avoir fixé un montant quotidien ! Je ne pouvais donc pas envoyer tout l’argent qu’ils exigeaient et ils parlaient de faire un second virement le lendemain.

Vous ne savez pas si c’est vrai, bien que les documents officiels vous confortent dans l’idée que c’est possible et que le scénario est très bien ficelé avec des acteurs qui connaissent leur texte, mais beaucoup de détails sont louches. Entre deux communications, je cherchais de infos sur le web pour déterminer si le tout était plausible. Je n’avais jamais entendu parler de Dave Turmel (je n’ai pas la télévision). Cependant, personne n’a envie de se retrouver en garde-à-vous pour ce style d’affaire criminelle et en prison le temps de prouver votre innocence : on vous propose une échappatoire, vous mordez à l’hameçon sous la contrainte.

Alors, le premier qui vient me voir en se vantant qu’il ne se serait pas fait piéger, on lui fait une « caméra cachée » et on voit comment il réagit ! Qu’en pensez-vous, vous qui avez été victime ? N’ayez surtout pas honte, vous ne pouviez pas leur échapper, et parlez-en autour de vous : ça aura au moins cette utilité.

 

  • Procédures à suivre pour réduire/neutraliser les répercussions de la fraude (nom des organismes à contacter/numéros de téléphone)

è Bloquer vos cartes bancaires depuis votre accès internet sur le site de la banque (si cela vous est possible) et appelez votre banque pour expliquer la situation afin qu’ils bloquent vos cartes bancaires et vous en envoient une autre (ou passer à la banque afin qu’ils émettent une nouvelle carte).

è En même temps que les démarches auprès de votre banque, appeler le 911 pour porter plainte et signaler le vol d’identité. La police prendra votre déposition et vous donnera un numéro de plainte et une copie si vous la réclamez. Gardez le tout précieusement, ça va vous servir.

è Si vous avez procédé à un virement depuis votre compte, conserver la preuve du virement avec l’adresse à laquelle le virement a été fait. Effacer le bénéficiaire de votre liste (votre banque a toutes les transactions)

è Contacter rapidement pour bloquer toute demande de crédit à votre nom ou/et celui de votre entreprise :

  • EQUIFAX particuliers : 1 877 323 2598
  • EQUIFAX entreprises (si ce sont les comptes de votre entreprise qui ont été détournés) :                    1 800 567 2370 poste 2
  • TRANSUNION : 1 877 713 3393

ou aller sur leur site pour vous enregistrer en ligne : ocs.transunion.ca

Personnellement, j’ai préféré parler à un agent directement afin d’être certaine que ma demande était bien prise en compte. Armez-vous de patience, par téléphone, car les agents sont débordés.

è Passeport : si vous avez donné une copie de votre passeport, appelez-le service des passeports du Canada et voyez avec eux la marche à suivre (passeport compromis). S’il a été volé, il faudra procéder à une demande de passeport pour obtenir un nouveau passeport (et non un renouvellement).

è Permis de conduire : si vous avez donné une copie de votre permis de conduire, voyez avec la police ce que vous devrez faire.

è Centre anti-fraude du Canada : aller sur leur site afin de déclarer la fraude dont vous avez été victime

 

  • À savoir concernant les démarches de la police envers un suspect

La police et la GRC (Gendarmerie royale du Canada) ne vous contactent pas par téléphone dans le cas d’un mandat d’arrêt, ne vous enverront rien par e-mail, ne vous demanderont pas de garder l’enquête confidentielle, ne vous demanderont JAMAIS de transférer de l’argent, pas même si on vous fait croire que vous « trempez » dans une affaire de blanchiment d’argent. Si la police vous appelle, demandez le nom de la personne, de quel poste de police est vous appelle et son numéro de téléphone au poste et rappelez pour vous assurer qu’il s’agit bien d’un agent de police. La police ne communique JAMAIS par WhatsApp avec le public.

La police (la vraie !) m’a confirmé que les personnes qui sont piégées sont souvent des professionnels ayant la tête sur les épaules, travaillant depuis leur domicile ou dans leur entreprise et n’ayant aucune connaissance des procédures qu’emploie la police.

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